C’est demain mercredi que l’Assemblée nationale devra se prononcer sur les deux motions de défiance respectivement contre le ministre de l’Industrie, Petites et moyennes entreprises, Rémy Musungayi et le ministre délégué près le Premier ministre en charge des Finances, Patrice Kitebi. Un exercice parlementaire procédant, certes, de la bonne gouvernance car, les élus du peuple ont notamment pour mission constitutionnelle de contrôler le Gouvernement.
Cependant, d’aucuns formulent des inquiétudes à propos de la motion de défiance contre le ministre de l’Industrie, petites et moyennes entreprises, car, pensent-ils, beaucoup de choses ne tournent pas rond dans la démarche de l’initiateur de la motion. D’abord sur les griefs retenus contre l’incriminé.
Le député Alphonse Awenzi parle de la cimenterie de Kisangani, là où le ministre Musungayi évoque le dossier qu’il connaît, à savoir la cimenterie de la Province Orientale (CIPOR). C’est un peu comme si on reprochait au recteur de l’Université de Kinshasa, la mégestion de l’Université de Kisangani. Raison pour laquelle, lors de sa réaction à la question orale avec débat de l’élu de la Province orientale, Rémy Musungayi s’est plutôt appesanti sur la cimenterie de la Province orientale (Cipor). A propos de ce dossier, le numéro 1 de l’Industrie a largement éclairé la lanterne des élus du peuple, en donnant toutes les explications nécessaires.
Il a été reproché à Rémy Musungayi d’avoir abandonné au port de Matadi, les matériels de la Cipor, arrivés au Bas-Congo en 2010, pendant qu’il était encore député national de la législature passée. Ce qui n’est pas vrai. Car, ces matériels ont été transportés de Matadi à Kisangani, via Kinshasa, à partir du mois de juin 2012, soit deux mois seulement après l’investiture du Gouvernement Matata.
C’est pour récupérer justement ces matériels abandonnés deux ans durant dans la ville portuaire que le Premier ministre avait signé le 19 juin 2012, un ordre de mission en faveur du ministre Musungayi, avec pour objet : « enlèvement d’urgence du matériel de la cimenterie de la province Orientale (Cipor). »
En plus, la matière est transversale parce qu’il y a la part des ministères de l’Economie, de Ressources hydroliques et Electricité, etc. Au final, dans cette question, estiment certains observateurs, le ministère de l’Industrie a sa part de responsabilité comme les autres. Au regard de tous ces éléments, quelle est la pertinence de cette motion de défiance, s’interrogent-ils.
GARE AUX REGLEMENTS DE COMPTES
Surtout que dans les travées de l’Assemblée nationale, au terme de la plénière à huis-clos du vendredi 30 octobre dernier, ayant décidé de ces deux motions de défiance, les avis des députés sont partagés. Certains n’hésitent pas à parler même de l’acharnement. Ils se demandent pourquoi cette motion est maintenue, en dépit de toutes les explications relevant du bon sens fournies par le ministre Musungayi.
D’autres observateurs, tout en applaudissant la doctrine de la motion sanction pour des raisons d’exemplarité et de la bonne gouvernance, craignent que des hommes politiques se servent de cette procédure à des fins de règlement de comptes ou de positionnement. Et quand on sait que le Gouvernement de cohésion nationale est toujours devant nous, il ne faut pas être spécialement devin pour déduire que ceci peut expliquer cela. MOLINA