Kinshasa – Communauté internationale : le bras de fer

Lundi 9 juin 2014 - 08:35

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C’est le bras de fer entre Kinshasa et la Communauté internationale. Il y a eu, au départ, le round des consultations amorcé par Martin Köbler, le patron de la Monusco, en direction de a Ceni, de la classe politique et de la société

civile, autour du processus électoral, dans l’optique de résoudre les divergences d’approche entre partenaires politiques et sociaux. L’initiative a été très critiquée par le Chef de l’Etat, qui a déploré l’ingérence étrangère dans les affaires internes du pays. Comme réponse du berger à la bergère, le panel d’Envoyés spéciaux des Nations Unies, de l’Union Européenne, de l’Union Africaine, des USA et de la Grande-Bretagne, s’est déployé pendant une semaine à Kinshasa, pour faire des observations au Gouvernement, à la Ceni, à la Majorité présidentielle, à l’Opposition et à la Société civile, au sujet du respect de l’échéance de 2016 pour l’ensemble du nouveau cycle électoral, de la non prolongation du mandat du président de la République, de la transparence de prochains scrutins, etc.

Mary Robinson, Martin Köbler, Boubacar Diarra, Koen Vervaeke, Russ Feingold ont soutenu ne s’être pas mêlés des affaires internes congolais mais plutôt d’avoir offert leurs bons offices à un Etat en butte à un processus électoral de tous les dangers, dans le cadre de la. Résolution 2098 du Conseil de Sécurité de l’Onu et des recommandations de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba. Ainsi, une démarche qui paraissait normale à Washington, Paris, Bruxelles et Londres ne l’était pas du tout à Kinshasa.

C’est dans ce climat de tension continue que l’on a enregistré, le dernier week-end, une énième sortie médiatique de Lambert Mende, porte-parole du Gouvernement et ministre chargé des Médias, des Relations avec le Parlement et de l’initiation à la Nouvelle Citoyenneté. Comme on s’y attendait, il est revenu à la charge pour réaffirmer l’indépendance de la RDC dans la gestion des questions strictement internes, tel le processus électoral de 2014 à 2016. Il convient de noter que dans leur majorité, nos compatriotes ont pris acte du discours de fermeté développé par cette autorité congolaise.

Dans le contexte actuel où les Congolais sont chassés de partout et traités comme des apatrides, où la dignité nationale est mise à rude à épreuve et où la souveraineté nationale est contestée à travers des propos et actes de certaines personnalités étrangères qui donnent l’impression de gérer un « protectorat », l’on se demande si le pays a les moyens de soutenir un bras de fer avec des adversaires visiblement en position de force.

Dans un Etat où la souveraineté est souvent sujette à caution, en raison de la mainmise du monde extérieur sur ses leviers politiques, diplomatiques, sécuritaires, économiques, financiers, sociaux et culturels, les citoyens ont appris à se résigner devant les « dictées » en provenance des capitales occidentales. Tout en saluant le langage de fermeté tenu par Lambert Mende à l’égard des maîtres de notre planète, nos compatriotes voudraient voir le gouvernement donner un contenu consistant à la souveraineté nationale. D’aucuns pensent que l’un des moyens de nous affirmer comme peuple souverain et indépendant devrait consister à nous assumer, sans assistance extérieure, pour la défense de notre intégrité territoriale, face aux forces négatives internes et externes qui ont pris en otage, depuis deux décennies, certaines contrées du territoire national. Il est paradoxal de clamer notre indépendance et de nous appuyer encore, pour une durée indéterminée, sur les casques bleus de la Monusco et les éléments de la Brigade International pour assurer la sécurité des personnes et des biens au Nord-Kivu.

C’est difficile pour nous de « vivre » réellement indépendants si en plus de nos faiblesses militaires, nous devons attendre de l’extérieur les solutions à nos déficits financiers et économiques, en infrastructures de base, en produits alimentaires, en structures scolaires et sanitaires, en équipements et intrants agricoles, en télécommunications, en transports, en eau potable et électricité, en emplois, en investissements divers, etc.

Il nous faut en fait reconstruire réellement le Congo, de manière à en faire un pole de développement en Afrique et un partenaire digne d’être respecté de l’autre côté de la. Méditerranée et de l’Océan Atlantique. La RDCongo devrait effectivement s’engager dans la voie de la stabilité politique, économique, financière et sociale pour espérer attendre de l’extérieur le respect de son peuple, de ses institutions et de ses animateurs. C’est le lieu de tirer les leçons de ce qui arrive, afin qu’à l’avenir, l’on réunisse les conditions minimales de l’affirmation de notre auto-détermination, afin d’empêcher les autres de « s’inviter » dans nos problèmes internes.
S’agissant du bras de fer actuel avec la communauté internationale, on se demande jusqu’où va-t-il être poussé, Sans craindre le retour de la manivelle.
Kimp
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