Primes, profs et médecins grondent quand rien ne va entre Matata et Yav Mulang

Jeudi 8 octobre 2015 - 20:10

Le ministre de l’Enseignement supérieur, Théophile Bemba tient ferme à la rentrée parlementaire pour le 15 octobre prochain. Pas de rentrée sans prime de 500.000 FC soit environ 545 USD insiste mordicus l’APUKIN, syndicat des profs de l’Université de Kinshasa. Bras de fer en perspectives qui pourrait avoir un effet domino. Médecins et magistrats sont derechef sur le qui-vive.

Branle-bas sur le front social…Tout dépendra du succès sinon de l’échec de la prochaine rentrée académique. Pourtant, alors que les finances publiques ont subi un coup de grisou suite à la dégringolade des cours des matières premières, le gouvernement a tout de même multiplié des gestes d’apaisement en accordant aux fonctionnaires des secteurs de la santé et l’EPSP une certaine majoration de leurs primes. La prime de risque des médecins a, par exemple, été amené à 150.000 FC soit environ 160 USD. Avis d’experts, c’est plutôt les yeux de la tête que professeurs, assistants et administratifs de l’ESU en ce temps de morosité financière, au Premier ministre. Ils réclament un supplément de 500 000 francs soit près de 545 dollars le mois. Et ce avant la rentrée académique 2015-2016.
Le président de l’Association des professeurs de l’Université de Kinshasa (APUKIN), Kitombole Tshovu a indiqué que cette demande d’augmentation est liée à la dépréciation de la prime institutionnelle qui ne satisfait plus les besoins essentiels de tous les membres de ce corps. L’on se souviendra que les professeurs de l’Université de Kinshasa avaient déjà exigé du gouvernement, avec ultimatum à l’appui, le paiement des arriérés de la prime de fonction académique. Une évaluation du protocole d’accord signé avec le gouvernement le 10 avril 2010 auquel l’APUKIN représentait l’ensemble de professeurs de la RDC, basé sur l’amélioration de leurs conditions de travail avait été faite. Ces derniers exigeaient le paiement des arriérés de prime à tous les professeurs, bénéficiaires des véhicules ou non. Déjà au mois de juin dernier, un groupe de professeurs d’université s’était quasiment illustré par un comportement à la limite ostrogothe. Impayés depuis plusieurs mois, ces profs avaient, en effet, improvisé un rassemblement devant la Primature. D’aucuns réclamaient la régularisation de leur situation administrative, d’autres, un salaire équivalent à leurs grades. Ils avaient été dispersés par la police. Près d’un mois après, courant juillet 2015, les mêmes prof tiennent un second sit-in toujours devant le cabinet du Premier ministre. Cette fois, la repression policière est on ne peut plus brutale. Dispersés par la police, certains profs avaient même été blessés. Il sied toutefois de relever qu’aucune initiative du dialogue social n’a pas été réellement entreprise pour juguler la tension sociale qui va crescendo. Il y a peu, la Synamag, Syndicat national de la magistrature avait donné de la voix pour exiger du gouvernement l’amélioration des conditions salariales de ses adhérents. Les magistrats déplorent par la même occasion les conditions matérielles dans lesquelles ils exercent leurs activités et dénoncent le peu de considération dont ils sont l’objet de la part de l’Etat congolais. L’un de leur porte-parole révèle qu’ils ont procédé à une étude comparative et constaté que « le magistrat congolais est le moins bien payé de toute l’Afrique subsaharienne ». A cet effet, il avait révélé qu’un magistrat nigérien « touchait 4 à 5 fois plus que son homologue congolais ». Les médecins et le personnel de santé sont également concernés. Il y a quelques semaines, quelques-uns de ces agents battaient le pavé sur l’avenue Roi Baudouin, siège de la Primature. Tous avaient déserté leurs bureaux. Ils réclamaient le paiement de leur prime, bloquée depuis plusieurs mois. Voilà pratiquement six mois que le Premier ministre, Matata Ponyo, a enjoint son ministre des Finances, Henri Yav Mulang, de ralentir le rythme de décaissement des fonds au titre des primes . Dans sa correspondance référencée n0CAB/PM/DIRCAB/CAF/2015/1378 datée du 10 mars 2015, le Premier ministre demande à son ministre des Finances, « Je vous demande d’obtenir mon accord préalable pour tout paiement… ». Matata Ponyo a, par exemple, déploré le paiement des primes non permanentes. «… des montants payés annuellement au titre des primes non permanentes connaît un accroissement exponentiel et risque d’annihiler les efforts non seulement de gestion rationnelle des ressources disponibles … », déplore le Premier ministre. Réponse du ministre des Finances :«(…) le ministère des finances continuera à ordonnancer les dépenses conformément à la note circulaire n°001/ME/MIN BUDGET/2005 du 05 janvier 2015 contenant les instructions relatives à la loi des Finances n°14/027 du 31 décembre 2014. En autre terme, le ministre des finances a opposé un niet ferme au Premier ministre.
POLD LEVI

 

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