Sous le firmament
Tout n’est que changement
Tout passe rien ne résiste au changement et au temps
Le temps est notre pire ennemi disait J.P. SARTRE
Quoique l’homme fasse
Ses jours s’en vont sous son regard et sous ses pieds
Tout passe plus vite qu’un torrent déchaîné
Ces paroles que tout le monde a déjà entendu durant sa vie, sont répétées dans toutes les chansons de notre culture en des pareilles circonstances, ces paroles nous rappellent encore une fois, une triste réalité : celle de l’impuissance de l’homme devant son destin ultime qu’est la mort! La mort une certitude qu’on oublie pendant qu’on est entre les hommes parlants. Certitude dont on se rend compte quand on ne sera pas entre les hommes parlant avec les autres; ou quand ce sont les autres qui se rendront compte pendant que le mort cesse d’être homme, et les autres parlent de lui sans qu’il soit capable de parler avec eux!
L’événement qui rassemble en ce jour et en ce lieu un parterre d’hommes, de femmes et des enfants de notre pays, la République Démocratique du Congo, de toutes les provinces et de toutes les tribus, il ne faut pas avoir peur de le dire, c’est l’extinction du MULOPWE KALONJI DITUNGA ALBERT.
Qui est l’illustre disparu qui incarne ce titre du MULOPWE?
Né KALONJI ALBERT, le 6 juin 1929 à Bunkonde, village de Bakwa Tshimuna en banlieue de la Mission Catholique de Hemptine Saint Benoît, dans la province actuelle du Kasaï-Occidental, de père MUKANYA MULENDA EDMOND de mère BILONDA wa TSHIBANGU NZABA.
La localisation actuelle du village d’origine de MULOPWE se présente comme suit: village de KAteende, secteur Kakangayi en Territoire de Miabi, district de Tshilenge, province du Kasaï –Oriental.
Après ses études primaires à la Mission Catholique de Bunkonde, KALONJI Albert dont le choix de la suite était le Petit Séminaire de Kabwe avec vocation de devenir prêtre se voit handicapé par le statut de polygame de son père. En tout état de cause, il fut orienté par les prêtres vers l’école des assistants Médicaux indigènes en sigle AMI. Ce choix, encore une fois rencontra une contrainte qui le dirigeait au préalable à l’Ecole Moyenne de Luluabourg/Katoka, en vue d’un perfectionnement de la connaissance de la langue française. Enfin c’est à la CADULAC, Centre Agronomique de l’Université de Louvain au Congo situé à Kamponde, que KALONJI Albert obtint son diplôme d’assistant agricole en 1948.
La carrière professionnelle
MULOPWE a une longue histoire. Que l’assistance nous permette de ne relater que les faits saillants d’une vie pleine de soubresauts.
Lorsqu’il termine ses études en 1948, la seconde guerre mondiale venait de se terminer en Europe. Il y avait carence des cadres partout. Le CADULAC sollicite et obtient de l’Université de Louvain (l’actuelle KUL-Leuven) qui accepte de le nommer professeur. Il sera chargé de plus de sept cours. Nombre d’agronomes venaient de la métropole belge pour venir étudier la botanique tropicale sous sa direction.
Mais, quelques temps après, suite à un conflit qui avait surgi entre les Frères de la Charité et les enseignants laïcs d’une part et de l’autre part les prêtres de la Congrégation des Pères de SCHEUT, tous les professeurs laïcs qui contestaient les compétences de ces prêtres démissionnèrent en bloc. Albert KALONJI sera d’office engagé par l’Administration Coloniale en qualité d’agronome adjoint et affecté dans le Sankuru, où il était en charge de l’économie rurale et de la promotion des cultures industrielles telles que le café et l’hévéa. Il faut relever qu’en étant en contact permanent avec la population, il apprendra facilement la langue locale Otetela (Kitetela).
En marge de ses activités professionnelles, il était aussi en contact régulier avec les gestionnaires des sociétés coloniales agricoles telles que «COLOCOTON» et «COTONCO». Suite à des malentendus et incompréhensions nés des rapports discriminatoires avec ses supérieurs blancs, il démissionna, ne pouvant pas supporter pendant longtemps des injustices.
