RETOMBEES DE L’ATELIER ORGANISE PAR JED ET SNPP LES PROFESSIONNELS DES MÉDIAS DÉTERMINÉS À GARANTIR LEUR SÉCURITÉ SOCIALE ET ÉCONOMIQUE

Jeudi 18 août 2016 - 05:37
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Les professionnels des médias de la République démocratique du Congo sont déterminés à garantir leur sécurité sociale et économique. C’est du moins ce qui ressort du séminaire-atelier organisé par l’ONG ’’Journaliste en danger’’ (JED) et le Syndicat national des Professionnels de la Presse (SNPP) du 16 au 17 août dernier à Kinshasa.

Réunis au CEPAS, les participants à ces assises ont été conviés à réfléchir, deux jours durant, sur les moyens susceptibles d’assurer ’’la sécurité sociale et économique des journalistes en République démocratique du Congo’’, comme l’a stipulé le thème de ce séminaire-atelier réalisé grâce à l’appui de RCN Justice et démocratie.
Au nom des patrons d’entreprises de presse locales, leurs représentants ont, non seulement eu l’occasion de dresser l’état des lieux de la situation actuelle, mais aussi d’élargir les connaissances des participants sur les lois tant nationales qu’internationales qui régissent la vie professionnelle des journalistes. L’occasion s’est également avérée propice pour proposer des stratégies susceptibles de garantir l’indépendance des journalistes et des médias forts en RDC.

ENJEUX DE L’ATELIER
Pour éclairer la lanterne des participants, le Secrétaire général de JED a exprimé l’intérêt que revêt la tenue de ces assises. Pour Tshivis Tshivuadi, si JED s’est longtemps attelé à assurer la protection politique et juridique des journalistes exerçant en RDC, il est plus que temps que les professionnels des médias se focalisent sur les moyens qui pourront leur permettre de jouir de la sécurité tant sociale qu’économique, pour ne plus rester manipulables surtout en ces moments de vives tensions politiques.
Saisissant la balle au bond, Stanis Nkundiye, Secrétaire général du Syndicat national des Professionnels de la Presse a convié les professionnels des médias à connaître la loi qui régit leur profession pour être en mesure de défendre leurs droits. Il a exhorté les patrons des entreprises de presse à garantir la sécurité économique et sociale des journalistes qu’ils emploient pour attendre d’eux un rendement conséquent.

DES SUGGESTIONS EN FAVEUR DES MEDIAS
Au cours des échanges, les participants à l’atelier ont évoqué un tas d’obstacles qui empêchent les entreprises de presse et les journalistes de prospérer. Ils ont notamment fait allusion au marché de publicité qui échappe de plus en plus aux médias locaux, au profit des médias internationaux, et surtout des gestionnaires des bouquets satellitaires, la mondialisation aidant. Le peu de miettes de l’enveloppe publicitaire est réparti aux entreprises de presse, au prix fixé ou négocié par les annonceurs, réduisant ainsi les recettes de ces médias, contraints parfois à offrir des salaires de misère à leurs employés ou à dégraisser leur personnel.
Face à ce sombre constat, Stanis Nkundiye a appelé les patrons de presse et les journalistes à se serrer les coudes pour défendre leurs intérêts communs. Il a ainsi suggéré la mutation des organes de presse en véritable entreprise. L’orateur a, par ailleurs, exhorté les pouvoirs publics à accorder l’aide indirecte à la presse qu’il a toujours promise, sans pouvoir la concrétiser. L’intervenant a aussi convié les journalistes à s’affilier au syndicat de leur corporation pour obtenir la défense de leurs intérêts face au patronat au moment opportun.

MODELES ALTERNATIFS DES FINANCEMENTS
Pour sa part, Désiré Baere, un des experts, a proposé des modèles alternatifs des financements des médias, lors de son exposé. S’inspirant d’une formation assurée récemment par Didier Mumengi, l’ancien ministre congolais de la Communication et Presse, l’orateur a recommandé des plaidoyers auprès des instances publiques, notamment le Premier ministre qui, par un décret, pourrait accélérer la mise en place des mesures d’aide indirecte à la presse. Ces plaidoyers doivent aussi continuer à être menées auprès de deux chambres du Parlement pour adopter le projet de loi révisé portant sur le secteur de média.
Aux dires de Désiré Baere, la presse pourrait ainsi tirer profit des abonnements auprès des institutions publiques, d’un régime d’allègement fiscal qui lui permettrait d’importer, moyennant exonération, des matériels de production… L’occasion serait aussi propice pour créer des magasins hors taxes où les journalistes détenteurs d’une carte de presse légale pourraient s’équiper à moindre frais.
Si l’Etat arrivait à accorder cette aide indirecte, la presse locale ne serait-elle pas muselée ? "Ce n’est pas évident, a aussitôt rétorqué Désiré Baere, répondant à un participant. L’Etat a l’obligation non seulement d’accorder l’aide indirecte à la presse, mais aussi de défendre la liberté de la presse".Yves KALIKAT