Moïse Katumbi a regagné son Katanga natal depuis près de dix jours. Il y est rentré par le poste douanier de Kasumbalesa. Dans une interview accordée le samedi 21 février 2015 à nos confères belges de La Libre Belgique, le gouverneur s’exprime à nouveau sur son avenir politique après un silence de deux mois depuis son retour triomphal. Dans l’immédiat le président du Tout-Puissant Mazembe veut s’atteler à terminer son mandat de
gouverneur. Il lui reste un peu moins de deux ans. "Je suis encore gouverneur de la province du Katanga. J'ai encore énormément de travail à accomplir en peu de temps. Il reste un peu moins de deux ans au président Kabila pour achever son travail dans le cadre de son mandat légitime. Terminons nos mandats et retroussons-nous les manches pour sortir le peuple congolais de la misère", a-t-il affirmé à l'envoyé spécial du quotidien à Lubumbashi. Katumbi est aussi revenu sur la révision de la constitution. "Ici, en RDC, on a dépassé ce
stade (de vouloir changer la Constitution), a assuré Moise Katumbi. Dans cet entretien Katumbi a parlé aussi de la pauvreté dans sa province en dépit des immenses ressources naturelles. Une responsabilité que le chef de l’Etat a voulu lui faire porter le chapeau. "Moi, j'ai essayé de développer ma province avec le budget dont je dispose. Quand je suis arrivé, le Ka-tanga était, avec les mêmes richesses, le troisième contributeur de l'Etat. Deux ans plus tard, nous sommes devenus le premier. Mais nous ne recevons rien en retour.
Légalement (en vertu de la Constitution de 2006, ndlr), l'Etat central doit rétrocéder 40% de ce que les provinces perçoivent", a souligné Moise Katumbi. Il a chiffré les recettes actuelles générées par la Katanga à "entre 4 et 5 milliards de dollars par an", notant que "le retour de Kinshasa est quasiment nul"."Maintenant que la guerre dans l'est est finie, j'espère que nous pourrons enfin recevoir ce qui nous est dû, soit 2,7 milliards de dollars", a dit le gouverneur. Bien entendu notre confrère a voulu savoir si Katumbi, l’un des favoris à la présidentielle de 2016 sera candidat. Ce à quoi le populaire gouverneur a répondu : "J'ai un mandat à terminer avant de penser à autre chose". Katumbi ne s’est donc pas prononcé sur la question. Mais cela ne suffit pour dissuader le régime dans sa quête de chercher à le dis-qualifier de cette course pour tous les moyens coupable avec sa métaphore de faux penalty d’un crime de lèse-majesté impardonnable. Dès lors il s’agit de lui chercher des poux. La chasse de ses proches en est une preuve.
Le dernier en date étant Fofo Konzi, directeur provin-cial de l’OCC Katanga, arrêté par les services de sécurité sans aucun motif. Il a été depuis relâché sans qu’il ne sache de quoi lui reprochet-on exactement. Il attend regagner son poste. Pour noyer son chien on l’accuse de rage dit un adage. Les insinuations ça et là confortent la thèse selon laquelle Katumbi est dans le collimateur du régime. Et tous les moyens seront utilisés pour le couler. C’est dans cette optique qu’une fuite était apparue dans la presse en décembre sur l’exil de Katumbi qui avait pris le soin d’emporter avec lui la bagatelle de 20 milliards USD. Une façon de préparer l’opinion à de fausses accusations de fraude fiscale notamment. L’opinion nationale et internationale ne se laissera pas prendre par cette cabale. Pas plus que ne s’est pas laissée duper par les poursuites judiciaires de Vital Kamerhe et les arrestations du bâtonnier Jean-Claude Muyambo et de Vano Kiboko notamment.
Matthieu Kepa