Toujours en quête du savoir et du bon savoir, il avait eu l’occasion de se former davantage via des cours par correspondance. Il s’est spécialisé en droit civil, en droit commercial et en comptabilité. Aussitôt rentré à Luluabourg devenu Kananga aujourd’hui, il est engagé par la Banque du Congo-Belge et du Ruanda-Urundi.
En plus de ses activités professionnelles de professeur et ensuite de fonctionnaire, Albert KALONJI se distingua aussi par ses écrits dans les périodiques et journaux locaux, comme La Croix du Congo, Les Horizons, Le Kasaï, etc. Ce qui lui permet d’être facilement accepté comme membre du club restreint des évolués de Luluabourg et d’accroître indirectement sa notoriété. Ces articles abordaient des sujets revendiquant l’amélioration des conditions de vie des indigènes, et dénonçaient les injustices et les mauvais traitements que subissaient les populations congolaises.
C’est ainsi qu’en septembre 1955, il est nommé représentant des indigènes au sein de l’organisme dénommé TEPSI (Travaux de Etudes du Progrès Social Indigène). Ensuite, il est nommé membre du Comité Provincial de l’Urbanisme et du Conseil de la Province du Kasaï. Dès 1957, il est nommé membre suppléant du Conseil du Gouvernement Général à Léopoldville, puis membre effectif au Fonds Reine Elisabeth pour la Mère et l’Enfant en abrégé FOREAMI.
Entretemps, Albert KALONJI a déjà quitté la Banque Centrale du Congo pour s’installer à son propre compte. Il est agréé pour prester en qualité d’expert-comptable fiscaliste par le Tribunal de Première Instance de Luluabourg. Ce nouveau métier lui permit de parcourir le Kasaï de bout en bout afin d’aider ses clients à mettre leur comptabilités à jour.
Les débuts d’un destin politique
Il faut noter que le véritable premier acte politique d’Albert KALONJI date de 1954. Il consiste en sa participation à une initiative commune des évolués de Luluabourg qui se décidèrent à adresser une lettre au Ministre du gouvernement belge en la personne de Monsieur BUISSERET venu en mission au Congo. On rappellera qu’à son retour en Belgique, celui-ci prit l’initiative d’ouvrir un réseau scolaire d’enseignement laïc qui fit ériger des nombreuses écoles dites Ecoles Officielles. Il fut néanmoins convoqué par l’AIMO qui faisait office de sureté pour l’entendre sur procès-verbal. L’administration coloniale voulait savoir si les indigènes ou plutôt les évolués s’étaient réunis quelque part pour rédiger une missive de ce genre destinée à un ministre belge.
Sans le vouloir, le guichet de son cabinet d’expert-comptable et Consultant fiscaliste deviendra peu à peu un lieu de consultation pour les réclamations ou revendications diverses à caractère social de la part de ses compatriotes lésés et peu instruits. Toujours motivé par le souci de promouvoir les indigènes, il aida à la constitution du syndicat chrétien par divers dons et conseils, dont une voiture Volkswagen. Il ne sera pas ainsi surprenant d’apprendre qu’il fut nommé membre du Conseil Général auprès du Gouverneur Général à Léopoldville. En 1959, il sera élu par le Conseil de Province en qualité de membre suppléant pour siéger au sein du Conseil de Législation à Bruxelles lequel avait été créé après les émeutes du 04 janvier 1959 à Léopoldville.
Cependant, toujours soucieux d’apprendre plus et de s’améliorer, Albert KALONJI se fit inscrire aux études universitaires à Mons afin d’obtenir un diplôme d’ingénieur commercial. Un jour, il fut convoqué au Ministère des Colonies par M. Pétillon qui était devenu entretemps ministre. Il le sermonna en des termes très sévères lui reprochant d’avoir déserté son poste au Conseil Général. Il ordonna qu’il soit conduit immédiatement à l’aéroport de Zaventem pour être embarqué manu militari sur un avion de la Sabena à destination de Léopoldville. C’en était fini avec les études. Il reviendra dans son Kasaï natal. Trêve de plaisanterie !
