Jacques Mbadu est de retour. Il n’a pas été vu en public depuis deux mois. Dans ce Congo démocratique où la santé des gouvernants relève du "secret d’Etat", la très puissante radiotrottoir a comblé le vide laissé par les sources officielles en distillant la rumeur selon laquelle le gouverneur du Bas-Congo aurait été victime d’un "empoisonnement". Une chose est désormais sûre : Mbadu a regagné Matadi, via Kinshasa, mercredi 5 novembre "au terme d’un congé de reconstitution d’environ deux mois en Europe", indique une dépêche de l’ACP.
Les membres du bureau de l’Assemblée provinciale, du gouvernement provincial et du conseil provincial de sécurité au grand complet, étaient là pour accueillir le gouverneur Jacques Mbadu. Après un bain de foule à la place Coca-Cola, le premier magistrat provincial a rejoint sa résidence officielle sous les acclamations de la population.
A en croire le vice-gouverneur Atou Matubuana Nkuluki, "après une année et demie de travail, il était normal" que le gouverneur "bénéficie d’une période de repos". Porte-parole du gouverneur, Chantal Malamba n’a pas hésité à monter les "enchères" en donnant une version plutôt pittoresque. Selon elle, son patron "a mis à profit son séjour européen pour un check-up". Sans oublier de "consolider sa foi chrétienne en allant prier à Lourdes pour la paix en RDC et au Bas-Congo, et pour que Dieu accompagne le président Joseph Kabila Kabange dans sa lourde mission pour un Congo prospère". Notons que tout en appartenant à la "Majorité présidentielle", Mbadu a été élu sous l’étiquette "indépendant".
Les absences prolongées des plus hautes autorités provinciales commencent à se multiplier au Congo démocratique. Là où le bat blesse c’est le mutisme des officiels. Et pourtant, le "peuple souverain" a le droit de savoir.
Le cas le plus scandaleux est celui du gouverneur de la Province de l’Equateur, le PPRD Louis-Alphonse Koyagialo Ngbase te Gerengbo. Elu gouverneur en juin 2013, Koyagialo a été victime d’une attaque cérébrale sévère moins de trois mois après son entrée en fonction. Evacué au pays de Mandela après avoir été "examiné" successivement à Ngaliema Center et au Centre Médical de Kinshasa, l’illustre patient a regagné le pays au bout de six mois d’absence soit le 15 mars de l’année en cours.
Au mois d’avril, le gouverneur fait une rechute: nouvelle évacuation en Afrique du Sud. Le ministre de l’Intérieur à Kinshasa, lui, continue à observer un black out total sur l’état de santé de ce "grand commis de l’Etat".
Au Katanga, le gouverneur Moïse Katumbi Chapwe n’a pas été vu en public depuis un mois au moins. "Il est à l’étranger pour un contrôle médical", dit-on.
Il est temps que les dirigeants congolais s’imprègnent d’une des règles essentielles en communication : "Dire la vérité, toute la vérité". Et ce, au nom du grand public à connaître...la vérité.
Issa Djema (avec ACP)