Mgr Fridolin Ambongo invite la France à faire pression pour l’alternance en RDC en 2016

Lundi 16 février 2015 - 15:27

Dans une interview accordée à La Croix, Mgr Fridolin Ambongo, président de la commission Justice et Paix de l’épiscopat de la RDC, a salué au passage la détermination des Congolais qui étaient descendus dans la rue, malgré l’interdiction de manifester, pour contraindre le pouvoir à se rétracter.
Mgr Fridolin Ambongo était à la tête d’une délégation de membres de la commission Justice et Paix de la Conférence des évêques de la RDC qui a fait le tour de grandes chancelleries en Europe. Ce prélat catholique a indiqué que la tournée s’explique par la situation politique de la RDC.

La délégation a échangé avec les autorités françaises, mais aussi allemandes, belges et européennes.
Nous pensons que le président Joseph Kabila veut se maintenir à la tête de l’Etat après 2016, date à laquelle il doit quitter le pouvoir après deux mandats consécutifs. Pourtant, la Constitution lui interdit de briguer un troisième mandat », a-t-il dit, avant d’indiquer que” cette volonté s’est manifestée à plusieurs reprises: le régime a d’abord tenté de changer un article pour lui permettre de se représenter. Puis, il a voulu lier les prochaines élections à un recensement de toute la population “. Le prélat dénonce également la volonté de Joseph Kabila de s’offrir quatre ans de plus au pouvoir à travers le recensement général de la population qui prend au moins quatre ans en RDC. Des tentatives qui ont échoué à la suite des soulèvements qui ont eu lieu à Kinshasa et qui ont contraint le Parlement a renoncé à ce projet de loi.

Mgr Ambongo dénonce la duplicité du président congolais qui a souvent indiqué qu’il n’a aucune envie de changer les règIes constitutionnelles. Mais Kabila n’a toujours pas annoncé qu’il ne sera pas candidat en 2016.

Paris doit jouer son rôle

Le président de la commission Justice et Paix de l’épiscopat de la RC a expliqué que sa délégation a demandé aux autorités françaises de dissuader Kabila de vouloir rester contre la volonté de tous.
Les populations d’Afrique centrale sont généralement considérées comme amorphes, incapables de réagir contre leurs dictateurs. En RDC, ce n’est plus le cas. Nous demandons au gouvernement français de prendre cet élément-là très au sérieux, et d’accompagner Ie peuple, de l’encourager afin que l’initiative de changement démocratique vienne de la base”, a-t-il dit. Puis, il a ajouté que la France est également sollicitée pour faire pression sur l’entourage du président Kabila pour qu’il parte en 2016. Mgr Fridolin Ambongo salue le réveil du peuple congolais, aussi bien sur le plan civique que politique. “J’y vois l’aboutissement de tous les efforts menés par la société civile, et en particulier par l’Église catholique, à travers son programme d’Éducation civique et électorale. Quand vous allez à l’intérieur du pays, vous sentez que les rapports entre les élus et le peuple ont changé. Les gens savent pertinemment qui travaille pour leur bien, et qui ne le fait pas. Le peuple n’est plus disposé à Iaisser un homme modifier la Constitution pour servir ses intérêts privés explique-t-il.

A la question de savoir les raisons pour lesquelles l’Eglise s’engage sur le terrain politique, l’évêque indique que dans un pays comme le Congo, la mission d l’Église est de s’occuper de tout ce qui touche à la personne humaine, dans sa dimension spirituelle, mais aussi économique, culturelle et politique. “ Personne ne nous critique parce que nous avons des écoles et des hôpitaux. En revanche, quand nous portons une parole politique, certains crient au scandale. Vous ne verrez jamais un prêtre ou un évêque congolais député ou ministre, mais nous croyons que notre mission, en tant qu’Église, est d’accompagner le peuple “, a conclu Mgr Ambongo.
Par GODE KALONJI MUKENDI

 

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