«Kulunisme» : Masina opte pour la justice populaire

Vendredi 25 mars 2016 - 11:03
Le regain de banditisme que l’on redoutait tant dans la ville de Kinshasa, a atteint par ces temps de forte canicule, un niveau insoupçonné. Dans chaque commune, les termitières des «Kuluna» qui ont rouvert leurs portes aux nouveaux adhérents, généralement des délinquants de la pire espèce, s’affichent publiquement, déclinant leur dangerosité, sans crainte de faire l’objet de traque de la police ou des poursuites judiciaires pour leurs attaques antérieures. Ces marginaux, de petits souverains dans leurs fiefs, baignent dans une sorte d’impunité, déplore un habitant qui ne se rappelle pas d’une opération de ratissage de la police, après 2014. C’est peut-être le fait de laisser cette insécurité en «  jachère » qui accroit chaque jour, le sentiment d’insécurité au sein d’une population traumatisée et désemparée. A Tshangu, si certains habitants n’expriment plus que leur désarroi, les autres ne cessent de fulminer leur furie face à ce regain de banditisme. Le seul message de colère lancé à cette occasion, est qu’aussi longtemps que la police croisera les bras devant certaines attaques et certains malfaiteurs, la justice populaire sera au rendez-vous. A Masina, le ton a été donné, il y a deux semaines. Le Kuluna «Nzoï», dont le sort était réglé par la rue, ne reviendra plus à la vie pour récidiver. On croyait qu’avec les images atroces de son immolation, le calme allait revenir. On s’est trompé. Car, chaque fois qu’un délinquant à la machette est attrapé, le premier réflexe de cette population excédée par des agressions de Kuluna, est le recours à la méthode forte. Certains observateurs pensent qu’à l’allure où vont les choses, le pire est à redouter dans cette partie de la capitale. Deux «Kuluna» appréhendés et exécutés dans la rue Malgré les expressions de colère réitérées maintes fois à Masina, les nuits de cette commune et de ses environs ne sont pas toujours sûres. Le fléau du banditisme s’étant profondément enraciné, les semaines qui ont suivi, ont dévoilé la dangerosité des bandes de malfaiteurs aux machettes. Première quinzaine de mars, une dame est agressée par des marginaux, alors qu’elle revenait d’un deuil vers 2 H 30’, en route pour sa maison. Les bandits l’ont happée dans un coin sombre, alors qu’elle appelait au secours. Mme Mafuta n’avait rien sur elle. D’où elle n’a pas offert un quelconque butin à ses agresseurs. Pendant ces moments de traumatisme pour la victime, par petits groupes, les habitants sortaient de leurs maisons, armés de bâtons, de pierres et de tessons de bouteilles, prêts à affronter les intrus. De cette bande de sept «Kuluna», cinq sont parvenus à s’évanouir dans la nature. Deux restés d’entre eux s’étaient cachés derrière le mur de clôture d’une parcelle. Des bataillons de bénévoles se sont déployés dans tout le périmètre,  traquant chaque mètre carré, à la recherche de deux marginaux. Soudain, un sportif les a surpris recroquevillés dans leur cachette précaire où ils seront délogés. Transformés en punching-ball, les deux «Kuluna» ont reçu en même temps une cascade de bâtons et un déluge infernal de projectiles. Défigurés, ensanglantés, tout le corps contusionné, ils seront soumis peu après au supplice du collier, devant des témoins jurant d’éradiquer par la même méthode, ceux de malfaiteurs qui tenteront de rééditer ce sinistre exploit. Pour des analystes, la police devrait prendre conscience de la montée de la colère de la population qui se croit abandonnée. Bien qu’ayant dénoncé certains malfaiteurs, elle a fini par réaliser que ces derniers jouissaient d’une impunité qui requérait la méthode forte. Les corps de ces deux bandits ont été abandonnés sur le lieu du supplice. L’on croit savoir qu’ils n’ont pas pu être identifiés par les policiers et le lendemain à l’aube, un magistrat du Parquet de grande instance de Ndjili descendu sur le lieu, a ordonné la levée des deux cadavres. Ce travail a été réalisé par des éléments de la Croix-Rouge qui se sont chargés d’acheminer les deux dépouilles mortelles  à la morgue de l’Hôpital général de référence de Kinshasa. Depuis l’ouverture des enquêtes  sur cette affaire, les limiers de la police sont sur le terrain pour tenter d’identifier et de localiser le repaire des cinq délinquants actuellement en cavale. Masina serait sous haute surveillance et tous ses coins et recoins feraient l’objet de fouilles. Aujourd’hui, les risques de la contagion d’autres communes de Kinshasa, sont réels. Et pour des observateurs, la police devrait relancer ses patrouilles et renforcer ses missions. Ce n’est que par une reprise de la situation en mains, la traque des bandits et leur mise hors d’état de nuire qu’on évitera ces scènes horribles d’une certaine époque. J.R.T.