C’est le Premier ministre, lui-même, Augustin Matata Ponyo, qui a ouvert, hier jeudi 8 janvier 2015 au Grand Hôtel Kinshasa, la Conférence de haut niveau sur la « croissance économique inclusive en RDC, état des lieux et appropriation des expériences des autres ». Organisé sous le haut patronage du Président de la République, en collaboration avec Harvard University (Etats-Unis), elle clôture ce vendredi 9 janvier. Plusieurs sous-thèmes sont au menu : « Enjeux majeurs de développement », « Objectifs économiques et priorités sociales », «Qualité de la croissance ».
Pour répondre à toutes ces questions, les organisateurs de cette Conférence ont fait appel à une brochette d’éminences grises comme principaux orateurs dont Boucekkine Raouf, professeur de sciences économiques à l’Université d’Aix Marseille et directeur scientifique d’Aix-Marseille Science Economique (AMSE) ; Canning David, professeur Richard Saltonstall des sciences de la population et professeur des sciences économiques et de santé internationale à Harvard School of Public Health. D’autres orateurs comme De Saint Moulin Léon, Dercon Stefan, Diop Makhtar, Haber Stephen, Kabuya Kalala, Lowes Sara, Maryse Stefaan, Mbi Ebot Emmanuel, Melhado Oscar, Mususa U. John, Myerson Roger, Ntangoma Jean-Baptiste, Pourtier Roland, Platteau Jean-Philippe, Robinson James, Rodrik Dani, aborderont aussi des questions liées à la lutte contre la pauvreté, l’inclusion et le développement rural, les contraintes historiques au développement de l’Afrique, les ressources naturelles, croissance et gouvernance et comment éviter la malédiction des ressources, etc. En marge de l’ouverture de la conférence, le chef de l’Exécutif national a dévoilé ses attentes .à l’assistance composée essentiellement des scientifiques et des décideurs politiques de renommée internationale. «La problématique de la conférence d’aujourd’hui porte sur la nécessité pour la RDC d’avoir une croissance économique inclusive. Celle-ci demeure une question importante à plusieurs égards pour notre pays qui a initié au cours des dernières années, une série de réformes permettant de poser des fondements importants pour passer à une nouvelle étape de développement », a indiqué Augustin Matata.
En effet, à ‘en croire, la consolidation et la stabilité de la paix et le renforcement du cadre macroéconomique sont parmi les réalisations majeures, incluant notamment la baisse du taux d’inflation annuel de 500% en 2001 à 1,0% en 2013. « Les effets distributifs de la croissance demeurent encore faibles, mais commencent à être ressentis par la majorité de la population», s’est-il réjoui.
Conscient que la RDC est l’un des pays les plus riches au monde en termes de dépôts minéraux tels que cobalt, diamant, or, cuivre et coltan ainsi que l’eau, les forêts et autres ressources naturelles, Augustin Matata a souligné cependant que «nous avons le défi de transformer ce potentiel en une opportunité de développement qui bénéficie à l’ensemble des Congolais. Je vous invite donc à donner un éclairage suffisant sur cette question qui préoccupe l’élite intellectuelle, sociale et politique de notre pays ! ».
Henri Yav pour un état des lieux non complaisant
Invité à prononcer son mot de circonstance, le ministre des Finances, Henri Yav, a relevé la nécessité de dresser, à travers cette conférence, un état des lieux du phénomène lié à la non transformation économique profonde du pays et à l’insuffisance d’emplois, et de poser un diagnostic sans complaisance, en vue de déceler les causes profondes de l’exclusion sociale qui caractérise notre croissance économique, de manière à la rendre inclusive en s’inspirant, notamment des expériences d’autres pays confrontés aux mêmes types de problèmes que la RDC.
En attendant les conclusions qui sortiront de cette conférence, le ministre des Finances a rappelé à l’auditoire la forte dépendance qui a caractérisé la croissance économique en RDC vis-à-vis du secteur minier, lequel constitue le principal moteur. Or, ce secteur, qui contribue à la création des richesses à hauteur de 45,0%, est connu comme étant un secteur à forte densité de capital et paradoxalement à faible intensité de main-d’œuvre, surtout que pendant longtemps, cette production minière n’a pas fait l’objet d’une transformation locale. « La conséquence est sa capacité limitée à impulser une amélioration des conditions sociales des populations à travers, notamment, la création d’emplois viables », a-t-il martelé.
Convaincu que la croissance devrait profiter à un grand nombre de nos concitoyens, Henri Yav a fait noter que d’ores et déjà, en ce qui concerne le ministère des Finances dont il a la charge, les réformes structurelles qui ont permis de réaliser [es bons résultats obtenus ces dix dernières années, seront poursuivies.
Tshieke Bukasa