Déjà échaudée par l’élimination fort controversée, par la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante), de nombreux candidats aux gouvernorats de nouvelles provinces démembrées, la classe politique congolaise est entrée, le week-end dernier, dans une nouvelle zone de turbulences. La raison de cette forte agitation n’est autre que le projet du président de cette institution d’appui à la démocratie, Corneille Nangaa, de solliciter l’avis de la Cour Constitutionnelle au sujet de la possibilité d’organiser l’élection présidentielle au- delà du délai constitutionnel. Selon des sources qui ont suivi une conférence qu’il a tenue le vendredi 18 mars 2016 aux USA, la CENI aurait besoin d’au moins 18 mois pour les préparatifs de ce scrutin.
C’est la levée de boucliers dans les rangs de l’Opposition et de la Société civile qui lui est attachée. Le camp des anti-glissement se demande pourquoi cette fuite en avant de la part la centrale électorale, alors, que depuis l’époque de l’abbé Malu-malu, elle avait résolu de s’en remettre aux conclusions du Dialogue en ce qui concerne la gestion du processus électoral. Cela sous-entendait que ce sont les participants à ce forum qui devaient dicter à la CENI la ligne de conduite à suivre pour le réaménagement du calendrier électoral, l’audit du fichier électoral et sa révision, l’enrôlement de nouveaux majeurs, le financement des élections, la sécurisation du processus électoral, la prolongation ou non des mandats des animateurs actuels des institutions de la République, etc.
Le Dialogue politique inclusif sans objet?
En prenant l’initiative de consulter la Cour Constitutionnelle pour une question restée en suspens en attendant la tenue effective du ‘Dialogue, la CENI donne la nette impression de vouloir prendre tout le monde de vitesse et de placer, le moment venu, ses potentiels participants devant le fait accompli. Sur quel ordre du jour devait alors porter un forum dont l’une des missions principales devrait consister à débloquer le processus électoral actuellement en panne? De quoi devraient encore parler les délégués de la Majorité Présidentielle, de l’Opposition et de la Société Civile dès lors que Corneille Nangaa et son staff auront déjà levé l’option du « glissement », avec le concours de la Cour Constitutionnelle ? Qu’est-ce qui justifie la précipitation de cette institution d’appui à la démocratie à vouloir régler coûte que coûte la question de l’organisation de la présidentielle alors que les premiers intéressés que sont les membres de la classe politique ne se sont pas encore totalement mis d’accord sur les termes de référence du Dialogue?
Même si cette « table ronde » était renvoyée aux calendes grecques, il n’appartiendrait pas à la CENI de décider, toute seule, de la prolongation automatique du mandat du Chef de l’Etat actuellement en fonctions. Ce serait un signal très négatif en direction de tous ceux qui doutent de son indépendance et de son impartialité dans la conduite du processus électoral. Dans l’hypothèse de la formalisation de la saisine de la Cour Constitutionnelle et d’un « feu vert» de cette dernière au « glissement », comme ce fut le cas pour la nomination des Commissaires spéciaux à la tête des 21 nouvelles provinces démembrées, quel discours va encore tenir la Majorité à l’endroit des partis et regroupements politiques de l’Opposition jusque-là favorables au Dialogue ? Serait-il encore possible de les convaincre de la volonté du pouvoir en place de faire participer le peuple congolais à un processus électoral transparent, libre, démocratique et apaisé, alors que les ingrédients d’un passage en force s’accumulent?
Par KIMP