RETOMBEES DE LA FRAUDE DOUANIERE Des têtes vont tomber au Katanga et à Kinshasa

Mardi 4 novembre 2014 - 07:58

La province du Katanga fait face à d’énormes dysfonctionnements dans les régies financières traditionnelles de la RDC. Il s’agit de la Direction générale des douanes et accises (DGDA), la Direction générale des impôts (DGI) et la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et participations (DGRDA). Cela découle de la fraude douanière. Le démantèlement du réseau maffieux qui avait élu domicile dans ce secteur a mis la puce à l’oreille du Gouvernement dirigé par le Premier ministre Matata au point de figurer à l’ordre du jour de la réunion de la Troïka stratégique. Ce qui a conduit à la prise des mesures urgentes pour mettre un terme aux nombreux dysfonctionnements qui minent la mobilisation des recettes. On fait savoir que des têtes vont tomber tant dans la première province pourvoyeuse en recettes (le Katanga) qu’à Kinshasa.

Lors de son séjour au Katanga pour une mission de travail qui l’a conduit jusqu’au poste frontalier de Kasumbalesa, sur instruction du Premier ministre, le ministre délégué aux Finances Patrice Kitebi a mesuré les dégâts causés par la fraude douanière dont il a pu situer l’étendue et constater le manque à gagner du au Trésor public. Ses services ont ainsi mis la main, renseignent nos sources, sur l’un des cerveaux de la maffia douanière katangaise en attendant des mesures pour assainir les régies financières, principalement la DGDA. Car, poursuivent nos sources, depuis un temps, une nouvelle race de fonctionnaires de la douane connus sous le nom de « douaniers-déclarants » en abrégé « Dodé » a vu le jour. Ils sont à la fois douaniers et responsables des agences en douane. Pourtant, cette pratique est interdite par les nouvelles dispositions du Code douanier en RDC.
Couverts à plusieurs niveaux jusque dans leurs directions générales à Kinshasa, indique-t-on, ces « Douaniers-déclarants » se concentreraient plus sur les entreprises privées, tous secteurs confondus. Il s’agirait d’un système ayant pour principe, de résister à ces « Dodé », c’est s’exposer sans autre forme de procès à des enquêtes de redressement suivies des amendes se chiffrant à des milliers de dollars américains. Et cette pratique, confient des sources, a presqu’été institutionnalisée au sein de la DGDA au Katanga à telle enseigne que la Fédération des entreprises du Congo s’en serait plainte plusieurs fois, mais sans parvenir à obtenir gain de cause. Il a ainsi fallu attendre la dernière descente du ministre délégué aux Finances pour voir les lignes bougées et qu’une action soit déclenchée pour nettoyer les écuries des régies financières dans la province au Katanga.

L’ARRESTATION DU CERVEAU DE LA MAFFIA EVEILLE L’ATTENTION DU GOUVERNEMENT
C’est à la réunion de la Troïka stratégique du lundi 27 octobre que Patrice Kitebi a présenté son rapport de mission au Katanga, justifiée par une « léthargie observée dans la mobilisation des recettes ». Le ministre délégué aux Finances a relevé des « dysfonction-nements au niveau des régies financières ; lesquels ont du reste été cernés par l’Inspection générale des finances (IGF) ». C’est à l’issue de ce rapport que la Troïka stratégique l’a autorisé à sévir pour remettre de l’ordre au sein des régies financières au Katanga en l’exhortant à « prendre des mesures visant, notamment à optimiser la gestion des ressources humaines et la prise en charge des opérations de collecte des recettes ».
Pour nombre d’observateurs, c’est l’arrestation de Boni Lititiyo qui aurait servi de déclic pour éveiller finalement l’attention du Gouvernement. Boni Lititiyo, présenté comme le cerveau du réseau des « Dodé » du Katanga, est toujours en détention à Lubumbashi, en attendant le verdict du procès ouvert au Tribunal de Grande instance du chef-lieu du Katanga.
Pour rappel, dans plusieurs correspondances adressées aux différentes instances gouvernementales, la FEC/ Katanga avait dénoncé les dysfonctionnements qui minaient les régies financières. La FEC avait même fait état de l’existence de multiples commissions d’enquête diligentées au Katanga sur base des documents souvent litigieux et de l’émergence d’une nouvelle race d’agents de la douane, dénommés « Douaniers-déclarants ».
Ces informations avaient également été confirmées par la Société civile du Katanga toujours alerte pour dénoncer la fraude douanière. D’ailleurs, deux organisations de la société civile, à savoir la Ligue congolaise de lutte contre la corruption (LICOCO) et les Ressources naturelles pour le développement (RND), avaient, à la date du 2 octobre 2014, dans une correspondance adressée au ministre délégué aux Finances, appelé le Gouvernement congolais à remettre de l’ordre dans l’administration douanière du Katanga.

DES TETES VONT TOMBER TANT AU KATANGA QU’A KINSHASA
A en croire certaines sources, au regard de l’implication du Gouvernement congolais dans l’affaire, il faut désormais s’attendre à ce que des têtes tombent. Car, la maffia douanière prive l’Etat de beaucoup de ressources en termes de recettes. C’est pour cette raison, l’arrestation du cerveau de la fraude est suivie de près par le cabinet Matata. Sans nul doute que, c’est pour l’avoir compris, que le détenu Boni Kititiyo, sa cellule à Lubumbashi, aurait promis de se venger dès sa sortie de taule de détention.
A en croire certaines sources, l’inspecteur de la douane incarcéré aurait juré de ne pas couler seul, en se disant prêt à régler ses comptes à tous ceux qui, aussi bien dans les rangs du ministère des Finances, de la DGDA que de la FEC, auraient trempé dans cette magouille. Bénéficiant désormais de la couverture du Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, Patrice Kitebi a la charge de nettoyer les écuries. Des têtes vont donc tomber tant au Katanga qu’à Kinshasa dans le cadre « des mesures visant à optimiser la gestion des ressources humaines » au sein des régies financières du Katanga. Avec cette chasse, les « Douaniers-déclarants » n’auront aucun moment de répit, indiquent nos sources. M. M.

 

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