Le visa tombe

Mercredi 1 octobre 2014 - 10:02

Le visa est supprimé pour les habitants de Kinshasa et de Brazzaville qui désirent traverser le fleuve Congo pour se rendre d’un côté comme de l’autre de deux capitales les plus rapprochées du monde. Le laissez-passer va être réinstauré, selon une information parue dans le quotidien kinois, Forum des As.

Mais attention ! Il y a une précision de taille : avec le laissez-passer, on ne pourra plus aller au-delà des deux capitales. Donc pour aller à Pointe-Noire, par exemple, il faut solliciter un visa. Que ceci soit clair.

Pour ceux qui ont la mémoire courte, le laissez-passer entre Kinshasa et Brazzaville avait a été remplacé par un visa après l’expulsion de plus de 130 000 « Zaïrois » (Congolais de Kinshasa) du Congo-Brazzaville en avril 2014. Ils étaient devenus indésirables de l’autre côté du fleuve Congo, pour « séjour irrégulier », selon la police brazzavilloise. Depuis, les rapports se sont détériorés entre les deux capitales.

C’est vrai, la mesure de réinstauration du laissez-passer entre Kinshasa et Brazzaville est à saluer. C’est vrai qu’il (re)facilitera le déplacement et les échanges commerciaux entre les deux capitales. Mais on ne devra pas vite oublier les causes. Une levée de visa, sans vrai discernement, risque de faciliter à nouveau le « séjour irrégulier » des ressortissants des deux capitales. Et là, on n’aura rien fait dans le sens de la cohabitation pacifique recherchée entre les deux peuples.

    Mais, il y a plus que la simple question de la levée de visa. Quelque avantageuse soit-elle, la réinstauration du laissez-passer ne devrait pas éclipser la nécessité d’enquêter sur les allégations de violation des droits de l’homme lors des expulsions des Congolais de la RDC. Les plaies sont encore béantes et saignantes. Les traces de larmes sont encore visibles aux joues des expulsés qui ont « tout » perdu. Et de leurs biens, et de leur humanité, et de la vie tout court.

Il faut les voir pour y croire. Certains souffrent encore des dépressions et autres traumatismes dus au choc causé par ces expulsions massives accompagnées d’une rare violence. Ils ne demandent peut-être pas trop qu’un simple « pardon » des autorités brazzavilloises.

« Qu’avions-nous fait à nos frères et sœurs de Brazza ? », s’interrogeait une adolescente rencontrée à côté du mur du stade Cardinal Malula, en face de la maison communale de Kinshasa. Cette question cesse d’être personnelle pour devenir collective. Et, elle attend une réponse de ceux qui ont une portion de responsabilité dans la gestion de ce dossier sensible de vie et de survie.

 

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