Le 29 juin 2015, Joseph Kabila n’a pas parlé en son nom. Il a parlé au nom de toutes les sensibilités consultées en prévision du Dialogue. Donnant ainsi la synthèse de différentes approches lui parvenues, le Chef de l’Etat a sorti un carton rouge au schéma de la médiation internationale.
En effet, composante incontournable et plus que représentative de la société congolaise, l’Eglise catholique, pour commencer par elle, s’est montrée disposée à se passer de la médiation internationale.
Toutes les autres forces vives de la nation de même.
Après l’expérience du Dialogue intercongolais à Sun City, les Congolais, dans leur écrasante majorité, ne veulent plus de l’intervention étrangère dans la résolution de leurs conflits.
Sun City a démontré les limites de cette approche. D’autant qu’après la clôture des assises en Afrique du Sud, on poussa le génie jusqu’à imposer le CIAT (Comité International d’Accompagnement de la Transition) qui représentait la communauté internationale.
Cette voie n’avait pas à ce point été convaincante que le même Tshisekedi refusa de prendre part au processus électoral de 2005-2006, au motif que la communauté internationale avait son candidat à la présidentielle. Le leader de l’Udps poussa son intransigeance jusqu’à interdire aux militants de son parti de se faire enrôler pour les scrutins.
Moralité ; le problème de la crise pas dans la qualité de la médiation à mettre en marche. Il réside plutôt dans la volonté réelle des protagonistes à trouver la solution qui convienne.
Question technique
C’est vraiment le cas de le dire, d’autant que lorsqu’on revient sur le Dialogue en gestation, on débouche sur un constat interpellateur. A savoir qu’en ce qui concerne la durée et le format du Dialogue, tout le monde, même Tshisekedi, émet sur la même longueur d’ondes : un petit nombre de participants et une durée la plus courte possible. Cette approche apparaît clairement dans le mémorandum de l’Udps déposé auprès de plusieurs instances.
Pour ce qui regarde le fond du Dialogue, on constate de nouveau une convergence totale au niveau de tous les acteurs. Tout le monde est d’accord que l’on ne se penche exclusivement que sur le cycle électoral en vue d’en garantir la transparence et la crédibilité.
Alors, faudra-t-il que le Dialogue capote juste pour une question purement technique et de forme, comme la médiation ?
Si l’Udps persévère sur cette voie, elle court franchement le risque de l’isolement.
Personne au sein de l’opinion nationale ne saurait comprendre que là où la très frondeuse Eglise catholique dit se sentir à l’aise, l’Udps y voit des obstacles.
Comme le Chef de l’Etat l’a dit dans son discours à la Nation, il est temps que les différents acteurs du camp du refus du Dialogue revoient leurs positions. Il y a encore du temps pour cela. Car ce n’est ni Kabila, ni sa famille politique qui imposent leur vue, mais ce sont toutes les forces vives de la nation qui sont impliquées.
Par LP