N’empêche qu’il avait pris part à l’Exposition Universelle de Bruxelles de 1958.
C’est à l’occasion de ses différents séjours à Léopoldville qu’il fera connaissance de ceux qui deviendront ses compagnons de lutte politique. C’est le cas d’abord de Joseph NGALULA, ensuite de Joseph ILEO, Cyrille ADOULA, Martin NGWETE, Gaston DIOMI, et tant d’autres ! Il fut convenu qu’il soit présenté au Comité du Mouvement National Congolais. C’est alors qu’il rencontrera Patrice LUMUMBA. Albert KALONJI proposa de créer des structures provinciales du Mouvement. Il fut chargé d’implanter le parti au Kasaï.
Avec ses moyens propres, il imprimera les cartes des membres, soutiendra le fonctionnement de l’administration du parti à Luluabourg en équipant les sections du parti de trois voitures VW. Puis, il installera des structures à Lusambo et Lodja, et enfin partout ailleurs au Kasaï. Tous les membres du Mouvement Solidaire Muluba devinrent automatiquement membres du MNC. Il faut signaler que LUMUMBA Patrice n’avait pas encore mis ses pieds au Kasaï en ces temps-là. Les activités du parti MNC étaient tellement prospères au Kasaï que le comité provincial avait commencé de transférer chaque mois des fonds pour soutenir la structure nationale. Ce fonds était estimé à trois millions de francs.
Albert KALONJI se rendra aussi au Katanga pour y installer une section du MNC. De même au Kivu où il recrutera M. Bernardin DIAKA devenu MUNGUL. Il en profitera pour ouvrir une section à Bujumbura. Dans la foulée, il organisera à ses frais le premier congrès des partis politiques à Luluabourg. Les délégués venus de toutes les provinces proposèrent entre autres la mise en place d’un gouvernement mixte composé des ministres blancs et noirs qui prépareraient les élections et rédigeraient la constitution et les autres textes. Albert KALONJI se rendra à Bruxelles pour remettre ces résolutions au Roi Baudouin. Le Ministre des Colonies VAN HEMELRIJCK les accepta, mais le Président de son parti politique CVP-PDS M. Théo LEFEVBRE les rejeta. Le Roi le suivit. Ce qui n’empêcha pas Albert KALONJI de convaincre Antoine GIZENGA et Joseph KASAVUBU de rencontrer le Roi et d’exiger qu’il convainque son gouvernement d’accepter la tenue de la Table Ronde de Bruxelles.
A partir de ce moment, le rythme des événements va s’accélérer. Suite à un conflit interne lié à la gestion du parti, à la détermination du lieu de la réunion et aux ambitions des uns et des autres, le projet de la tenue d’un congrès du MNC aboutira à l’émergence de deux tendances. Le groupe dirigé par Joseph Iléo souhaitait que le congrès se tienne à Léopoldville et celui de Patrice LUMUMBA opta pour Stanleyville. Afin de les départager, Albert KALONJI proposa la ville d’Elisabethville. LUMUMBA et ceux qui le soutenaient s’y opposèrent catégoriquement et prirent l’avion pour la Province Orientale, tandis que la grande majorité se rendit au Katanga. C’est delà que naîtra le MNC-KALONJI.
Il est utile de signaler que pendant toute cette période de forte agitation politique, la colonie et ses fonctionnaires essaient de manipuler certains groupes des congolais, jusqu’à leur procurer des armes. Tous ceux qui osaient élever le ton étaient mis au ban! C’est ce qui arrivera à Albert KALONJI qui sera mis aux arrêts au mois de juillet 1959 pour troubles à l’ordre public. Il sera relégué pendant trois mois à KOLE dans le nord du Sankuru. L’avocat belge Jules CHOME défendra sa cause et obtint sa liberté.
