Dans la nuit du samedi 7 mars, une bougie placée juste à côté d’un matelas sur lequel dormait une fillette a soudainement pris feu. La petite fille dont le corps était entièrement brûlée a pu être extraite du feu grâce à l’intervention de la famille et des voisins. Malheureusement, elle décèdera quelques minutes après sur le chemin de l’hôpital pour recevoir les premiers soins. La jeune fille se prénommait Ruth et n’avait que 7 ans.
Triste dimanche au quartier Mushie-CPA sur l’avenue Mayanganga qu’est ce 8 mars, alors qu’à Kinshasa et partout ailleurs l’on célébrait la journée internationale de la femme, c’est l’incendie qui s’est produit dans la nuit qui est sur toutes les lèvres. La petite Ruth est morte et le coupable désigné est déjà bien identifié: l’Etat congolais.
En effet, dans ce quartier de la partie ouest de la Ville de Kinshasa, les habitants ont oublié toute jouissance à l’électricité dans leurs vies quotidiennes. Télévision, réchaud, frigo ou congélateur sont devenus des objets de décor dans les foyers. Et comme ceux-ci n’ont pas de voisins illustres ou des amis bien placés pour plaider leur cause, voilà qu’ils ne comptent plus le nombre des jours depuis que leur cabine principal d’électricité ne fournit plus du courant. Ainsi, l’heure est à la débrouille. C’est indigne non seulement pour une capitale au 21ème siècle mais surtout d’un pays qui fait 8% de taux de croissance par an et dont le Gouvernement a fait de l’amélioration des conditions de vie de sa population son fer de lance et de fierté. C’est ainsi que l’on va repasser ses habits ailleurs si l’on ne veut pas les porter froissés. On prépare avec de la braise et les plus fortunés utilisent le réchaud à pétrole. On recharge son téléphone au travail ou chez le petit vendeur de téléphonie portable du coin, etc.
Curieusement, chaque fin du mois les gens continuent à recevoir les factures forfaitaires de la SNEL assorties des listes de rappel pour les mois impayés. Beaucoup se demandent ici pourquoi continue-t-on de payer alors qu’il n’y a pas d’électricité ? C’est de cette manière qu’on a allumé, comme on le fait par habitude durant ces longues nuits, une bougie dans la chambre de la petite Ruth. La bougie en question et surtout la énième nuit passée sans courant lui a été fatale. Et pourtant manquer du courant dans un pays qui a la capacité de produire de l’électricité pour tout le continent africain n’a rien de fatalité. Il est temps de s’indigner face à cette situation qui a tourné au drame et devant l’incrédulité et l’incompétence des dirigeants de la République. On nous promet sans cesse la desserte en électricité sera amélioré si l’on ne nous dit pas que l’on est en train de l’améliorer mais nous continuons toujours à nous éclairer comme le faisaient nos ancêtres dans leurs villages sauf qu’eux n’avaient pas de téléphones portables à recharger ou encore n’avaient point besoin de télévision. Est-ce que l’Etat congolais est-il incapable d’accomplir sa mission première aux millions des congolais, notamment nous fournir un courant stable quotidiennement afin que nous ne soyons plus victimes des délestages.
De nombreuses voix accusent l’Etat congolais d’être responsable civilement des conséquences fâcheuses, irréversibles et douloureuses dues à cet état des choses, notamment le manque d’électricité. Si l’électricité avait été fournie normalement, jamais le grand-frère de Ruth ne serait parti dans la nuit pour chercher à repasser ses habits qu’il devait porter le lendemain au culte du dimanche. L’on n’aurait jamais allumé une bougie afin d’éclairer sa chambre. Si l’Etat congolais avait juste fait que son travail, Ruth (7 ans), la seule fille de sa fratrie, n’aurait peut-être jamais de sitôt été soustraite de l’affection de sa mère, de son père et de ses frères aujourd’hui inconsolables. Puisse cette mort inattendue et inacceptable servir de leçon au Gouvernement et aux représentants du peuple.
Castro