RDC: l'armée et l'ONU relancent leur opération contre des rebelles ougandais

Mardi 16 décembre 2014 - 17:46

L'armée congolaise et les Casques bleus ont annoncé mardi avoir relancé leur offensive conjointe contre les rebelles ougandais musulmans des ADF après une vague de massacres attribuée à cette milice.

Les Forces armées de la RDC (FARDC) et les soldats de la brigade d'intervention de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) disent vouloir en finir avec la milice des Forces démocratiques alliées (ADF). Mais l'opération risque d'être longue, comme a averti récemment le chef de la Monusco, Martin Kobler.

Plusieurs fois défaits mais jusque-là jamais vaincus, les ADF, installés dans l'Est de la RDC depuis 1995 ont déjà été visés par plusieurs opérations militaires qui n'ont toutefois pu en venir à bout.

L'opération en cours est en fait la relance de l'opération congolaise Sokola 1 lancée en janvier dans le nord de la province du Nord-Kivu contre ces rebelles, qu'elle avait fortement affaiblis, mais qui s'était brusquement arrêtée après la mort du général qui la commandait. En dépit de la vague de massacres qui a frappé la région de Beni depuis début octobre, elle n'a repris que samedi.

"Les opérations continuent et viennent d'être élargies [...] afin de démanteler les résidus des ADF qui sont encore dans la zone", a déclaré à l'AFP le colonel Célestin Ngeleka, porte-parole de l'opération Sokola 1.

"Nous n'avons pas rencontré de résistance et les troupes progressent dans la forêt", a ajouté l'officier, joint par téléphone de Goma, la capitale du Nord-Kivu.

Confirmant l'opération, le lieutenant-colonel Félix-Prosper Basse, porte-parole militaire de la mission onusienne, a indiqué que la brigade d'intervention de la Monusco en était partie prenante et que la force onusienne apportait aux FARDC un "appui logistique" mais aussi un "appui tactique" et un "soutien médical", entre autres.

Le territoire de Beni a été endeuillé par une succession de massacres de civils ayant fait plus de 260 morts depuis le début du mois d'octobre. Les autorités congolaises et la Monusco accusent les ADF d'être les auteurs de ces tueries dont aucune n'a été revendiquée.

- 'Combat asymétrique' -

"Notre engagement est sans faille, il faut mettre fin à ces tueries", a asséné le colonel Basse, alors que les autorités et la Monusco étaient jusque-là accusées par la population de ne rien faire pour les empêcher.

Ni le colonel Basse ni le colonel Ngeleka n'ont voulu divulguer le nombre de militaires participant à l'opération. M. Kobler avait précisé le 10 décembre que la Monusco disposait de 1.500 Casques bleus et les FARDC de 8.000 militaires déployés dans le nord du Nord-Kivu.

"On ne peut pas gagner ce combat rapidement", avait toutefois nuancé Martin Kobler, ajoutant que l'on faisait là face à "un combat asymétrique, qui est très, très difficile à gérer".

La brigade d'intervention de l'ONU en RDC (3.000 hommes sur les 20.000 Casques bleus stationnés dans le pays) est dotée d'un mandat dit offensif afin d'assurer sa mission consistant notamment à neutraliser tous les groupes armés (une cinquantaine) qui continuent d'écumer l'est de la RDC, ravagé par les confits armés depuis plus de vingt ans.

Néanmoins, selon une source militaire étrangère, sa dernière initiative offensive sur le terrain remonte au mois de juillet, lorsqu'un hélicoptère d'attaque avait tiré contre des positions des ADF.

Selon le colonel Ngeleka, l'opération se concentre vers la zone du réduit ADF, sur les contreforts des monts Ruwenzori, qui culminent à plus de 5.000 mètres d'altitude à la frontière entre le Congo et l'Ouganda, soit à plus de 25 km de l'axe Beni-Eringeti, où ont été commis la plupart des derniers massacres.

Située à plus de 250 km au nord de Goma, la capitale du Nord-Kivu, Beni est une place commerciale importante.

"Nous saluons l'avènement de cette opération conjointe", a déclaré à l'AFP Me Omar Kavota, porte-parole de la Société civile du Nord-Kivu, ONG basée à Beni.

Député de Beni, Daniel Kambale, estime pour sa part qu'on ne pourra vraiment juger du "sérieux" de l'opération qu'au bout "d'une, deux semaines ou un mois".

Albert KAMBALE

 

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