Les troubles politiques au Kasaï
Peu après, la Table Ronde est convoquée à Bruxelles, les leaders des partis politiques vont discuter de l’avenir du pays et des prochaines étapes à franchir. Celle-ci aboutira à l’accord pour une indépendance immédiate. La date est fixée au 30 juin 1960. Mais, auparavant, il faut des élections. Chaque acteur politique reviendra dans son fief. Albert KALONJI est élu député national avec 79.000 voix de préférence à Luluabourg et son parti a gagné plus des sièges que tous les autres partis. LUMUMBA descendra sur place pour constituer un cartel avec tous les partis minoritaires. Le gouvernement provincial est composé. Barthélemy MUKENGE est élu gouverneur et le MNC se retrouve dans l’opposition. Ces cadres se réunissent et n’acceptent pas cet échec et se résolvent de prendre l’option de demander à la population d’origine luba de vider les lieux. Avec l’expression restée célèbre : « Ne bidi nanku, tuyayi kwetu ku baluba ». La réunion est présidée par Joseph Ngalula!
Albert KALONJI se trouve en Belgique en ce moment. Et lorsqu’i revient du voyage, il apprend toutes ces nouvelles et se sent dans l’obligation de les accepter. Entretemps, la province est en ébullition, il y a des troubles un peu partout au Kasaï qui mettent en danger la vie des populations luba-lubilanji. Le leader se chargera de négocier les moyens de transport auprès des entreprises telles que BCK, M.A.S., MERLICO, etc. pour évacuer les familles en détresse. D’autre part, il faudra se rendre à Bakwanga pour convaincre la FORMINIERE (qui deviendra Miba plus tard) de contribuer à l’accueil ces primo-arrivants devenus pratiquement des réfugiés. Il lance un appel à l’Onu et au Haut-Commissariat pour les Réfugiés pour leur demander d’aider à l’accueil, au transport, et à l’installation de ces nouveaux venus dans des conditions qui offrent les premiers secours.
Bakwanga, cette cité minière qui hébergeait un peu plus de 3.000 habitants verra sa population augmenter au centuple en quelques mois, soit de 3.000 à 300.000 résidants. Par cette présence, une ville germera tout autour, surtout à l’est de la bourgade du chef-lieu du territoire de Bakwanga. Ils en viendront de toutes les villes du pays où le muluba était persécuté. Ces migrations forcées continueront à s’accroître jusqu’en 1964. Entretemps, il fallait gérer les arrivées, défendre ces nouveaux habitants, organiser la manière de vivre, les encadrer. Voilà qui aboutira non sans difficulté à ce qui deviendra la nouvelle province du Sud-Kasaï.
La société minière placée devant un fait accompli s’en accommodera et les nouvelles autorités de fait prendront leur courage entre leurs deux mains pour s’installer. Ce qui n’était pas de nature à plaire aux autorités du gouvernement central, le Premier Ministre LUMUMBA en tête. Albert KALONJI s’emploiera à convaincre le Parlement National d’accepter la création de la nouvelle province. Ce qui deviendra une réalité une année plus tard après qu’une commission parlementaire ait mené une enquête approfondie sur le sujet.
Il est très important de relever que la mise en place des structures étatiques locales est une conséquence des âpres discussions entre M. FORTANT, Président du Conseil d’Administration de la FORMINIERE et Albert KALONJI. La société minière ne voulait plus donner de l’argent aux autorités locales. Elle posait des conditions. Il fallait absolument que ces dépenses soient considérées comme des avances sur des prélèvements d’impôts. Ca cas de force majeure, ajouté à la pression des migrants et au besoin impérieux de la survie d’un peuple constitueront le cocktail qui conduira à la création de ce que deviendra plus tard l’Etat Autonome du Sud-Kasaï.
C’est la même période que choisira le gouvernement central dirigé par Patrice LUMUMBA pour envoyer ses troupes à BAKWANGA pour mettre fin à ce mouvement de survie. Albert KALONJI utilisera sa popularité auprès des siens afin de les mobiliser, ainsi que sa notoriété auprès des milieux belges pour obtenir les premières armes et le soutien pour mettre en place une armée afin de défendre les siens qui étaient menacés de toutes parts. Pour les récentes générations, il est utile qu’ils sachent que cette province a été obtenue par le sang versé par des dizaines des milliers de nos compatriotes. Certains, aujourd’hui 55 ans plus tard, n’ont jamais eu de sépulture connue. Il revient aux autorités politiques provinciales d’y penser.
