Clément Kanku et Jean-Claude Vuemba remuent ciel et terre pour pousser la chambre à sanctionner le VPM en charge du Budget et le ministre délégué aux Finances. Casus belli : l’imputation d’une partie des fonds destinés au bureau du porte-parole de l’Opposition du reste jamais installé. Les argentiers s’en défendent, affirmant, pièces y relatives faisant foi, que ces sommes ont été affectées en procédure d’urgence au fonctionnement du Mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, créé en plein exercice budgétaire.
Des motions de défiance sont en gestation dans les milieux de l’Opposition contre le Vice-premier ministre en charge du Budget Daniel Mukoko et le ministre délégué aux Finances Patrice Kitebi, a-t-on appris le week-end de source interne à l’Opposition. La première, initiée par le député MR/Opposition Clément Kanku, vise le VPM charge du Budget, et la deuxième, concoctée par son collège MPCR Vuemba, a pour cible le ministre délégué aux Finances. Mais les griefs à l’encontre des argentiers du gouvernement Matata portent principalement sur la mauvaise imputation d’USD 207 millions destinés au fonctionnement du bureau du porte-parole de l’Opposition.
Kanku reproche d’abord à Mukoko la négligence sinon la complicité dans ce dossier, estimant qu’on ne peut pas actionner le budget alloué à un poste qui n’existe pas en pratique.
Il lui reproche aussi le non respect des recommandations de l’Assemblée nationale relative aux mesures d’encadrement de la bancarisation des salaires des fonctionnaires et agents de l’Etat. « Contre l’avis de l’Assemblée nationale, le ministre du Budget a encore préféré les banques commerciales à Caritas et à la CADECO, de loin mieux implantées à travers la République que les banques désignées. Les mêmes difficultés déplorées par les fonctionnaires ont ressurgi, au grand dam des principaux bénéficiaires », argue-t-il. Circonstance aggravante, selon lui, ces banques chouchoutées n’ont pas ouvert les guichets mobiles préconisés par les élus du peuple et affirment être dépassées par cette opération complexe.
Vuemba, lui, ne pardonne pas à Kitebi le fait d’avoir manqué d’explication sur la mauvaise imputation des fonds alloués au porte-parole de l’Opposition pendant la plénière consacrée à la reddition des comptes de la loi de finances 2013.
Motions vouées à l’échec !
Les chances d’aboutissement de ces motions sont minimes, analyse-t-on. Pour plusieurs raisons évidentes.
La principale : la ligne de défense des argentiers du gouvernement qui se défendent d’avoir utilisé ces millions à des fins personnelles ou cachées comme certains l’insinuent dans les milieux de l’Opposition. Devant la Commission ECOFIN de l’Assemblée nationale, où le dossier est désormais traité, ils ont expliqué, pièces à conviction à l’appui, que ces fonds ont été décaissés en procédure d’urgence pour le fonctionnement du Mécanisme nationale de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, une structure créée en plein exercice budgétaire et dont l’importante mission nécessitait une attention particulière. S’agissant des accusations sur la bancarisation, la riposte est : « Beaucoup de choses s’améliorent depuis six mois. Les recommandations de l’Assemblée nationale sont en train de s’appliquer progressivement parce qu’elle obéit aux critères de toute réforme. Si la bancarisation n’était pas mise en œuvre, personne n’aurait su ce qu’endure le fonctionnaire de Malembankulu pour toucher l’intégralité de son salaire. Ça c’est du passé. La réforme s’améliore dans la durée avec les reproches des députés et les constats sur terrains ». Pis : « Désormais, les prestataires, les banques doivent remplir certaines conditions objectives pour aller payer dans telle ou telle autre partie du pays. Si le rendement n’est pas satisfaisant, le gouvernement a la latitude de leur ravir les effectifs mis à leur charges ».
Six mois seulement après avoir adressé à Mukoko une question orale sur la bancarisation, Kanku revient à la charge, réclamant, cette fois-ci, l’autodafé contre le VPM. Certains observateurs déplorent les gesticulations de l’Opposition, subitement montée au créneau parce qu’il s’agit de l’argent destiné au fonctionnement de ses structures, affirmant qu’elle n’aurait pas affiche pareil zèle si les fonds convoités étaient défiés aux fonctionnaires de l’Etat, par exemple. Ils se demandent pourquoi les Concertations nationales convoquées en 2013 et organisées avec des fonds tirés sur d’autres postes n’ont pas scandalisées l’Opposition. D’autres, plus virulents, évoquent les échecs des précédentes motions concoctées par l’Opposition, assimilant la démarche en cours de Kanku et Vuemba à une action visant à saboter les efforts fournis par le gouvernement qui a rendu compte, pour la première fois, de l’utilisation des fonds de l’Etat devant la Représentation nationale.
De l’utilisation des fonds de l’Etat, la Cour des comptes, a déclaré, et avec raison, que beaucoup reste encore à faire pour que les rapports sur la reddition des comptes soient déclarés conformés, reprochant au gouvernement le non respect de la chaine de la dépense à cause de la procédure d’urgence.
KISUNGU KAS