La nuit de dimanche à lundi a été calme à Beni, ville de l’est de la République démocratique du Congo (RDC) où 11 personnes ont été massacrées la veille, provoquant de violentes manifestations, ont indiqué des sources concordantes.
« La nuit a été calme et les activités reprennent doucement », a déclaré à l’AFP Teddy Kataliko, président de la Société civile du territoire de Beni, une fédération d’associations locales.
« C’est calme, on s’est réveillé dans le calme » à Beni, a confirmé Julien Paluku, le gouverneur de la province du Nord-Kivu s’exprimant depuis Goma, la capitale provinciale (250 kilomètres au sud de Beni).
Dans la matinée, les familles endeuillées se préparaient pour enterrer les leurs.
Dans la nuit de samedi à dimanche, une nouvelle tuerie, attribuée comme les précédentes dans la région aux rebelles ougandais musulmans des Forces démocratiques alliées (ADF), a fait 11 morts, selon un bilan final du gouverneur et de la Société civile lundi.
« Deux militaires ont été abattus. Le premier parce qu’il a été trouvé sur les lieux par les rebelles, et le second alors qu’il essayait d’arrêter les rebelles. Les civils ont été abattus à la machette », a précisé M. Paluku.
Une trentaine de personnes avaient déjà péri dans des circonstances similaires dans la nuit du 15 au 16 octobre à Beni.
Après la dernière tuerie, des groupes de manifestants en colère ont cherché dimanche à détruire des édifices publics et sont parvenus à saccager le « rond-point (Joseph) Kabila », du nom du président congolais, qui avait quitté la ville la veille après avoir promis que la RDC allait « vaincre » l’ADF.
Dans l’après-midi de dimanche, le maire de Beni, Bwanakawa Nyonyi, a annoncé un couvre-feu de « 18h30 à 06h00 (16h30 à 04h00 GMT). Plus tard, des hommes, femmes et jeunes avaient allumé des feux à plusieurs endroits, espérant assurer eux-mêmes leur sécurité, a constaté Chirac Katalya, journaliste et membre de la société civile.
Comme dans la journée, la police a tiré en l’air pour disperser les groupes, a-t-il ajouté.
« La mesure du couvre-feu a été instaurée pour avoir la maîtrise des mouvements de la population, car ces gens-là (les rebelles) viennent, ils s’infiltrent et on ne sait pas différencier les rebelles des civils. C’est comme ça qu’ils opèrent », a souligné M. Paluku. Selon lui, des fouilles sont aussi prévues pour prévenir les violences.
Les rebelles de l’ADF sont accusés d’autres tueries dans le territoire de Beni durant le mois écoulé.
Du 2 octobre au 2 novembre, les « massacres successifs des ADF » dans différentes localités du territoire de Beni ont coûté la vie à « environ 120 personnes » et poussé des milliers de familles à fuir, a recensé la Société civile, qui a demandé au président d’instaurer l’état d’urgence.
Hostile au président ougandais Yoweri Museveni, l’ADF est active depuis 1995 dans une région montagneuse du territoire de Beni, où elle commet des exactions (massacres, enrôlements forcés, pillages…) contre les civils et se livre à des lucratifs trafics, dont celui de bois.
L’armée congolaise et la Mission de l’ONU (Monusco) ont lancé depuis janvier une série d’attaques qui ont affaibli l’ADF. Celle-ci a toutefois conservé une capacité de nuisance et repris l’initiative depuis la mort brutale, en août, du général Jean-Lucien Bahuma, chef des opérations de l’armée congolaise.