Kinshasa connait périodiquement quelques averses avec une forte pluviométrie qui transforment certaines artères en lacs, dont entre autres, avenues des Huileries à Lingwala, Flamboyants, Justice, du Livre, et devant les Alimentations Nogueira à Gombe. Et des quartiers continuellement inondés tels que ceux de Lingwala, Kinshasa, Barumbu, Bitshaku-Tshaku, Kingabwa, Kauka, Kimbangu, Makelele, Yolo et Camp Mombele. Ces tornades avec de rafales de vents très forts causent souvent d’importants dégâts matériels et des pertes en vies humaines, entraînant l’évacuation de milliers de familles sinistrées. On s’y était quelque peu habitué, au point qu’à la suite de la crise aigüe du logement, les sinistrés ont du regagner leurs anciennes maisons, minimisant les risques de nouvelles inondations.
2015, Paris le Bourget abritait le sommet de la COP 21 sur le changement climatique. Alors qu’on attendait de 195 pays participants, un accord historique sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et des dividendes pour les pays africains, asiatiques et de l’Amérique latine affectés par le changement climatique, Kinshasa a enregistré deux jours de suite, des pluies torrentielles d’une rare violence. En l’espace de deux jours, toutes les rivières débordées déversaient vers les rivages des crues d’eaux qui ont inondé les rues et les habitations riveraines. Les habitants surpris par ces intempéries, en pleine nuit, ont dû se sauver et sauver le strict nécessaire. Ceux surpris en plein sommeil, ont été emportés par des torrents d’eaux et de sable. On parle même de quelques cas d’électrocution, avant que le courant électrique soit interrompu. Et aussi des personnes ensevelies sous des gravats des maisons mal construites qui se sont écroulées comme des châteaux de cartes.
Ces inondations qualifiées d’historiques ont enregistré un bilan important dont plus ou moins 30 morts, et environ 20.000 familles sinistrées dont la ville de Kinshasa se rappellera toujours.
Que peut-on retenir de ce sinistre à grande échelle ?
D’abord que sur les lieux, les secours se sont organisés de manière rudimentaire. Quelques bénévoles pris de pitié ont volé au secours des naufragés avec les moyens de bord et au risque de leurs vies. Car, nombreux ne savaient pas nager, mais ont tenté de se rendre utiles en apportant quelques soutiens aux victimes des inondations. Des nageurs professionnels et des pêcheurs se sont particulièrement distingués en sillonnant les zones sinistrées à la recherche des familles se débattant contre les flots. Kinshasa a dévoilé ces jours-là, le visage d’une ville dépourvue d’un service urbain de lutte contre les catastrophes naturelles. Nos pompiers n’interviennent malheureusement que dans les seuls cas d’incendies. Sur le terrain des opérations, pas de pirogues, ni bouées de sauvetage et cordes de secours. On n’a vu aucune ambulance, pas une équipe médicale avec des médecins urgentistes et des infirmiers.
Pourtant, selon des informations en notre possession, ce ne sont pas des spécialistes en protection civile qui font défaut à Kinshasa. Certains avaient été formés dans les anciennes Gendarmerie nationale, Garde civile, et même au sein de la Police nationale congolaise. Que sont devenus ces techniciens qui peuvent devenir opérationnels s’ils étaient regroupés au sein des unités de protection civile à créer.
Le second problème qui a bouleversé toute l’opinion nationale et internationale est celui de l’assistance humanitaire aux victimes qui avaient tout perdu. Pas d’abris de secours, comme des tentes. Pas des couvertures. Des familles d’accueil se sont improvisées au vu de l’étendue du désastre. Les malades et les naufragés n’avaient connu aucune prise en charge pouvant les aider médicalement. Pas une structure de soutien psychologique.
Sur le plan de la restauration, les quelques aides mobilisées n’ont pas toutes été orientées vers les véritables sinistrés qui en avaient énormément besoin. Elles ont pris une destination que seuls quelques agents de l’Etat gardent jalousement le secret. Que penser de quelques enveloppes libérées par quelques âmes généreuses dont on ignore les bénéficiaires !
Les tristes et célèbres inondations de décembre 2015 ont, à notre humble avis, démontré qu’en matière des catastrophes naturelles, seules quelques sectes religieuses et la Croix-Rouge du Congo et de nombreux anonymes aujourd’hui oubliés, ont agi avec promptitude et dévouement sans attendre une récompense ou des éloges des officiels. Certaines autorités politiques qui étaient descendues sur les lieux des sinistres, par devoir de leurs responsabilités, mériteraient d’être félicitées pour avoir réconforté moralement les victimes et donné des instructions dont on ne sait pas comment elles ont été exécutées sur le terrain.
On espère qu’à la lumière de maintes critiques émises ici et là, cette malheureuse expérience ne pourra plus être rééditée dans la ville de Kinshasa.
J.R.T.