Après s’être opposé à l’appui de la Monusco pour traquer les Fdlr au motif que le Congo est un pays souverain et après avoir contesté le rapport de HRW sur les droits de l’homme, les autorités congolaises disent oui à l’accompagnement financier de la communauté internationale pour les élections et applaudissent le rapport onusien sur l’indice de développement humain…
Il y a quelques semaines, Joseph Kabila a réuni les ambassadeurs et chefs de mission diplomatiques accrédités à Kinshasa pour les sommer de ne plus s’ingérer dans les affaires internes de la République démocratique du Congo, au motif que la RDC est un pays souverain.
Dans cette même logique, le chef de l’Etat congolais a refusé l’appui de la Monusco, aux côtés des Forces armées de la République démocratique du Congo (Fardc), dans la traque des Fdlr. Ce, parce que la mission onusienne réclamait le changement du commandement de l’opération Sukola II.
Au même moment, alors que quelques ministres ainsi que certains communicateurs de la Majorité présidentielle appuyaient la prise de position de leur autorité morale, bien de membres de l’équipe Matata II ainsi que de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) sollicitaient le soutien financier de la communauté internationale pour tenir les élections dans le délai constitutionnel !
Comme si cela ne suffisait pas, le rapport de Human Right Watch et d’autres Ong internationales sur les violations des droits humains enregistrés les 19 et 20 janvier derniers, citant des policiers congolais comme principaux auteurs, a été accueilli comme une provocation par Kinshasa.
Paradoxalement, les mêmes autorités congolaises ont salué la publication du dernier rapport 2014 intitulé « Cohésion nationale pour l’émergence de la RDC », vantant l’amélioration de l’indice de développement humain de la RD Congo qui a augmenté de 13 points, ramenant ainsi le pays à la 174ème place au lieu de la 187ème comme auparavant.
Visiblement, les dirigeants congolais soufflent le chaud et le froid par rapport à ses relations avec la communauté internationale.
Des fois, ils sont d’accord avec cette dernière lorsque les observations faites leur sont favorables. Mais quand il faut faire face à certaines vérités amères, celles-ci sont vite mises sur le compte de l’ « ingérence » !
Quelle est donc cette politique de dire non avec la tête mais oui avec le cœur, de refuser les cadeaux de la main droite et de les récupérer par la main gauche?
Lorsqu’on se félicite des encouragements des autres dans l’un ou l’autre secteur, le bon sens veut qu’on accepte également les critiques pour s’améliorer en vue de sortir du sous-développement, pour le bien-être commun.
Pour en venir au rapport sur l’indice de développement humain applaudi par Kinshasa, les enquêteurs relèvent dans ledit document le flou qui persiste dans les contrats miniers avec des partenaires.
Curieusement, les communicateurs de la Majorité présidentielle n’épinglent pas ce mauvais coté qui risque de causer, plus tard, d’énormes préjudices à la République démocratique du Congo.
S’il faut se féliciter d’être classé 174ème par rapport à l’indice de développement humain au niveau mondial, que diront alors les Etats qui se retrouvent parmi les dix premiers dans ce classement mondial qui est un véritable tableau de bord concernant plusieurs rubriques dans la gouvernance des Nations.
Humblement, la RDC devrait plutôt reconnaître qu’elle a encore un très long chemin à parcourir pour atteindre ne fût-ce que le 1/10 de ce que les Congolais attendent en termes de bonne gouvernance, du bien-être social, de la stabilité économique, du pouvoir d’achat, de la création d’emplois… et occuper, prochainement, une place de choix dans le prochain rapport sur l’indice de développement humain. Car, dit-on, l’humilité précède la gloire.
Par Lefils Matady