Comme il fallait s’y attendre les USA n’ont pas relâché leur pression sur les autorités rd-congolaises soupçonnées de vouloir se cramponner au pouvoir et suspectées de ne pas montrer beaucoup d’entrain pour éradiquer les forces négatives, notamment les FDLR, qui écument l’est de la RD-Congo. En séjour en RDC depuis le samedi dernier, l’envoyé spécial de Barack Obama pour la région des Grands Lacs, Russ Feingold, a tenu le lundi 9 février 2015 sous le coup de 14h 45’ une conférence de presse dans la résidence de l’ambassadeur américaine. Constant, l’envoyé spécial du président américain souhaite « un transfert pacifique et démocratique de pouvoir en 2016 ». Pour cela, Russ Feingold a réitéré la position des USA sur les dossiers chauds de la RD-Congo : respect de la constitution, publication d’un calendrier global et consensuel et neutralisation des FDLR.
Cette fois-ci s’agissant du calendrier électoral que la communauté internationale veut notamment « global et consensuel », Russ Feingold s’est montré encore plus précis en exigeant qu’il comprenne clairement l’indication de la tenue de la présidentielle avant fin 2016. Il a rappelé que son pays, par la bouche de son Secrétaire d’Etat, John Kerry, avait dit l’an passé qu’un financement de 20 millions USD $ était déjà disponible. La hauteur de ce montant avait été retenu car les autorités rd-congolaises avaient rassuré à l’époque la communauté internationale qu’elles étaient en mesure de financer le gros des opérations électorales. Qu’à cela ne tienne, Russ Feingold a écarté le prétexte de manque des moyens pour ne pas organiser les élections générales de 2016. Il s’est dit prêt à voir dans quelle mesure un financement additionnel pourrait être dégagé par la communauté internationale mais pas avant la publication d’un calendrier global et consensuel. Revenant sur les émeutes sanglantes de Kinshasa provoquées par la nouvelle loi électorale, Russ Feingold a dit sa solidarité avec les manifestants avec qui il partage les mêmes inquiétudes au sujet du processus électoral. L’émissaire de Barack Obama a aussi déploré la coupure d’internet et des réseaux sociaux (Facebook et Twitter notamment) qui est une atteinte à la liberté d’expression selon lui. Il a néanmoins apporté son soutien à la traque des FDLR lancée par les FARDC. Avant sa conférence de presse, Russ Feingold avait rencontré plusieurs responsables politiques et de la société civile. Il a notamment rencontré Vital Kamerhe (président de l’UNC) et Martin Fayulu (président de l’Ecidé). Deux opposants ayant joué un rôle déterminant lors des protestations populaires de janvier dernier. Un pied de nez au président de la République qui avait, l’an passé, montré son agacement à voir ses opposants rencontrés les ambassadeurs occidentaux en poste à Kinshasa. En tous les cas, en compagnie de l’ambassadeur des USA en RD-Congo (James Swan), Russ Feingold a rencontré outre une kyrielle d’opposants, les principaux leaders de la société civile, inquiets sur le sort réservé à l’un de leurs, Christopher Mutamba, enlevé selon eux. Russ Feingold a souhaité qu’il soit relâché. A défaut qu’il ait droit à un procès équitable a-t-il indiqué. Mais pour cela pas la peine de violer le droit judiciaire a-t-il fait remarquer. C’est à ce qu’a été l’essentiel de la conférence de presse de Feingold. On attend à présent la réaction du gouvernement par la bouche de son porte-parole Lambert Mende. Une belle rixe oratoire en perspective.