Les tribunes de l’ancien Premier ministre Muzito n‘ont pas enchanté la direction du Parti lumumbiste unifié (Palu). Selon des sources proches du Conseil de discipline du parti cher au patriarche Antoine Gizenga, les tribunes publiées par l’élu de Kikwit mettraient en mal « les intérêts» du Palu avec ses partenaires de la majorité. Aussi, le conseil de discipline aurait-il infligé à Adolphe Muzito une suspension de 3 ans au cours desquels il lui serait interdit de parler au nom du Palu, voire de l’engager. Serait-on en train de bâillonner la réflexion au sein de ce parti historique ? Muzito est victime de ses propres réflexions, de la somme de ses expériences d’inspecteur des Finances et de son passage à la primature.
Le conseil de discipline du Parti lumumbiste unifié (Palu) a décidé d’interdire à l’ancien Premier ministre Muzito de parler en son nom pendant trois ans du mandat confié aux membres de la direction politique dia Palu. Jusque tard dans la soirée, personne n’était en mesure de produire la décision, à l’exception d’une version électronique à l’authenticité non confirmée. Mais, tous les cadres contactés ont confirmé l’existence de la décision. D’ailleurs, un membre du gouvernement de la République, ressortissant du Bandundu comme Muzito, a posté l’information sur son compte twitter. Pour ce ministre de la République, il s’agirait « d’une bombe » !
Au Palu, la discipline est de stricte observance. C’est d’ailleurs la force de ce parti historique. Tout se fait suivant un ordre établi à l’avance. Toutefois, cela n’enlève pas aux membres et cadres la faculté de e lancer dans la réflexion ou encore de participer au débat sur l’avenir de la nation. Usant de cette opportunité qui est offerte à tout Congolais comme citoyen, Adolphe Muzito a initié des « Tribunes ». Ces publications mensuelles portent sur des sujets d’intérêt majeur pour le pays. Impersonnelles et scientifiquement menées, ces tribunes ont permis de quitter le chemin de la polémique stérile ou encore «des attaques ». Elles posent les problèmes réels du pays. La problématique des provinces et de leur autonomie; l’endettement d’un pays qui est éligible mais qui se complait à ne pas prendre des risques pour se reconstruire en vue de son émergence annoncée avec un chronogramme en main, …
Des questions, comme celles liées à la démographie galopante de la ville de Kinshasa où l’urbanisation n’est pas pensée, ne peuvent être qualifiées de partisanes et d’intéressées. Au Palu, l’a-t-on compris de la même façon que nombre d’intellectuels voire des partenaires ? Au regard de la décision qui vient de tomber, on est tenté de répondre par la négative.
EN QUOI LES TRIBUNES DE MUZITO DERANGENT-ELLES ?
Les tribunes d’Adolphe Muzito ont eu le mérite de rehausser le niveau du débat politique au pays. Du moins, il est possible aujourd’hui de saisir la vision de l’acteur politique Adolphe Muzito, sur ce qu’il est capable de proposer aux Congolais. Une démarche qui, en soi, doit bénéficier à son parti et à la coalition aux affaires. La raison est. sim1è, la situation de chaos actuelle n’est pas le fait d’un gouvernement. Depuis 2001, le pays a repris une courbe ascendante, que Muzito tiendrait à consolider par la réflexion. L’un de ses proches a expliqué sous le couvert de l’anonymat : «Muzito n‘est ni frondeur ni protestataire. Il ne fait pas de quolibets dans ses tribunes. Il met en exergue ce qui reste à réaliser pour se réconcilier avec le peuple. Il se limite à dire la vérité au peuple ». Ce qui signifie que l’ancien Premier ministre ne s’inscrit pas dans la logique d’un donneur de leçon. Ce proche poursuit : « Adolphe Muzito ne se met pas en posture d’arrogance, ni celle de mensonge dans es tribunes ».
Ça dérange justement ! L’intéressé est resté injoignable tout comme le porte-parole du Palu et secrétaire permanent.
Comment peut-on croire qu’un pays peut se développer sans que son élite élabore la pensée qui trace la voie vers le développement? Les tribunes qui sont la suite des ateliers qui avaient réuni l’unanimité par leur qualité et la pertinence des idées véhiculées, valent ce qu’elles valent, dans un environnement où la médiocrité et les chamailleries se disputent l’espace. Elles constituent un foyer qui a besoin d’être fécondé par d’autres énergies positives tournées vers la recherche des solutions aux problèmes du peuple. Le contrat social avec le peuple se renferme dans ces expressions libres basées sur les expériences accumulées dans la gestion des affaires de l’Etat.
UNE VERSION ELECTRONIQUE EN CIRCULATION
Jusque-là, toutes les sources confirment la décision. Toutefois, personne ne l’a produite. Un militant a affirmé que la fameuse décision serait affichée à la permanence. Une version électronique en circulation, laisse dubitatif tout celui qui la lit suite aux incohérences y contenues contrairement aux us et pratiques au sein du Palu. Un vieux cadre du parti n’ayant aucune proximité apparente avec l’ancien Premier ministre a confié au Potentiel, parlant de la liberté d’expression : « En Belgique, Gizenga, Kamitatu et Kasa-Vubu avaient pris des engagements avec les Belges. Mais cela n’avait pas empêché Gizenga de faire des déclarations fracassantes à Moscou»!
Selon la version électronique de ladite décision, il est écrit considérant que par ses actes, il viole les textes fondamentaux du parti lumumbiste unifié par : l’usurpation du pouvoir de la direction politique du parti ; l’insubordination de l’intérêt du parti au sein propre le non respect des directives et instructions du parti ». Ce qui parait être la décision poursuit : « Considérant que les faits ci-dessus reprochés â Monsieur Adolphe Muzito sont constitutifs de faute grave qui portent préjudices au parti, à ses idéaux, à ses stratégies, à l’union et à la cohésion en son sein». Il est ainsi décidé : « monsieur Adolphe Muzito est destitué avec interdiction de briguer un poste au sein du parti lumumbiste unifié (Palu) pour une période d’un mandat ». Telle est la décision portant la signature datée du 12 aout 2015 d’Antoine Gizenga.
A l’approche de 2016, des coups en fous genres seront administrés à de potentiels adversaires. L’éventuelle instrumentalisation du Conseil de discipline contre « un joker » n’est pas à exclure. Cet épisode rappelle un autre, celui de l’exclusion définitive de Godefroid Mayobo du Palu par le Cenal, l’organe de décision de ce parti. Mais Antoine Gizenga avait révoqué ladite décision. En attendant, le peuple, lui, attend la prochaine tribune ! Impatiemment !
Le POTENTIEL