RDC : l’émergence conditionnée par des performances dans les secteurs publics

Vendredi 25 septembre 2015 - 11:04

Selon une étude réalisée par la Banque mondiale
C’est le ministre des Finances Henri Yav qui a réceptionné, pour le compte du gouvernement, la 1ère partie de ce document intitulé « Revue de la Gestion des Dépenses Publiques et de la Responsabilisation Financières »

La Banque mondiale, à travers ses experts, a publié une étude sur la RD Congo intitulée « Revue de la Gestion des Dépenses Publiques et de la Responsabilisation Financières ». La première partie de ce document s’est intéressée aux secteurs de la Santé, de l’Education et des Transports, afin de permettre à la RD Congo d’accroître l’efficacité et l’efficience du secteur public pour alors promouvoir sa croissance et son développement.

C’est le ministre des Finances, Henri Yav, qui a réceptionné le rapport en présence de certains de ses collègues, parmi lesquels ceux de la Santé publique, Felix Kabange Numbi, et des Travaux publiques et Infrastructure, Fridolin Kasweshi, dans une cérémonie de présentation organisée, hier jeudi 24 septembre 2015, au Salon Virunga de l’Hôtel Memling dans la commune de la Gombe, à Kinshasa.

Le directeur des Opérations de la Banque mondiale en RD Congo, Ahmadou Moustapha N’diaye, qui a remis ce document au gouvernement congolais, a affirmé qu’il va enrichir le débat en ce qui concerne les efforts dans le cadre des réformes engagées par l’Etat congolais afin d’atteindre son émergence fixée à l’horizon de 2030. Ahmadou Moustapha N’diaye a promis le soutien de la Banque mondiale pour permettre à la RD Congo de réaliser son pari de pays émergent d’ici 15 ans.

Pour le ministre des Finances congolais, l’étude sur la gestion orthodoxe de la chose publique et des finances publiques, qui constituent le cheval de bataille du gouvernement, ne peut être que bien reçue. Le gouvernement peut s’approprier l’actuelle étude pour l’efficacité des secteurs abordés dans le travail de la Banque mondiale.

Etude

Dans la présentation de l’étude, l’expert de la Banque mondiale Emmanuel Pinto-Moreira, premier à intervenir, a procédé à l’aperçu général du rapport et sa méthodologie du travail. Il a, avant tout, reconnu que la politique économique suivie au cours des cinq dernières années a permis à la RD Congo de renouer avec la stabilité macroéconomique et la croissance.

Le pays devrait désormais se focaliser sur la performance du secteur public et le renforcement de l’Etat en vue de conduire l’économie et la société vers l’émergence. Aussi pour lui, l’Etat a d’abord besoin de plus de moyens pour pouvoir mener à bien ses fonctions souveraines et sa mission de développement économique et sociale.

Les recettes en RD Congo sont en dessous du potentiel, notamment celles en provenance du secteur des ressources naturelles.

Les recettes, dans le pays, ne dépassent pas 13,0% du PIB, soit 2 points de moins que la moyenne des pays les moins développés, alors que le potentiel de mobilisation supplémentaire serait de 8 points de pourcentage du PIB venant essentiellement du secteur des ressources naturelles.

L’expert Pinto-Moreira a, en outre, relevé l’efficacité de l’Etat dans la conduite de sa mission qui est inséparable de l’efficacité des entreprises publiques censées fournir des services à l’économie et à la société. Aussi, l’efficacité de l’Etat dépend de celle des processus budgétaires et de passation des marchés.

De même, l’efficacité de l’Etat dépend enfin des actions mises en place pour stimuler la performance des secteurs et leur capacité à subvenir aux besoins des plus vulnérables. Ce qui permet d’améliorerl’efficience, l’efficacité et la suffisance de la dépense publique qui est cruciale pour le développement à long terme et la cohésion nationale de la RD Congo.

Les secteurs d’étude

L’autre expert, Chadi Bou-Habib, s’est penché sur les tendances des finances publiques du pays et l’espace budgétaire. Pour lui, les finances publiques en RD Congo sont caractérisées par leur pro-cyclicité et leur insuffisance par rapport aux besoins immenses de développement du pays. Quant à la taille de la dépense publique financée sur ressources domestiques, selon cet expert, elle reste modeste dans le pays.

Il a relevé, en outre, que la dépense en RD Congo qui est financée par le budget national porte l’essentiellement sur la dépense courante. Il a cependant relevé la rupture avec la dominance budgétaire qui a été établie en 2011 – 2012 avec toutefois des effets négatifs sur les investissements et les dépenses en biens et services.

C’est ainsi qu’il a mis l’accent sur l’accroissement des recettes des secteurs des ressources naturelles qui reste une option pour concilier soutenabilité interne et externe et objectif de développement à moyen-terme. Chadi a fait également allusion à la mobilisation des recettes au niveau moyen des pays les moins développés et un déficit dans les normes de l’Union européenne qui augmenteraient les dépenses « pro-pauvres ».

Les entreprises publiques et entités autonomes

Pour les entreprises publiques (EP) et entités autonomes (EA), l’expert a soutenu qu’elles sont devenues en RD Congo un fardeau pour les finances publiques et un obstacle au développement économique. Ces EP et EA, selon le diagnostic relevé par le même expert, ne fournissent pas les services escomptés et accumulent les pertes. Des recommandations ont été aussi formulées dans l’étude.

Santé

En ce qui concerne les évolutions au niveau du secteur de la santé, l’offre de soins reste limitée, avec seulement la moitié des structures sanitaires de premier niveau à même de fournir le paquet minimum d’activités (PMA). A ce niveau, le manque de ressources humaines qualifiées en santé est certain avec 0,7 médecin praticien pour 10.000 habitants en 2013. Par contre, la disponibilité d’infirmiers et de personnel paramédical dépasse les besoins estimés.

Education

Pour ce qui est des évolutions au niveau de l’éducation, malgré les progrès, ou l’accès à tous le niveau de l’éducation s’est amélioré dans le pays, la RD Congo reste en retard dans l’atteinte des OMD (Objectifs du millénaire pour le développement du secteur éducatif qui affiche des inefficacités importantes.

Transports routiers

Les évolutions au niveau des transports routiers relèvent que les investissements de l’Etat dans le réseau routier restent en dessous du minimum, notamment pour le réseau interurbain.

Cela pendant que, les dépenses sur les transports routiers ont continué à augmenter. Aussi, le secteur routier souffre-t-il d’inefficacité et d’inefficiences majeures, en partie dues aux dysfonctionnements du processus de passation des marchés. Surtout que le FONER (Fonds d’entretien routier) ne joue pas son rôle dans le financement de l’entretien, ce qui contribue au déficit d’entretien qui réduit l’efficacité et l’efficience du secteur routier.

A cet effet, le choix minimal incompressible de la RD Congo serait d’utiliser ses ressources limitées pour améliorer le réseau d’intérêt général (RRIG). Tout comme, le programme minimal exige de renforcer la capacité opérationnelle pour retrouver et maintenir le niveau de dépense de 2% du PIB.

Par Lucien Kazadi T.

 

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