Les résultats de la quatrième phase de l'enquête "Performance Monitoring for Action" (PMA-RDC) sur la planification familiale, les avortements et les violences basées sur le genre (VBG) à Kinshasa ont été présentés ce lundi 25 novembre 2024 en présence du ministre provincial de la Santé, le Dr Patricien Gongo Abakazi.
Ces résultats ont été présentés par le principal investigateur du projet (PI), le professeur Pierre Akilimali, de l'École de santé publique de l'université de Kinshasa. Parlant de l'enquête sur les indicateurs de la planification familiale, il a noté la baisse de l'utilisation des méthodes contraceptives modernes chez les femmes en union, passant de 30 % en 2020 à 25 % en 2024.
L'enquête révèle aussi que l'implant reste la méthode la plus utilisée chez les femmes mariées (31%), suivi de la contraception d'urgence (29%). Les femmes non mariées, mais sexuellement actives, utilisent principalement la contraception d'urgence (41 %), les condoms (22%) et les implants (20%).
Le professeur Pierre Akilimali a par ailleurs démontré que la demande contraceptive satisfaite à Kinshasa a augmenté, passant de 32% en 2014 à 45 % en 2024. Il a, dans le même registre, indiqué que les besoins non satisfaits pour limiter les naissances ont baissé, passant de 6% en 2014 à 4 % en 2024.
L'investigateur principal de ce projet a, en outre, souligné que les besoins non satisfaits pour espacer les naissances ont diminué, passant de 12 % à 9 % au cours de la même période.
Selon le professeur Pierre Akilimali, malgré les efforts déployés, la ville de Kinshasa continue à enregistrer un pourcentage très élevé des grossesses non désirées. À l'en croire, sur base des données de l'enquête, 6 naissances ou grossesses récentes sur 10 ont été considérées comme non désirées.
L'enquête souligne aussi que parmi les femmes âgées de 15 à 49 qui n'utilisent pas actuellement une méthode contraceptive, 16% seulement ont l'intention d'en utiliser au cours des 12 prochains mois.
Dans le chapitre de la qualité des services, 17 % seulement des femmes ont obtenu les quatre informations clés qui constituent les Conseils planification familiale de qualité. Quant à la dynamique contraceptive au sein du couple, l'enquête a indiqué que 2 utilisatrices sur 10 ont déclaré que leurs maris n'étaient pas au courant.
Présentant les résultats de l'enquête sur les violences basées sur le genre (VBG), le professeur Pierre Akilimali a noté une tendance à la diminution du phénomène de violences entre partenaires intimes (VIP) à Kinshasa entre 2022 et 2024. Le pourcentage de femmes ayant déclaré avoir subi des violences physiques ou sexuelles est passé de 21 % à 14% entre les deux phases.
L'enquête note aussi que la recherche d'aide est peu courante chez les femmes rapportant les VIP et des violences au sein du ménage. Moins de 3% des survivants des violences rapportent avoir recherché de l'aide auprès de services d'aide formels en 2024.
Quant aux résultats sur l'avortement à Kinshasa, l'enquête a noté environ 77 cas d'avortements pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans en 2023. Évoquant les raisons qui les ont poussées à ces actes, ces femmes expliquent qu'elles sont soit trop jeunes, soit célibataires, soit sans ressources financières pour mener leur grossesse à terme.
Plus de la moitié des avortements provoqués à Kinshasa sont non sécurisés, martèle l'enquête. Parmi les femmes qui ont avorté, 53% ont indiqué avoir utilisé d'autres moyens que la chirurgie ou l'avortement médicamenteux. 53% des femmes ont adopté une méthode contraceptive après leur avortement. Les femmes non mariées et sans enfant sont plus nombreuses à avoir reçu une contraception post-avortement.
Présent à cette cérémonie, le ministre provincial de la Santé, Dr Patricien Gongo Abakazi, qui représentait le gouverneur Daniel Bumba empêché, a sollicité l'appui des partenaires non seulement pour la continuité de telles études, mais aussi pour une réponse efficace à tous les problèmes soulevés. Le même plaidoyer a été fait par le responsable du Programme National de la Santé de la Reproduction ( PNSR).
Rappelons que le projet PMA existe depuis 2013. Elle est exécutée par l'école de santé publique de l'université de Kinshasa, en collaboration avec le centre de recherche Patrick Kayembe et d'autres partenaires.
ODN