Le ministère public a requis 20 ans de prison ferme pour l’artiste comédien Fiston Mafinga alias Sai Sai, au motif qu’il aurait commis l’infraction de viol sur une mineure de 16 ans, dans un tunnel, à Bandal, dans la nuit du 26 au 27 janvier 2015, entre 22 h et 1h du matin. C’est au cours de l’audience foraine du jeudi 5 mars 2015, tenue par le tribunal de grande instance de Gombe à la Prison Centrale de Makala que l’organe de la loi a donné sa position.
Il a fait savoir que le prévenu est auteur des faits mis à sa charge, parce que la victime est restée constante dans ses déclarations devant l’Officier de police judiciaire, devant le parquet ainsi que devant le tribunal. Les déclarations cohérentes de la victime sans contradictions constituent, selon lui, la preuve du viol. Les éléments constitutifs de l’acte de viol sont réunis en fait comme en droit, car il y a, à son avis, absence de consentement.
Il a martelé que le prévenu Sai Sai avait connu intimement la victime, Feza Matiti Moto, sans son accord. Il avait usé de violence devant une mineure. Le représentant de l’organe de la loi a souligné que la victime n’est pas une déesse pour savoir que Sai Sai ne se trouvait pas chez lui du 26 au 27 janvier 2015, vers 1h30.
Vu ce qui précède, il a demandé au tribunal de condamner le prévenu au paiement d’une amende d’un million de FC, dans le délai légal. A défaut de paiement, qu’il soit condamné à 30 jours de délai subsidiaire, et 7 jours de contrainte par corps.
En ce qui concerne la contre-expertise du médecin légiste de l’Hôpital Général de Référence de Kinshasa, docteur Tshomba Kondo, celui-ci a fait savoir que le fait pour lui d’examiner la victime 1 mois après la date de la commission des faits constitue une difficulté pour attester s’il y a eu viol ou pas les 26 et 27 janvier, surtout que la victime avait déjà connu des hommes bien avant. Il n’y a pas d’indices, selon lui, qui attestent qu’il y a eu viol aux dates précitées. Si la victime était vierge, cela allait être facile pour lui de constater le fait.
Docteur Tshomba a par ailleurs mis en doute la thèse du viol, parce lorsque qu’une fille tombe victime d’un viol, surtout une mineure, elle est incapable de marcher correctement. Le viol laisse des lésions et des fissures facilement répérables. Dans le cas d’espèce, la victime n’aurait pas pu partir de l’endroit de la commission des faits jusqu’à leur maison.
S’agissant de Feza Matiti, elle serait rentrée chez ses parents en marchant normalement, escortée par des « KULUNA ». Le même médecin a indiqué qu’en cas de rapports sexuels imposés, cela laisse des traces, surtout que la victime affirme avoir été violée par cinq personnes adultes. Il a révélé que lorsqu’il interrogeait la victime dans son cabinet, cette dernière n’avait manifesté aucun signe de tristesse. Elle expliquait les faits comme si c’était une affaire qu’elle avait suivi à la télévision. C’est comme ci ce n’était pas elle la concernée. Elle n’avait manifesté aucune émotion. Tous ces éléments attestent, a-t-il conclu, qu’il n’y a pas eu violence.
Quant aux avocats de la partie civile, ils ont rappelé que leur cliente avait été violée dans la nuit du 26 au 27 janvier 2015, entre 22 heures et 1 heure du matin, par le prévenu Sai Sai. Il avait utilisé la ruse pour commettre son forfait. Feza Matiti était allée acheter du pain.
Sur son chemin, elle avait croisé un certain Kidis, envoyé par son ami Sai Sai. II lui avait de faire le théâtre et de la publicité. C’est dans ces circonstances qu’elle avait été saisie de force et entraînée vers un tunnel pour être violée à tour de rôle par Sai Sai et ses amis.
Après le viol, la victime avait été accompagnée par Kidis jusqu’à quelques mètres de leu domicile avant qu’elle ne soit abandonnée. C’est après qu’elle avait été récupérée par des Kuluna et conduite jusque chez ses parents. Arrivée à la maison, sa sœur lui avait donné une serviette pour calmer l’hémorragie parce qu’elle saignait. C’est après qu’elle a été conduite à l’hôpital. Lorsqu’il Sai Sai avait été informé du sort de sa victime, il avait proposé qu’un arrangement à l’amiable.
Les avocats de la partie civile ont relevé qu’étant donné que la famille de la victime ainsi que la victime elle-même ont subi des préjudices, Sai Sai devait être condamné à 100.000 dollars de dommages et intérêts. La réputation de la victime a été salie ainsi que son honneur car ses photos ont été publiées sur internet. Ils ont demandé au tribunal de rejeter le rapport apporté par vodacom qui atteste que leur cliente est majeure (21 ans) alors qu’elle n’a que 16 ans, de rejeter également les deux expertises des médecins légistes qui indiquent que l’état physique de la victime est bon. Selon eux, elle a perdu sa virginité dans des conditions inhumaines.
S’agissant des avocats de Sai Sai, ils ont soutenu que c’est une machination, que leur client n’est impliqué ni de loin, ni de près, dans ce dossier de viol. La victime est une habituée des boites de nuit. Elle a l’habitude d’avoir des relations sexuelles avec des hommes. Il s’agit d’un complot monté contre lui par le disco-jockey Rusel, la victime ainsi que sa sœur, parties civiles dans la présente affaire.
Ils ont fait savoir que l’infraction de viol ne se prouve pas par de simples déclarations mais par des faits. Le ministère public poursuit leur client sur simples déclarations de la victime alors que cette dernière se contredisait tout le temps. Ils ont réaffirmé que du 26 au 27 janvier 2015, Sai Sai avait organisé une fête en sa résidence, à l’occasion de l’anniversaire d’un de ses enfants. C’est vers 23 heures qu’il s’était déplacé pour prendre un verre en compagnie de ses amis en face de l’Ecole Molière, sur 24 novembre. Puis, il était rentré chez lui. C’était même le jour où les Léopards de la RDC avaient joué contre la Tunisie. C’est inconcevable qu’il y ait eu viol dans un tunnel.
Sai Sai avait été arrêté à la suite d’un montage de son ami Rusel, qui l’avait fait venir en ville au motif qu’il avait décroché un « marché » pour lui. C’est en répondant à ce rendez-vous qu’il s’était trouvé pris en étau par la famille de la victime ainsi que le policier « Soda makasi », introuvable jusqu’à ce jour.
Se sentant en insécurité, Sai Sai avait demandé que l’affaire soit réglée devant la justice. Il n’avait jamais proposé un arrangement à l’amiable. C’était le 28. Lors de la descente sur terrain, tous les résidents du tunnel avaient contesté la version du viol.
Ils ont rappelé que devant le ministère public, la victime avait déclaré être née en 1998, mais à Vodacom, elle avait présentée une attestation de perte de pièces indiquant qu’elle était née en 1994, tandis qu’à son école, son dossier signale qu’elle est née en 1997. Elle a trois dates de naissance. L’attestation de naissance produite par ses avocats n’indique même pas son nom mais simplement celui de sa mère. Les numéros qui ont appelé la victime n’appartiennent pas à Sai Sai. En conclusion, ils ont sollicité l’acquittement pur et simple de leur client.
Murka