Le débat sur la reddition des comptes du budget 2013 à la plénière d’hier jeudi 2014 à l’Assemblée nationale, a fait couler beaucoup de salive et d’encre.
Après les explications fournies par le ministre délégué auprès du Premier ministre, Patrice Kitebi, les députés ont décélé des cadavres dans les placards. Donnant le ton, Jean Lucien Bussa n’est pas allé par le dos de la cuillère dans son intervention pour dénoncer le détournement de 207.000 USD sur 500.000 USD prévus au budget 2013 en faveur de l’opposition politique.
L’élu de Budjala a fustigé l’exécution du budget destiné à l’opposition politique en l’absence des tructures d’engagements.
Qui a engagé ce crédit ? S’est-il interrogé avant d’exiger de l’Assemblée nationale, autorité budgétaire, qu’elle s’assume en sanctionnant individuellement les gestionnaires de ce fonds.
A ce sujet, un autre député, Jean-Claude Vuemba a parlé même d’une plainte que l’opposition devrait déposer pour rentrer dans ses droits.
Le président du MPCR a déploré le fait que la désignation du porte-parole de l’opposition censé gérer ces fonds en faveur de l’opposition, confirmément à la loi en matière, a été renvoyée depuis lors aux calendes grecques.
Concernant les autres aspects de cette loi relative à la reddition des comptes présentés par le ministre Kitebi, le député Bussa est revenu à la carge pour démontrer chiffres à l’appui la contradiction entre l’accroissement du revenu national et les recettes publiques qui diminuent entre 2012 (7%) et 2013 (8,5%).
Il a fait état de la baisse de niveau de la pression fiscale de 18% contre 23%, suite à l’inefficience des régies et l’absence de transparence fiscale causée par l’inefficacité des régies financières, la corruption, le détournement et la faible motivation du personnel.
Jean Lucien Bussa a également stigmatisé le manque de crédibilité budgétaire qui se traduit par un grand fossé entre les prévisions et les réalisations évaluées à 2,7 milliards USD, soit 4,6 milliards de dollars réalisés sur une prévision de 7,2 milliards.
Il a fait remarquer l’absence de conformité à la loi des finances dans l’exécution de dépenses effectuées par l’exécutif qui se caracrérise par la non affectation des crédits dans certaines rubriques et certains secteurs, le dépassement des crédits ou la minoration des allocations dans d’aures rubriques, en violation de la loi, sans se référer à l’autorité budgétaire.
Abordant le point relatif aux investissements, Bussa a relevé le faible niveau de prise en compte des investissements publics dans les prévisions comme dans l’exécution du budget.
Le président du CEDER a souligné la dépendance des investissements aux faibles financements extérieurs suite à la faible mobilisation des recettes extérieures dans le budget 2013 de l’ordre de 30%.
Pour tout dire, Jean-Lucien Bussa a affirmé que dans un pays normal, un gouvernement qui exécute un budget à moins de 70%, comme c’est le cas en RDC, devait rendre le tablier. Les autres députés comme Henri Lokondo de la Majorité ont exigé un contrôle rigoureux qui devait aboutir à la sanction, afin que la RDC soit en mesure de mobiliser suffisamment de ressources internes.
Le ministre Kitebi a sollicité 48 heures pour rencontrer les préoccupations pertinentes des députés.
Le président de l’Assemblée nationale a coupé la poire en deux en ne lui accordant que 24 heures, afin de se justifier à la plénière de ce matin.
Sera-t-il la première victimedu contrôle-sanction prôné par Aubin Minaku lors de sa dernière descente à la Cour de Comptes ?
« La crainte de la sanction est le début de la bonne gouvernance » a lâché un député de la Majorité sous le sceau de l’anonymat.
Eric WEMBA