JP Bemba : espoir de libération 8 ans après la guerre de Kinshasa

Jeudi 17 mars 2016 - 09:49
Image

Les 20, 21 et 22 mars 2007, les militaires proches de l’ancien vice-président aujourd’hui en détention à la CPI s’étaient affrontés avec la garde républicaine en pleine capitale.

 

C’est ce lundi 21 mars 2016 que la Cour pénale internationale (CPI) statuera définitivement sur le sort du sénateur Jean- Pierre Bemba qui en est à sa 8ème année de détention à la Haye, poursuivi par la justice internationale pour plusieurs griefs commis par ses militaires en Centrafrique.

 

Des indiscrétions renseignent que le leader du Mouvement de Libération du Congo (MLC) a de fortes chances d’être relaxé, son dossier étant vide.

 

C’est aussi le souhait de nombreux cadres et militants de son parti qui veulent voir le chairman reprendre ses activités politiques en cette période de grands enjeux politiques en République démocratique du Congo, et batailler aux côtés de toutes les autres forces de l’Opposition pour la conquête du pouvoir par la voie des urnes alors que le second et dernier mandat de Joseph Kabila expire en décembre prochain.

 

Au cas contraire, c’est la « liberté provisoire » qui pourrait lui être accordée, ce qui le priverait de la plénitude de ses mouvements.

 

Si la CPI libère Jean- Pierre Bemba ce 21 mars, cette date restera inoubliable pour plusieurs Congolais qui suivent de près cette affaire.

 

Pour rappel, après l’élection présidentielle de novembre 2006 ayant opposé le président Joseph Kabila et le leader du MLC alors vice-président en charge de l’Economie au sein du Gouvernement de transition, scrutin qui s’était soldé par la victoire du Raïs, il y a eu de violents affrontements, les 20, 21 et 22 mars 2007, à Kinshasa, entre la garde de Jean- Pierre Bemba et celle du chef de l’Etat. Le centre- ville de Kinshasa était à feu et à sang.

 

Les Kinois se rappellent encore que c’est au cours de ces évènements malheureux que l’homme d’affaires Hugo Tanzambi dit “ Kwelekwele “, a été mortellement fauché par l’éclat d’un obus alors qu’il était cloitré dans une banque de la place.

 

Plusieurs hommes en uniforme, dans un camp comme dans l’autre, avaient également péri durant ces affrontements, en plus des dégâts matériels importants. Immeubles endommagés, vitres cassées, véhicules brûlés... tel a été le bilan macabre de ce triste évènement survenu après des élections très mal organisées par la CEI de l’abbé Malumalu. Cela bila aurait pu être plus lourd n’eût-été l’intervention de l’Eufor, la force européenne dirigée de mains de maître par des éléments allemands.

 

Les combats s’étaient soldés par la reddition de quelques éléments du Chairman, la déroute d’autres et le refuge de leur leader à l’ambassade d’Afrique du Sud, avant de s’envoler pour le Portugal.

Si celui que les Kinois appelaient affectueusement « Bayimoto » est libéré ce 21 mars 2016, cette libération coïncidera alors avec le 9ème anniversaire de affrontements ayant eu lieu en plein centre-ville de Kinshasa entre ce dernier et l’actuel chef de l’Etat.

Une telle libération serait un signal politique fort pour la République démocratique du Congo appelée à vivre, bientôt, l’alternance au sommet de l’Etat avec la passation voulue pacifique et démocratique du pouvoir entre le président sortant et son successeur.

 

Une fois libre, Jean-Pierre Bemba n’aura qu’à retourner à Kinshasa pour bousculer l’environnement politique dominé par l’approche de la fin du second et dernier mandat de Joseph Kabila à la tête du pays.

 

Face à cette échéance, des voix s’élèvent déjà les unes pour appeler à la tenue d’un dialogue national inclusif, et d’autres à l’organisation des élections dans le respect des délais prescrits par la Constitution.

 

L’occasion lui sera également donnée de redynamiser son parti, le Mouvement de Libération du Congo (MLC) qui a, entre vents et marrées, résisté à plusieurs tempêtes qui l’ont sérieusement secoué durant les huit ans d’absence du chef de file.

 

En effet, après l’arrestation de Bemba, beaucoup de cadres et de gros calibres de cette formation politique ont quitté la barque. Les uns ont même créé leurs propres partis tout en restant dans l’Opposition, d’autres ont été débauchés par la Majorité “ kabiliste ».

 

En cas de liberté accordée au chairman, la question de la candidature commune de l’Opposition deviendrait encore plus compliquée. Car, outre Etienne Tshisekedi, Vital Kamerhe et Moïse Katumbi, il faudra alors ajouter Jean-Pierre Bemba sur la liste des présidentiables. Surtout que ce dernier était le principal adversaire de Joseph Kabila lors de l’élection présidentielle de 2006.

 

Par LEFILS MATADY

Étiquettes