Nombreux parmi eux ont démontré d’une manière exemplaire leur bravoure et ont fait preuve d’une ingéniosité sans limite en fabricant artisanalement diverses armes telles que le canon populaire surnommé « Mwa Mbuyi », le « kapanza », lesquelles ont permis de sauver le peuple luba d’une extermination programmée par ses ennemis. Tout n’ayant pas encore été dit sur cette période, la responsabilité de documenter cette période de notre histoire incombe à nos institutions d’enseignement supérieur et universitaire qui devront guider les chercheurs sur ces pistes.
De la province du Sud-Kasaï à l’état autonome
L’indépendance du Congo est proclamée le 30 juin 1960. Les baluba en proie à des difficultés énormes d’installation et de survie ne participeront pas aux festivités. Ceux qui habitaient le district de la Luluwa et du Kasaï sont pourchassés et tués. Chaque groupe doit se défendre. Ils se fabriquent des fusils de chasse pour pouvoir se défendre. L’Administration Coloniale fournit en armes leurs adversaires. L’Armée Nationale patrouille sur les routes et elles devront affronter les milices locales dénommées «Jeunesses KALONJIstes». Le 08 août 1960, à Elisabethville où il se trouve tandis que la province est occupée par les soldats de l’Armée Nationale Congolaise (ANC), Albert KALONJI à la tête d’un gouvernement provisoire proclame la sécession de l’Etat Autonome du Sud Kasaï. Ce qui affaiblit davantage le Gouvernement Central.
Intronisation – KALONJI Albert devient MULOPWE
En avril 1961, à Miabi, les Chefs coutumiers des BALUBA, dans leur ensemble, décident en guise d’appui à son action, de conférer, si pas tous les pouvoirs, mais, une partie de leurs pouvoirs ancestraux à Albert KALONJI. A cette occasion, ils le vêtissent d’une peau de léopard et d’une hachette, symbole du pouvoir absolu, celui qu’ils introniseront MULOPWE DITUNGA, c’est-à-dire au-dessus de tous. DITUNGA parce qu’il incarnait désormais tout le pays LUBA. Cet événement, il faut le rappeler, avait eu comme conséquence la mutation de l’Etat Autonome du Sud-Kasaï en Royaume Fédéré du Sud-Kasaï.
Harcelés et attaqués de toutes parts par l’ennemi parfois invisible et qui ne menait pas une guerre classique, l’armée nationale se retira et KALONJI revint à BAKWANGA. Ces milices eurent en quelque sorte raison des troupes aguerries de l’armée. Ce fut le début plus ou moins tranquille du fonctionnement des institutions locales. Cependant, il fallait compter avec les défaillances humaines qui amenèrent les dirigeants à se disputer entre eux en se constituant en bloc du nord et du sud qu’on appelle «Bena Tshibanda» et «Bena Mutu wa Mukuna». Un an et demi après, l’aventure se termina lors du coup d’état préparé à Léopoldville et exécuté localement par M. Albert KANKOLONGO, qui était son Directeur de Cabinet.
Albert KALONJI accompagné de trois soldats habillés en tenue civile réussit à s’extraire de la ville de Bakwanga pour se diriger vers Miabi. Avec le concours des prêtres, il réussit à rejoindre la mission catholique de Tshilundu où il passa la nuit. Le lendemain, il continua vers Bakwa Mbiye chez le Chef Muzembe wa Tshielekeji. De là il se rendra à Tshijiba où l’Abbé Curé local le conduisit jusqu’à Muene-Ditu, puis Luputa, jusqu’à la frontière du Katanga. Les chefs coutumiers locaux vinrent l’accueillir pour le conduire jusqu’à Kamina. Moïse TSHOMBE, chef incontesté de l’Etat du Katanga le fera conduire jusqu’à Elisabethville.
