Dans une résolution diffusée à Kinshasa le dimanche 1er mai 2016, journée de la fête du Travail, sur les cinq cents partis politiques congolais, une dizaine de petits partis politiques ont déclaré ce qui suit :
« Nous, Présidents des Partis Politiques et des Organisations de la Société Civile ainsi que Personnalités Politiques reconnus au sein de l’Alternance pour la République avons décidé et désigné Monsieur Moïse Katumbi Chapwe comme notre candidat commun pour l’alternance démocratique à l’élection présidentielle du 19 Septembre 2016 afin de porter notre programme commun de synthèse. »
il s'agit des partis suivants :
MPCR
ATD
ENVOL
MLP
RCD KML
SCODE
CONAKAT
CONADE
PND
CNRP
CCCA
DCCN
ECCO
CONCERTATIONS POUR LA BONNE GOUVERNANCE
DYFAC
SOLIDARITE KATANGAISE
Ces partis viennent rejoindre le groupe de G7, partis politiques qui ont quitté le clan Kabila il y a près d'un semestre.
Le communiqué a été signé par le Vice-Président de la plate-forme, le Président National du MPCR, monsieur Jean Claude Vuemba Luzamba.
À huit mois de la fin du deuxième et dernier mandat de Joseph Kabila, les politiciens congolais se positionnent progressivement pour être au pouvoir dans la prochaine législature.
Les observateurs avisés ne peuvent s'empêcher de se poser un certain nombre de questions :
Ce positionnement est-il idéologique ou est-il guidé par d'autres calculs, financiers par exemple ?
Quand on cherche à accéder au pouvoir, c'est pour appliquer un programme d'action qui répond à une idéologie. Qu'est-ce qui lie idéologiquement ces partis politiques et leur nouveau mentor?
En 2011, alors que l'ancien gouverneur du Katanga soutenait Kabila, dans quel camp se trouvait chacun de ces partis?
En 2011, le principal front d'opposition était mené par Étienne Tshisekedi. Certaines têtes d'affiche de cette nouvelle plate-forme avaient soutenu Étienne Tshisekedi en arborant fièrement le fameux « munyere » du leader Maximo. Ont-ils été déçus politiquement pour qu'ils se décoiffent ainsi ? À quel niveau s'est trouvée la fracture politique et idéologique ?
Sont-ils conscients qu'ils pilotent un nouveau front dans l'opposition contre Kabila, ou pensent-ils que le front Tshisekedi doit aussi faire allégeance à Katumbi, comme eux ?
Si la rupture n'est pas idéologique, y aurait-il ou non des raisons pécuniaires derrière cette manœuvre ?
Qu'est-ce qui a changé idéologiquement pour que les anti-kabilistes et les kabilistes d'il y a quelques mois fassent jonction ?
La campagne électorale sous-entend de grandes dépenses : t-shirts, affiches, banderoles, communication, les incontournables casiers de bière pour la population… Pour leur élection, les nouveaux adeptes de Katumbi ont-ils eux-mêmes ces moyens, ou comptent-ils sur le portefeuille garni du richissime ancien gouverneur de l'ex-Katanga?
Dans tous les cas, lors de la campagne électorale, des explications claires devront être données à la population sur ces pirouettes, la population ne devant pas être considérée comme un marche-pieds pour des ambitions politiciennes et des bas calculs d'argent.
Bruxelles, le 2 mai 2016
Cheik FITA