Dans les provinces du Nord-Kivu et du Maniema de la République démocratique du Congo (RDC), l’hôpital Heal Africa installé à Goma a enregistré « près de 3 000 cas de violences sexuelles ont été enregistrés ».
Les violences faites à la femme étant innombrables dans l'Est de la RDC, le gouvernement a créé une police de protection de la femme et de l'enfant afin de lutter contre ces violences.
Le major Bodeli Dombi, qui s'occupe de la protection de la femme depuis 8 ans au Sud-Kivu, a dévoilé à la presse qu’il peut « arrêter jusque 600 hommes accusés de violences contre la femme ».
Au Nord-Kivu, c’est une femme policière qui s’occupe de la protection des autres femmes, le colonel Marie Bagale (photo), qui a dit à Radio Kivu:« Frapper une femme est une infraction grave qui, heureusement, est en baisse dans notre province. Plus de 20 personnes viennent se plaindre pour différentes raisons et recevoir des conseils sur la question des violences contre la femme ».
Environ 3 000 personnes victimes de violences sexuelles en 6 mois
« Entre janvier et juin 2014, près de 3 000 cas de violences sexuelles ont été enregistrés dans les provinces du Nord-Kivu et du Maniema. Ces personnes ont été violées avant 2014 », a annoncé le 18 août 2014 l’hôpital Heal Africa, dans un communiqué de presse.
Cet établissement hospitalier spécialisé à aider les femmes victimes des viols, a signalé avoir « recensé, au cours de la même période, 2 829 survivants de violences sexuelles dans ces deux provinces ».
« Certaines victimes, en grande majorité des femmes, n’ont pas été soignées par cet hôpital qui est situé trop loin de chez elles, mais se sont rapprochées de centres plus proches. D’autres encore ont renoncé à venir car leur famille ne les encourage pas à venir si les blessures ne sont pas très graves », a précisé à Radio Okapile docteur Jonathan Kasereka, responsable de l’hôpital Heal Africa.
« Sur 440 dossiers suivis par les cliniques juridiques de l’hôpital, seulement près d’une centaine de jugements ont été rendus au Nord-Kivu et au Maniema », a-t-il déploré.
A cette occasion, il a invité les partenaires de l’hôpital à « multiplier les efforts dans la lutte contre les violences sexuelles » dans l’Est de la RDC où la violence sexuelle, qui constitue un crime de guerre et un crime contre l’humanité, compromet la paix et la sécurité.
En cette Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes célébrée le 25 novembre de chaque année, l’ONU rappelle que « les violences sexuelles faites à la femme comportent d’énormes coûts sociaux et économiques ; elles affaiblissent la contribution des femmes et des filles au développement, à la paix et à la sécurité ».
Elles présentent aussi « une sérieuse menace à la réalisation des objectifs de développement internationalement convenus, notamment les Objectifs du Millénaire pour le développement ».
Au moins 40 cas de violences sexuelles enregistrés chaque jour en RDC
En octobre 2013, la ministre du Genre, de la Famille et de l’Enfant, Geneviève Inagosi, avait révélé dans un rapport qu’« au moins 40 femmes sont violées chaque jour en RDC, soit plus d’une femme toutes les heures ».
Le document, élaboré avec l’appui du Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap), avait rapporté plus de 29 000 cas de violences sexuelles enregistrés de 2011 au 1er semestre 2013.
« Une bonne sensibilisation à travers les médias peut aider à prévenir ces violences sexuelles. Ces violences sont commises notamment par des groupes armés, des milices et des civils. 59 % de cas restent inconnus et la majorité des victimes ont moins de 18 ans », avait indiqué la ministre Inagosi.
Les informations contenues dans ce rapport concernaient 7 provinces : Bandundu, Bas-Congo, Katanga, Province-Orientale, Kinshasa, Nord-Kivu et Sud-Kivu.
« La province la plus touchée reste celle du Nord-Kivu, avec 4 689 cas de violences sexuelles en 2011, plus de 7 075 en 2012 et 3 172 au premier semestre 2013. L’accroissement des cas est lié à la situation de conflit dans laquelle se trouve cette province. Elle est suivie par le Sud-Kivu et la province Orientale, deux régions où sévissent de multiples groupes armés accusés de plusieurs crimes, dont des violences sexuelles », précisait le rapport.
Au cours de la présentation de ce rapport, la ministre Inagosi avait déploré que des cas de violences soient rapportés même dans les zones épargnées par les conflits armés.
«C’est pour vous dire qu’il y a certaines pratiques qui expliquent cela. Nous devons travailler en synergie. Avec une bonne sensibilisation à travers les médias, je pense que nous pouvons prévenir les violences sexuelles», avait-elle estimé.
A son tour, le Secrétaire générale adjointe de l’Onu chargée de la question des violences sexuelles en zones de conflits, Zainab Hawa Bangura, avait a mis en garde tous les auteurs des violences faites à la femme en RDC.
«Les Nations Unies sont prêtes à déployer toute leur puissance pour traquer tous les violeurs qui qu’ils soient et où qu’ils se cachent», avait-elle affirmé.