Saak Sakoul 1er : " J'ai l'impression d'être abandonné par mes collègues artistes musiciens

Lundi 21 décembre 2015 - 09:24

Le chanteur congolais Saak Sakoul 1er, de son vrai nom Bonghat Tshekabu, du groupe trio Madjesi (Mario, Djeskain et Sinatra) qui se faisait accompagner par l'orchestre Sosoliso, est malade. Néanmoins, il croit en sa guérison. Il s'est confié sur sa maladie et le comportement de ses collègues à Lepotentielonline.com.  

 
Comment allez-vous?
Ça va bien. Certes, je suis un peu fatigué parce que j'ai été très malade, mais je vais de mieux en mieux. J'espère que cela va continuer ainsi. Je croise les doigts.
De quel mal souffrez-vous?
Je suis atteint de diabète et je souffre de l'hypertension artérielle. Ça va aller parce que je suis entre les bonnes mains et sous traitements appropriés pour soulager ces maux. Ça me rassure.
Comment subvenez-vous à vos besoins, notamment aux frais médicaux?
Je suis pris en charge par l'Etat français. Je suis donc couvert socialement. De plus, mes enfants me portent secours et assistance. Je n'ai aucune contrainte ou problème pour cela.
Les autorités congolaises sont-elles au courant de vos nouvelles?
C'est possible qu'elles aient été informées. Chose curieuse, je viens d'avoir une information selon laquelle mon nom figurerait dans une liste des personnes que le gouvernement entend décorer, via le ministère de la culture,  dans les prochains mois! Selon ces sources,  des dispositions sont en train d'être prises pour organiser mon voyage à Kinshasa. Je n'affirme ni n'infirme rien du tout. J'attends les actes.
Avez-vous essayer de les contacter?
Non, je n'ai fait aucune démarche. J'estime que si elles veulent vraiment avoir de mes nouvelles ou m'informer d'un tel projet, elles peuvent toujours me joindre parce qu' elles ont tous les moyens pour avoir mes contacts.
Vos collègues artistes musiciens résidant en France sont-ils  informés de votre état de santé?
Bien sûr que oui! Mais à Part Dona Mobeti, personne ne vient me rendre visite. Je l'affirme avec force parce que ça me fait très mal. Bomoko pe bolingo kati na biso balanga nzembo ya Congo ezali wapi? ( Où est l'unité et l'amour entre artistes musiciens congolais?). C'est vraiment triste.
Pourquoi l'artiste musicien congolais a du mal à fraterniser avec son collègue et de nouer une amitié avec lui?
Je ne sais pas. Moi aussi, je me pose cette question.
Vos collègues qui vivent au pays prennent-ils de vos nouvelles ?
Je ne sais pas s'ils se rappellent qu'il eût un certain trio Madjesi (Mario, Djeskain et Sinatra) et l'orchestre Sosoliso qui ont fait bouger le Congo, Zaïre à l'époque, et partant toute l'Afrique!
Verckys Kiamuangana Mateta, le patron de l'orchestre Vévé dans lequel vous avez évolué, est-il déjà venu vous rendre visite?
Je ne l'ai jamais vu. Pourtant, je l'ai personnellement appelé pour lui informer de mon état de santé. Mon fils, Marco, était  témoin ce jour-là.

Verckys ne s'est jamais manifesté. Sa femme, qui est l'une des vielles amies de Françoise (le prénom de son épouse. Ndlr) , est également au courant. Qu'il ne fasse pas croire aux gens qu'il n'est informé de rien. C'est faux. C'est surtout déshonorant pour quelqu'un de son acabit.
Et vos pairs de l'orchestre Sosoliso: Mario Matadidi Mabele et Loko Massengo Djeskain?
Mario est venu me rendre visite à mon domicile en décembre 2014 et je ne l'ai plus jamais revu ; Djeskain ne m'a jamais rendu visite! Cette remarque lui a été d'ailleurs faite par mon épouse.
C'est vrai ce que vous dites?
Je le confirme. Heureusement que ma famille est là , attentive à mes besoins, prête à tout faire pour moi; le secours et le réconfort qu'elle m'apporte sont inestimables. J'ai l'impression d'être abandonné par mes collègues artistes musiciens que j'ai toujours considéré comme ma seconde famille. C'est écœurant, mais c'est la vie.
Etes-vous confiant dans l'évolution de votre état de santé?
Bien sûr que ça va aller. Si les médecins le disent, comment ne pas y croire? Je reste serein et confiant pour l'avenir.
Vous êtes l'un des grands artistes de la musique congolaise et vous n'avez plus rien à prouver. Qu'est-ce que la musique vous a apporté?
Grâce à la musique, j'ai pu m'acheter une maison et j'ai acheté des terrains constructibles pour tous mes enfants. Grâce à ce métier, j'ai pu élever mes enfants qui ont bénéficié d'un bel encadrement familial. Aujourd'hui, ils me le rendent bien. Ça va, je n'ai pas à me plaindre.
Avez-vous un regret?
Oui, celui de ne pouvoir continuer à faire de la musique et éventuellement d'en vivre.
Si vous avez un message à adresser aux autorités congolaises, ce serait lequel?
Je leur demande de protéger et d 'encourager notre culture. Le chanteur, le musicien, le dessinateur, le comédien, le sculpteur...sont la vitrine de notre culture. Toucher à la culture d'un pays, c'est toucher à son âme Aujourd'hui, l'artiste congolais, porte-étendard de notre culture, est abandonné à son propre sort. Le manque de moyens pour faire face aux exigences de son travail l'oblige à vivre dans le dénuement. Cela ne valorise pas notre culture, et partant notre pays. Chers dirigeants, pensez-y!
Un dernier mot?
Je dis aux mélomanes de la bonne musique congolaise que l'on se reverra. Je les embrasse tous.