Il faut lire le message de Russel Feignold à l’opinion congolaise, via la presse, au 3ème degré. Il faut donc aller au-delà des mots, des concepts et des attitudes pour cerner le véritable enjeu de cette communication.
Embardée
Tout d’abord, l’Envoyé Spécial de Barack Obama dans les Grands Lacs débarque à ‘Kinshasa au lendemain des événements ayant entouré le vote de la nouvelle loi électorale au Parlement. Ce débarquement ressemble trait pour trait à celui d’un saurin attiré par le bruit sourd de la chute d’un corps dans la mer.Habile manœuvrier, Feingold s’empresse de féliciter le Gouvernement congolais qui a lancé « un signal fort assurant que des élections crédibles, transparentes et libres vont se tenir au Congo “ en annonçant que la nouvelle loi électorale toilettée au Parlement connaitrait une imminente publication.
Puis, l’émissaire américain fait une terrible embardée lorsqu’il annonce que son pays est prêt, moyennant la publication d’un calendrier global dans les délais, à apporter son soutien financier à l’organisation de la présidentielle en Rdc.
Moralité; la Maison blanche a crié sur tous les toits que le prétexte financier ne saurait empêcher la tenue.de la présidentielle au Congo - Kinshasa. Bien au contraire, seul tout retard dans la publication du calendrier électoral global pourra hypothéquer l’organisation, de la présidentielle.
La manœuvre très subtile de Washington met Kinshasa dans l’obligation de sortir des liens du piège américain. La seule voie de sortie reste la publication par la Ceni d’un calendrier global, assorti de projections budgétaires dans le plus bref délai.
Procéder de la sorte dédouanerait le gouvernement congolais et la Ceni de tout retour de manivelle si jamais la reddition des comptes s’imposaient au bout du processus. Le mieux à faire serait donc de prendre l’administration américaine à’ son propre piège.
Car, à lire Feingold entre les lignes, on pourrait même conclure que les USA ont pris tacitement l’engagement de soutenir la présidentielle quels qu’en soient le coup et les obligations. Un peu comme si la Maison Blanche a dit au Gouvernement congolais de s’occuper de toutes les autres élections et de lui laisser la présidentielle.
A temps
Note agréable au tableau, le Gouvernement congolais semble avoir pris toute la mesure du défi lancé par Washington. En effet, le porte-parole du Gouvernement, le sémillant Lambert Mende, a salué cette annonce fracassante américaine et a demandé que les actes suivent les paroles au moment attendu.
D’autre part, la Ceni s’est dite disposée à publier finalement le fameux calendrier global assorti des prévisions budgétaires. Entre les deux camps, le Gouvernement et la Ceni d’une part ainsi que l’administration, américaine d’autre part, la course à la montre est engagée. Le piège va irréversiblement se refermer sur celui qui n’aura pas capté les signes du temps.
LP