Un rapport alarmant sur la situation sécuritaire en RDC vient d’être distribué par Oxfam sous le titre « Insécurité sécurisée ». Relayé par Radio France Internationale (Rfi), ce rapport affirme que les atteintes aux droits de l’homme contre les populations civiles congolaises restent «monnaie courante» à l’Est. Les auteurs du rapport ont évoqué «quelques exemples de bonnes pratiques», tout en minimisant la portée de ces évolutions positives qualifiées de « relativement rares»! Ils concluent que, dans l’ensemble, peu de progrès ont été réalisés, malgré l’engagement du Gouvernement, à travers l’accord-cadre, à étendre son contrôle sur l’Est du pays et réformer le secteur de la sécurité.
On peut questionner à la fois la crédibilité et l’opportunité de ce rapport, et particulièrement le choix du moment de sa publication, En effet ce rapport est issu d’une enquête qui aurait été diligentée en août et septembre 2014. Qu’on l’ait gardé sous le coude pour ne le rendre public que six mois après et précisément au moment où les FARDC sont en train de mener seules et sans l’appui des forces internationales une opération victorieuse de désarmement forcé des rebelles rwandais des FDLR a de quoi intriguer. Ce choix méthodologique semble adossé à une volonté de démoraliser et démobiliser les populations congolaises afin de tuer en elles toute confiance en leurs propres forces de défense et de sécurité.
Vouée à la réduction de la pauvreté et de l’injustice, selon ses objectifs redéfinis en 1995, Oxfam qui s’occupait depuis 1942 de lutte contre la famine dans le monde n’est certainement pas outillée pour mener une évaluation crédible de la situation militaire et sécuritaire complexe qui prévaut à l’Est de la RDC et dans la région des Grands Lacs. Mettre en oeuvre des programmes d’urgence et de développement dans un pays ne lui confère aucune expertise pour pouvoir se substituer utilement aux comités national et régional de suivi de la mise en oeuvre de l’Accord-cadre d’Addis Abeba, à la CIRGL, à l’Union Africaine et au Conseil de Sécurité des Nations Unies que les signataires dudit Accord ont appelé à en assurer le suivi et qui disposent de compétences idoines à cette fin.
Quelques poches d’insécurité subsistent sur des sites de déploiement d’Oxfam mais cela ne transforme pas cette ONG en évaluateur attitré d’un processus sécuritaire qui transcende les frontières de la RDC. Ceux qui ne s’embarrassent d’aucune démonstration susceptible d’éclairer quant à la régression ou non de la situation sécuritaire dans nos provinces de l’Est donnent à croire que les auteurs tentent simplement de conforter la fausse idée d’un Etat congolais «failli », incapable de se passer de l’assistance des « bons samaritains» que sont notamment certains acteurs internationaux comme … Oxfam.
Ce n’est pas un hasard si les FARDC sont (re)devenues la cible de nombre de nos partenaires étrangers depuis que leurs performances ont démontré que notre pays peut résoudre seul ses problèmes de sécurité sans un appui extérieur massif. C’est le fondement des critiques acerbes d’Oxfam qui prétend sans la moindre preuve que les troupes gouvernementales congolaises, « sous-payées, mal formées et mal équipées », sont au coeur de «insécurité notamment dans le grand Nord du Kivu. De fait dans cette partie du pays, les populations ont renoué récemment avec une vie normale grâce aux sacrifices de leur armée qui, bénéficiaire d’un programme intensif de formation, d’équipement et d’amélioration des conditions de ses troupes ont terrassé les groupes criminels qui y pullulaient. Les membres de la société civile du Nord-Kivu, qui suivent l’évolution de la situation de plus près que les «experts» d’Oxfam ont peint un tableau substantiellement différent que celui du pessimisme délibérément cultivé par l’Ong britannique. Ils ont en effet félicité chaleureusement les éléments des FARDC, dont les populations du cru apprécient le dévouement, le rendement et la discipline. Au cours de ces dernières semaines, les populations des deux provinces du Kivu multiplient les appels pathétiques au Président Kabila et à son gouvernement pour que de nouvelles unités des FARDC y soient envoyées en vue de rétablir et maintenir la sécurité. Une pareille démarche ne s’explique pas dans l’hypothèse fallacieuse d’Oxfam qui accuse les FARDC d’être « au coeur de l’insécurité ».
Kinshasa, Mars 2015
Lambert Mende
Omalanga
(Ministre de la Communication et des Médias, Porte-parole du Gouvernement)