Le Pape François, qui a tiré sa révérence ce lundi 21 avril, a eu l'occasion de s'adresser à la jeunesse congolaise en les exhortant à dire « non à la corruption ». C'était le 2 février 2023, lors de son unique visite en République Démocratique du Congo, au stade des Martyrs à Kinshasa.
« L’avenir du pays est entre vos mains », avait déclaré le souverain pontife en introduction de son homélie devant environ 65.000 jeunes congolais et catéchistes venus de tout le pays et même compris de Brazzaville.
Pour que la jeunesse congolaise puisse véritablement devenir l’avenir du pays, celui qui fut archevêque de Buenos Aires de 1998 à 2013 avait utilisé la métaphore des cinq ingrédients, symbolisant les cinq doigts de la main.
Selon le Pape François, le pouce représente la prière, étant le doigt le plus proche du cœur. L'index, quant à lui, symbolise la communauté, car c'est le doigt qui montre quelque chose aux autres.
« Mes amis, ne laissez pas votre jeunesse être gâchée par la solitude et la fermeture », avait-il supplié. « Pensez toujours à vous ensemble et vous serez heureux, car la communauté est la voie pour vivre en harmonie avec soi-même et pour être fidèle à sa vocation », avait poursuivi le désormais ancien évêque de Rome.
Dans cette métaphore, le majeur (le doigt central) représente l’honnêteté, car il est au-dessus des autres pour rappeler son rôle fondamental. C’est l’ingrédient fondamental pour un avenir à la hauteur de vos attentes, avait-il affirmé.
« Tous ensemble, nous disons pas de corruption », avait fait répéter François à la foule qui avait clamé pendant plusieurs minutes.
Après cette ola des jeunes, le Pape François avait évoqué Floribert Bwana Chui Bin Kositi, tué à l'âge de 26 ans dans la nuit du 7 au 8 juillet 2007 à Goma pour avoir bloqué le passage de denrées alimentaires avariées.
« Il aurait pu laisser faire, personne ne l'aurait découvert, et il aurait en plus gagné. Mais, en tant que chrétien, il a prié, pensé aux autres et choisi d'être honnête en disant non à la saleté de la corruption. Cela, c'est garder les mains propres alors que les mains qui trafiquent de l'argent sont ensanglantées », avait lâché le souverain pontife.
Et de renchérir :
« Si quelqu’un tend une enveloppe, ne tombe pas dans le piège, ne te laisse pas tromper, ne te laisse pas engloutir dans le marais du mal », avait-il insisté, en disant « non » avec son index.
Qui était Floribert Bwana Chui Bin Kositi ?
Né le 13 juin 1981 à Goma, Floribert Bwana Chui Bin Kositi possédait un diplôme de licence en économie. Jeune volontaire de la Communauté Sant'Egidio, il avait été recruté par l’Office congolais de contrôle (OCC), un organe public chargé des contrôles de qualité et de conformité des marchandises. Après avoir exercé à la direction générale à Kinshasa, il sera muté dans sa ville natale de Goma, où il était responsable d’évaluer la conformité des produits à la frontière avec le Rwanda.
Dans la nuit du 7 au 8 juillet 2007, Floribert Bwana Chui Bin Kositi sera enlevé puis tué pour avoir refusé de céder à la corruption. En tant que chef de bureau au poste-frontière, il avait refusé de laisser passer des marchandises avariées et toxiques malgré les pots-de-vin qui lui étaient proposés par ses agresseurs. C’est cet exemple que le Pape François a recommandé à la jeunesse d’imiter.
« L'argent disparaîtra vite. Quant à ces personnes qui auraient consommé ces produits, que serait-il advenu d'elles ? Est-ce que je vis pour le Christ ou pas ? Voilà pourquoi je ne puis accepter. Mieux vaut mourir que d'accepter cet argent », sont des propos de Floribert Bwana Chui recueillis par la presse du Vatican auprès des collègues de l’infortuné.
Le 25 novembre 2024, le Pape François ordonna que Floribert Bwana Chui Bin Kositi soit béatifié.
Bienfait Luganywa