Plusieurs ex-combattants du M23, réfugiés en Ouganda depuis la défaite de cette rébellion congolaise, ont été blessés par balles mardi 16 décembre par l’armée ougandaise. L’ex-rébellion dénonce une tentative de rapatriement forcé vers la République démocratique du Congo (RDC).
Des camions (de l’armée ougandaise) sont arrivés pour embarquer de force, les quelque 1 300 ex-combattants du M23 ayant fui la RDC lors de la déroute de leur rébellion en novembre 2013 et cantonnés depuis dans un camp à Bihanga (bien Bihanga), à quelque 300 km au sud-ouest de Kampala, a expliqué à l’AFP le président du M23, Bertrand Bisimwa.
Ils ont refusé d’embarquer dans les camions (…) des coups de feu sont partis du côté de l’armée ougandaise, a ajouté M. Bisimwa, joint par l’AFP à Kampala, où il réside, depuis Nairobi. Il a précisé avoir confirmation d’un nombre indéterminé de blessés et peut-être des morts.
Des renforts militaires ont été déployés à Bihinga pour rétablir la situation et retrouver certains ex-officiers rebelles que l’armée accuse d’être à l’origine du refus d’embarquer, a-t-il ajouté.
Selon M. Bisimwa, ce rapatriement est une violation des règles du droit international et des déclarations signées le 12 décembre 2013 à Nairobi entre le gouvernement de RDC et le M23, mettant fin au conflit.
Le document de Nairobi, selon lui, prévoyait que la question du rapatriement des anciens rebelles réfugiés hors de RDC soit discutée entre l’ex-rébellion et les autorités de Kinshasa ce qui n’a jamais été fait.
Ce processus de rapatriement, que Kinshasa souhaite voir achevé avant le 31 décembre, piétine depuis plusieurs semaines, chaque camp s’accusant du blocage et la communauté internationale s’inquiétant de la lenteur des avancées.
Joint par RFI, le porte-parole de l’armée ougandaise, Paddy Ankunda, dément tout rapatriement forcé et affirme que les ex-rebelles ont fui à l’approche des camions. Selon lui, 120 sur les 330 déjà amnistiés par le gouvernement congolais auraient accepté de rentrer et la majorité d’entre eux seraient sur le chemin du retour. Un millier d’autres ont fui, toujours selon le porte-parole de l’armée ougandaise, et Kampala est à leur recherche.
Pour sa part, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, accuse l’ex-rébellion de vouloir faire échouer le processus de rapatriement. « La petite fraction du M23 qui est accusée de crimes de guerre a tout fait pour faire échouer le processus de rapatriement », a-t-il expliqué ajoutant que la délégation de Kinshasa, présente sur les lieux, était désarmée et n’avait donc rien à voir avec d’éventuels coups de feu.
François Muamba, coordonnateur du mécanisme de suivi de l’accord d’Addis-Abeba, séjourne à Kampala. Il y a été dépêché par le gouvernement congolais.
(Avec l’AFP)