Le ministre de l’Intérieur, Richard Muyej a révélé dimanche 2 novembre à Goma que des citoyens congolais figurent parmi de suspects interpellés ces derniers jours en rapport avec les massacres qui ont eu lieu à Beni dans la province du Nord-Kivu.
Une centaine de personnes ont été tuées durant les quatre dernières semaines dans le territoire de Beni, à plus de 350 km au Nord de Goma (Nord-Kivu). Des assassinats qui sont principalement attribués aux rebelles ougandais des ADF.
«Il y a quelques cas d’arrestations parmi lesquelles quelques Congolais. C’est-à-dire que l’ennemi est dans la cité. Au niveau des services, au niveau de l’armée et de la police, nous faisons des efforts et nous continuerons à le faire», a indiqué le ministre de l’Intérieur.
Richard Muyej a demandé à la population locale d’«éviter de faire le jeu de l’ennemi» et de collaborer avec tous les services de sécurité.
Le bilan de nouvelles tueries perpétrées par des hommes armés dans la nuit de samedi à dimanche à Beni diverge selon les sources. Les autorités locales parlent de 11 morts et la société civile de 14. Des femmes et des enfants figurent parmi les victimes de ce nouveau massacre commis au lendemain d’une visite du chef de l’État congolais dans cette ville.
Pour mettre fin à cette série noire, Richard Muyej demande l’implication de la population locale:
«Nous avions prévenu la population qu’il fallait éviter de faire le jeu de l’ennemi. Les dispositions étaient prises mais c’était un processus. Ce n’est pas par une baguette magique, qu’elle s’arrêtera à la même seconde. Cette guerre s’arrêtera. Sur place aussi, nous avons dit à la population, le chef de l’État l’a répété, il faut que la population elle-même nous aide à mettre fin à cette guerre. C’est important !»
Pour lui, il faut davantage de «la vigilance pour identifier tous ces réseaux, les dénoncer de manière à [] permettre de les neutraliser.»
Tout en reconnaissant la gravité de la situation sécuritaire à Beni, le ministre de l’Intérieur déclare que cette situation ne doit pas perdurer.
Dans son adresse vendredi 31 octobre à la population de Beni, Joseph Kabila avait lancé une mise en garde contre les rebelles ougandais des ADF. Ce qui n’a pas dissuadé les assaillants à commettre des crimes le lendemain après son départ. Le chef de l’Etat avait par ailleurs demandé le renforcement des casques bleus dans cette zone. Une demande que le chef de la Monusco, Martin Kobler a favorablement accueilli.
- Couvre-feu instauré à Beni -
Le maire de Beni, Nyonyi Bwanakawa a annoncé, lundi 3 novembre, l’instauration d’un couvre-feu dans cette ville, située à 350 km au Nord de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
Toutes les activités doivent désormais cesser de fonctionner dans la ville à partir de 18h 30 locale. Cette mesure a été décidée au cours du Conseil urbain de sécurité pour faire face à la résurgence des massacres des civils dans ce territoire. Plus de 100 personnes ont été tuées, en l’espace d’un mois, par les présumés rebelles ougandais des ADF.
«Il y a quelques jours, nous avons déploré l’assassinat de plus ou moins 30 personnes dans la ville. Et dans un passé récent, la ville avait perdu 10 autres personnes. Alors, face à une situation comme celle-ci, nous avons décidé un couvre feu sec », a expliqué le maire de la ville de Beni.
Nyonyi Bwanakawa a recommandé la cessation de toute activité à partir de 18 h 30. Les habitants de Beni doivent rester chez eux jusqu’au matin à 6 heures locales.
«Ça permet aux services spécialisés notamment l’armée et à la police, quand ils trouvent quelqu’un dehors, de comprendre qu’ils sont en face d’un ennemi. Cette mesure va durer le temps que ça va prendre», a-t-il poursuivi.
- Appel à un Etat d’urgence -
Pour sa part, la société civile du Nord-Kivu appelle le chef de l’Etat, Joseph Kabila, à décréter un État d’urgence dans le territoire de Beni, en proie aux massacres des civils.
Le vice-président de cette structure, Omar Kavota, a fait cet appel, lundi 3 novembre, au cours d’un point de presse à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu.
Il a qualifié les massacres perpétrés contre les populations civiles de Beni de “nouvelle guerre qui commence dans la zone”. Omar Kavota a également invité la communauté internationale à soutenir le gouvernement congolais pour faire face à ce climat d’insécurité.
«Notre structure note qu’au bout d’un mois, soit du 2 octobre au 2 novembre, les massacres successifs des ADF à Linzo-Sisene, Maimoya, Maibo, Kisiki, Mukoko, Oïcha, Ngadi, Mavivi, Eringeti, Bango, Kambi Ya Chui puis Boykene viennent coûter la vie à environ 120 personnes et occasionner le déplacement massif de plus ou moins 10 000 ménages», a fustigé le vice-président de la société civile du Nord-Kivu.
Cette organisation estime qu’au delà de simples actes de sabotage, ces massacres traduisent un signal fort d’une nouvelle guerre qui s’annonce.