En dépit de son départ, la nouvelle entité provinciale qui était créée avait droit à l’existence et est restée un point de refuge de tout Muluba persécuté ailleurs sur le territoire congolais. Il en est ainsi jusqu’à ce jour. Plus tard, lorsque l’ONU et l’armée nationale mirent fin à la sécession katangaise, Albert KALONJI fut de nouveau arrêté et gardé plusieurs mois à la prison de Bula-Bemba dans la province du Bas-Congo. Il réussit à la quitter pour s’exiler à Madrid au Portugal. Il reviendra en 1964 pour occuper le poste du ministre de l’agriculture dans le gouvernement du Premier Ministre Moïse KAPENDA TSHOMBE.
L’un des faits politiques, parmi les plus importants et qui mérite d’être souligné dans la vie politique d’Albert Kalonji, est le fait qu’il a été un des principaux acteurs de la réconciliation entre Baluba et Luluwa qui s’est matérialisée à travers le «Ndondu du Lac Munkamba» en présence du Président de la République Joseph KASAVUBU. C’est un exemple idéal de nos aînés qui démontre que nous sommes un même peuple. Ce rite de réconciliation basée sur la tradition fait cas d’école dans toutes les tentatives de résolutions entre groupes politiques à travers le monde. Il s’agit d’un cas unique où la coutume commune permet aux ennemis d’hier de conjurer pour toujours les divergences d’intérêts nés des circonstances de la vie moderne postcoloniale.
Le Président MOBUTU avait tenté pendant certains moments instables de son régime, de financer certaines personnes et groupuscules pour qu’ils déclenchent une nouvelle guerre luba-luluwa sans succès.
Le coup d’état de Joseph MOBUTU du 24 novembre 1965 mit fin à l’existence de ce gouvernement. Dès lors, MULOPWE se convertira en commerçant et tenta de vivre par ses activités. Il cessa de s’intéresser d’une manière active à la politique pour se consacrer à son commerce et à ses responsabilités dans la Rose Croix AMORC. Fraternité philosophique qui compte des millions d’adhérents à travers le monde et dont il était l’un des principaux conseillers. Après les pillages, Il s’exilera en Europe, où il vécut d’abord en Belgique avant de s’installer définitivement au Grand-Duché de Luxembourg. C’est de ce dernier pays, conscient de son proche échéance, qu’il décida de revenir au pays pour y lâcher son dernier soupir dans la dignité.
MULOPWE Albert KALONJI DITUNGA homme pas DIEU
Durant toute sa vie, MULOPWE Albert KALONJI avait horreur de la médiocrité et de la soumission. Ainsi, s’était-il employé à rechercher la perfection et à se faire l’élite des élites dans sa vie et dans ses relations. Il n’aimait pas du tout les personnes qui acceptent tout ce qu’ils entendent de prime abord comme bon pour eux ou pour leur communauté. Il a mené un combat pour que triomphe dans sa vie et autour de lui le rationnel qui induit de facto la justice et l’équité.
MULOPWE Albert KALONJI a eu des amis qu’il n’aura jamais oubliés dans sa vie politique et d’homme de notre pays. Nous aimerions citer certains parmi ceux-ci : Feu Président Joseph KASAVUBU, le défunt Premier Ministre Moïse TSHOMBE, Alphonse NGUVULU, Joseph ILEO SONGO AMBA et Barthélemy MUKENGE SHABANTU le tout premier Gouverneur de la Province du KASAÏ, qu’il voulait rencontrer peu de temps avant de traverser la ligne.
Le départ du MULOPWE est une vive interpellation pour les enfants de notre peuple, qu’il soit du Kasaï ou des autres provinces de la République Démocratique du Congo. Et les enfants du Kasaï dans son ensemble devront se poser plus qu’une question sur le destin et le combat mené toute sa vie durant par cet homme aux idées limpides. Depuis 1960, toutes nos provinces ont sombré dans mille et une divisions et le Kasaï en est sorti champion toutes catégories.
Si bien qu’il est bon de tirer une belle conclusion sociologique et de constater que le mythe des balubas, kasaïens, congolais et tribalistes est sans fondements dans la réalité quotidienne et politique. Dans les malheurs qui peuvent arriver à un muluba, il faut chercher le grand ennemi, mais aussi le grand facilitateur ou également l’instigateur ; tous ces personnages de la scène vous le trouverez toujours chez les mêmes balubas kasaïens ou congolais.
