L’ONG Human Right Watch a publié le mardi 18 novembre 2014 un rapport de 63 pages, intitulé « Opération Likofi : Meurtres et disparitions forcées aux mains de la police à Kinshasa ». Dans ce document, l’ONG y décrit comment des policiers en uniforme, portant souvent des cagoules, ont traîné des membres présumés de gangs connus sous le nom de « Kulunas » hors de leurs demeures pendant la nuit et les ont exécutés. Les policiers ont ouvert le feu et tué des jeunes hommes et garçons non armés devant leurs maisons, dans les marchés ouverts où ils dormaient ou travaillaient, ainsi que dans des terrains à proximité ou dans des espaces isolés. Un grand nombre d’autres ont été emmenés - sans que les policiers ne présentent un mandat d’arrêt - vers des destinations inconnues, et soumis à des disparitions forcées.
Le porte-parole du gouvernement Lambert Mende a dénoncé une « ingérence inacceptable », et estimé que HRW n’apporte pas de preuves pour étayer ses accusations. En plus, Lambert Mende voit dans ce rapport une « ingérence inacceptable ». Pour les autorités congolaises, le fait que Human Rights Watch demande à ce que le commandant de l’opération policière – le général Célestin Kanyama – soit suspendu et qu’une enquête soit ouverte, est une ingérence. « De quel droit une ONG demande-t-elle à un Etat de suspendre un responsable, sans fournir des preuves de ce qu’elle avance ? », a réagi Lambert Mende, joint par téléphone par RFI, ajoutant : « C’est à nous de décider qui est coupable et qui est innocent. »
Le porte-parole du gouvernement a affirmé en outre qu’aucun élément impliquant directement le général Kanyama dans ces exécutions sommaires n’a été trouvé à ce jour et que HRW n’a pas pris en compte les mesures prises par les autorités. Une commission d’enquête a en effet été créée en septembre. Selon Lambert Mende, 34 policiers ont été sanctionnés, avec des condamnations allant d’un an de prison à la peine de mort.
A l’instar de Lambert Mende, certains Congolais et même des étrangers intervenant dans l’émission « Appels sur l’actualité » animée par Juan Gomez de Rfi ont tous soutenu la Police de Kinshasa. Un intervenant a même demandé aux représentants de HRW ce que doit faire la police congolaise pour que sa réponse soit efficace et proportionnelle vu le niveau de criminalité de ces bandits appelés Kuluna. Un autre s’est demandé si la soit disant violence policière n’est-t-elle pas la résultante du niveau de criminalité de ces bandits en pleines rues de Kinshasa ? Savez- vous que ces bandits violent les femmes, volent et portent atteinte physiquement chaque jour qui passe dans les rues de Kinshasa ? Un autre a justifié l’opération « Likofi » en disant qu’elle visait à sécuriser les paisibles citoyens en mettant hors d’état de nuire ces terroristes sanguinaires qui volent, violent, tuent, assassinent et dépiècent sans foi ni loi…
Des gouvernements étrangers menant des activités subversives
Dans un point de presse animé hier dans son cabinet de travail, Richard Muyej, ministre de l’Intérieur, Sécurité, décentralisation et Affaires Coutumières a constaté la similitude entre le rapport de HRW et celui du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) publié le 15 octobre dernier. Au lieu que les auteurs du présent rapport constituent de nouvelles preuves, ils ont plutôt confectionné des prétendues preuves dont des photos des personnes qui, curieusement, n’ont pas de nom, seulement l’âge.
Parmi les sources présentées, Human Right Watch cite un rapport confidentiel rédigé par un gouvernement étranger et des policiers faisant partie de l’opération « Likofi », lesquels ont affirmé que certains Kulunas enlevés ont été assassinés clandestinement et leurs corps jetés dans le fleuve Congo. Par ces affirmations, le Gouvernement de la République constate que certains gouvernements étrangers mènent des activités subversives sur le territoire congolais, et par ce fait, exige que HRW puisse citer ce pays étranger afin que l’on puisse tirer toutes les conséquences qui s’imposent.
Par le même fait, sans que HRW ait des preuves convaincantes que les policiers informateurs soient ceux affectés à l’opération « Likofi », cette ONG montre à suffisance qu’elle infiltre les services de sécurité d’un pays souverain et indépendant où elle recrute des agents qui lui servent de 6ème colonne, facilement assimilable à de l’espionnage.
Concernant les photos confectionnées et publiées dans ce rapport, Richard Muyej fait observer que certaines personnes présentées comme mortes ou disparues ont été reconnues par leurs collègues du Centre pénitencier et de rééducation de Makala avec qui ils croupissent en prison. Tels sont les cas de l’homme de 30 ans prétendument tué le 26 novembre 2013, pendant qu’il croupit au CPRK ; le jeune homme de 22 ans présenté comme victime de disparition forcée le 23 décembre 2013 ; le jeune homme de 21 ans présenté comme victime de disparition forcée le 24 décembre 2013, …
« Avec ces preuves ainsi étalées qui contredisent suffisamment les allégations de Human Right Watch, quelle crédibilité pouvons-nous accorder aux publications de cette ONG et aux sources de leurs informations que sont certaines familles en mal de déclaration ? », s’est-il demandé, avant de dire que le même rapport montre d’autres photos des personnes tuées par lapidation attribuées à l’opération « Likofi », comme si les policiers utilisaient des briques contre les « Kulunas ».
Le Gouvernement annonce « Likofi 3 »
A jeter un petit coup d’œil sur ce rapport qui concerne l’ « Opération Likofi » menée de novembre 2013 à février 2014 à Kinshasa, on se rend aussi facilement compte que la préoccupation des auteurs de ce rapport est autre que la défense des droits de la population. Sinon, comment expliquer que rien en soit dit, dans le rapport de Human Right Watch, sur les victimes des Kulunas : des femmes tuées, éventrées, violées, des policiers tués ou dont les bras ont été coupés, etc.
Ceci, parce que l’objectif de la publication de ce rapport paraît être de mettre le Gouvernement de la République en déphasage avec la population qui a réclamé et continue de réclamer la continuité de l’opération « Likofi » ; couper l’élan pris dans le cadre de la réforme de la Police et de la sécurisation de la population.
Mais en dépit de cette campagne éhontée de dénigrement de la Police, le Gouvernement de la République est déterminé à poursuivre ses efforts de sécurisation de la population et réaffirme sa détermination de mettre bientôt les moyens conséquents à disposition du commandement de la ville pour la matérialisation de l’opération « Likofi 3 ». Car selon Richard Muyej, comme tous les peuples du monde, les Congolais ont droit de vivre dans la sécurité et la paix. Et sa Police a été effectivement formée pour cette fin. Ceux des policiers qui enfreindront les consignes subiront la rigueur de la loi, comme cela est le cas pour ceux de l’opération « Likofi » ou qui ont faussement agi sous ce couvert.
L’Avenir