Russel Feingold à Kin : élection présidentielle avant fin 2016

Lundi 9 février 2015 - 11:59

Depuis qu’il avait secoué le microcosme politique congolais au début de l’année dernière, en déclarant avec fracas que les USA étaient opposés à toute modification de la Constitution et à toute prolongation du mandat présidentiel en République Démocratique du Congo, Russel Feingold, l’Envoyé spécial du président Barack Obama dans les Grands Lacs, est devenu un personnage qui ne passe plus inaperçu. Désormais, chaque fois qu’il parle du grand Congo ou qu’il signale sa présence sur une partie du territoire congolais, tout le monde fait attention.
C’est le cas présentement, où un communiqué de l’Ambassades des Etats-Unis d’Amérique fait état de sa présence à Kinshasa, où il compte échanger avec des responsables du gouvernement, des activistes de la Société Civile et des délégués du système des Nations Unies, avec pour point de chute une conférence de presse.

Le menu de ses entretiens avec ses interlocuteurs va s’articuler autour de la protection des civils et de la promotion de la stabilité régionale, de la traque des rebelles rwandais des FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda, de l’éradication des groupes armés, de la nécessité d’organisation d’élections pacifiques et crédibles en RDC avec pour point de mire la tenue de l’élection présidentielle avant la fin de l’année 2016, les perspectives économiques et sociales au niveau des Grands Lacs, avec un engagement régional élargi, etc.
Le sénateur américain arrive en territoire congolais après avoir participé, en qualité d’observateur, au 24me Sommet des Chefs d’Etat de l’Union Africaine du 26 au 31 janvier 2015 à Addis-Abeba mais aussi après deux escales en Tanzanie et au Rwanda.

Présidentielle en 2016 : un message permanent

Pourquoi Russel Feingold, qui a déjà eu à interpeller les autorités congolaises l’année dernière, et à plusieurs reprises, sur l’impératif du respect de la fin constitutionnelle et du nombre des mandats présidentiels, revient-il à Kinshasa avec le même message ? Pourquoi ce sénateur à qui Kinshasa avait signifié que la RDC n’était pas sous tutelle des Nations Unies, ni d’une quelconque puissance occidentale, maintient-il la pression sur elles ? Pourquoi ce message permanent sur l’exigence d’élections apaisées, démocratiques et transparentes en RDC mais singulièrement sur la tenue de la présidentielle avant la fin de l’année 2016?

Washington soupçonnerait-il Kinshasa de ne pas vouloir tenir ses engagements en matière électorale, en dépit du vote par le Parlement et de la promulgation, par le Président de la République, de la Loi électorale débarrassée de la disposition qui conditionnait le processus électoral de 2015-2016 au recensement et à l’identification de la population ? Pourtant, les choses semblent être rentrées dans l’ordre avec la multiplication des déclarations d’intention, au niveau du gouvernement congolais, sur le respect des prescrits de la Constitution en rapport avec le calendrier électoral et l’élection présidentielle. En principe, les USA auraient dû se placer en position d’observateurs de la suite des événements, d’autant que le Rapporteur de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) a laissé entendre samedi dernier, en marge de la clôture des opérations d’accréditation des journalistes à Kinshasa, que cette institution allait s’atteler bientôt à l’élaboration du calendrier électoral global.

Processus électoral sous haute surveillance

Le sentiment qui se dégage de plus en plus de la tenue du processus électoral 2015-2016 est que celui-ci risque de se dérouler, comme celui de 2006 post Dialogue intercongolais, sous la haute surveillance des maîtres de notre planète positionnés à la tête des Etats occidentaux et des organisations internationales. Car, la position qu’exprime Barack Obama à travers les propos et actes de Russ Feingold épouse, étrangement, celles du président français François Hollande, du ministre belge des Affaires Etrangères, Didier Reynders, du Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon, de son Représentant spécial en RDC Martin Köbler, ainsi que des gouvernements britannique, allemand, suisse et autres.

Ce « front commun » extérieur contre tout tripatouillage des scrutins en RDC et tout glissement du calendrier de l’élection présidentielle fait penser à un marquage des autorités congolaises à la culotte, afin de les obliger certainement à respecter la volonté du souverain primaire. Cette attitude peut se justifier par la dernière initiative de la Majorité présidentielle de modifier unilatéralement la Loi électorale, malheureusement stoppée par les manifestations populaires des « Trois glorieuses » journées du 19, 20 et 21 janvier 2015, à Kinshasa comme dans plusieurs villes du Congo profond. L’on croit savoir que Russel Feingold revient à la charge pour rappeler au gouvernement et à la CENI que la communauté internationale ne veut pas d’élections truquées en RDC ni de prolongation des mandats des animateurs des institutions en place...
Kimp

 

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