L’heure ne cessera de sonner encore à nos portes pour nous interpeller et nous rappeler à l’ordre. L’ordre du rationnel. Rationnel politique, rationnel social, pour prendre en main notre destin de manière rationnelle.
Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, MULOPWE Albert KALONJI est un monument de l’histoire du Congo et du Kasaï, particulièrement des Baluba-Lubilanji. A ce titre sa mémoire mérite d’être perpétuée à jamais. Aucun fait lié à l’indépendance et à la souveraineté du Congo ne peut pour quelque prétexte que ce soit l’ignorer, ni ignorer son action dans la lutte réelle pour la libération du Congo.
Kinshasa, le 28/05/2015
Bruno KASONGA NDUNGA MULE
Honoré KABENGELE MUZEMBA
Louis MUAMBA NGALULA
PROGRAMME DU DEUIL DU MULOPWE KALONJI DITUNGA Albert
VENDREDI 29 mai 2015 :
– Arrivée à Mbuji-Mayi de la Délégation et départ pour Katende
- Lieu: Village de Katende -Bakwa Tshimuna -Proclamation officielle du décès de MULOPWE KALONJI DITUNGA Albert
-Début du deuil (le deuil coutumier sera tenu du 29 mai au 29 juin 2015) (programme fait par les ayant-droits coutumiers)
SAMEDI 30 mai 2015 :
Transfert du deuil officiel à Mbuji-Mayi, capitale de la Province selon le programme ci-après:
– 10h00’: Messe à la Paroisse de Katende
- 13h00’: Transfert du deuil à Mbuji-Mayi -17h00’: Arrivée et installation (programme élaboré par les mutuelles des ressortissants du Kasaï-Oriental et le Comité de Solidarité).
DIMANCHE 31 mai 2015 :
- Hommages du public (voir les mutuelles) -Hommages officiels (programme à élaborer par le Protocole du Gouverneur)
LUNDI 1er juin 2015 :
- 09h00’: Messe à la Cathédrale Saint Jean-Baptiste de BONZOLA (protocole de l’Evêque -protocole du Gouverneur -Mutuelles) -13h00’: Pose de la 1ère pierre du Mausolée MULOPWE KALONJI DITUNGA Albert
-17h00’: Réception des officiels
MARDI et MERCREDI: RECUEILLEMENT
JEUDI 04 juin 2015 : Deuil public à Kinshasa
-14 heures: Concession ASSANEF, Commune de Lingwala
-17 heures : Messe sur le lieu du deuil
VENDREDI 05 juin 2015 :
Deuil public
- 17h00’: Messe à la Cathédrale
– 20h00’ à 6h00’ du 06 juin 2015
- Lieu: Concession ASSANEF
SAMEDI 06 juin 2015 : FIN DU DEUIL PUBLIC
(Date anniversaire de la naissance du MULOPWE)
10 à 12 heures: Clôture -Concession Assanef
Entre le 08 et le 24 juin (selon le calendrier du Chef de l’Etat)
Cérémonie Académique (Palais du Peuple (en collaboration avec le Protocole d’Etat). SUR INVITATION
Du lundi 08 juin au jeudi 25 juin 2015 : Recueillement à Kinshasa et à Mbuji-Mayi.
(Programme à faire par les Mutuelles)
VENDREDI 26 juin 2015 : Départ pour Mbuji-Mayi.
SAMEDI 27 juin 2015 : Séance culturelle à Mbujimayi
DIMANCHE 28 juin 2015 : Départ pour le Village de Katende et manifestation de levée du deuil
LUNDI 29 juin 2015 : Village de Katende -FIN DE DEUIL.
Pour le Comité de Solidarité
Fait à Kinshasa, le 29 mai 2015,
Mr KANYIKI TSHINSENSE
Mr. Patrick MUTOMBO KAMBILA
Coordonnateur
Pour les Mutuelles des Ressortissants
du Kasaï-Oriental