Le dernier rapport de Human Wrights Watch continue de faire des vagues en RDC. Il y a de quoi. Non seulement personne n’y a cru, mais tout le monde se pose des questions sur les motivations de cette ONG.
Ce rapport est tombé à un très mauvais moment pour la malheureuse ONG car, à Kinshasa, en cette fin de l’année, tout le monde ne jure que par la reprise de la salvatrice opération Likofi. Il y a des faits qui ressemblent aux douleurs d’accouchement, vite oubliées par une femme dès qu’elle tient son bébé.
Kinshasa a vécu, pendant beaucoup de temps, dans une innommable psychose. Dès la tombée de la nuit, les Kinois, surtout ceux qui habitent les communes périphériques, s’empressaient de rentrer chez eux, par peur des kuluna. Mais pratiquement aucune commune de la ville n’était épargnée par la barbarie de ces hors-la-loi, même si les proportions n’étaient pas les mêmes. Car dans les communes éloignées du centre-ville, ces voyous sans foi ni loi bénéficiaient de la complicité tacite de l’absence quasi-permanente du courant électrique.
Aucune catégorie des gens n’était épargnée. Les kuluna ont attaqué les civils et les hommes sous le drapeau. Ils ont agressé les vulnérables comme ceux physiquement au point. Ils ont ouvert le ventre des femmes enceintes, alors que la grossesse était à terme.
Des femmes de tous âges, même des gamines, ont été massivement violées. Les kuluna ont sectionné des bras, même des policiers. Ils ont arraché argent, téléphones et tout autre bien trouvé sur une victime. Si la Police n’avait pas pris les choses en mains à temps, les Kinois auraient déjà développé des réflexes d’autodéfense et cela aurait été pire qu’une guerre civile.
Des gens non-armés ? Nous n’avons peut-être pas la même compréhension de ce terme, mais les kuluna, ces affreux, n’ont pas tué et grièvement blessé avec des mains nues.
Si ces enquêteurs étaient corrects et conséquents envers eux-mêmes, ils se seraient plutôt intéressés aux parquets judiciaires plutôt qu’à la police.
Car on a vécu, des années durant, des spectacles hallucinants avec des kuluna arrêtés par la Police et transférés en bonne et due forme au parquet, mais qui passaient deux ou trois jours après juste devant le bureau du commandant qui les avait arrêtés. Ils levaient alors la main avec outrecuidance et disaient, à l’intention du policier : » bonjour Vieux ! » Une façon de le narguer et de lui montrer par la même occasion l’inutilité de ses efforts.
Cela n’arrive pas souvent mais la Police nationale congolaise a travaillé, dans cette opération, de manière strictement professionnelle. Elle n’a pas opéré au hasard des dénonciations. Elle avait suivi, depuis plusieurs mois, ces bandits et les avait bien identifiés et localisés.
Bavures ? Même en Europe ou aux Etats-Unis, on en enregistre souvent dans des opérations de police. Il faut les condamner mais pas jeter l’opprobre sur toute une opération parce qu’il y a eu bavure quelque part.
Et puis, est-ce que ces enquêteurs connaissent vraiment les kuluna ou se sont-ils plutôt contentés de dresser leur rapport dans des bureaux climatisés de la Gombe ? Leur est-il arrivé d’en croiser ne fut-ce qu’un seul groupe ? Ciel, ils n’auraient pas produit ce rapport ! Si c’était en France, la réaction aurait été pire que Vigipirate. Et si c’était aux Etats-Unis, il y aurait plus que » Geronimo « .
Human Wrights Watch doit savoir qu’en tant qu’êtres humains, les enfants congolais ont les mêmes droits que les enfants américains et européens.
S’ils ne sont pas riches comme les leurs, s’ils ne peuvent pas s’empiffrer comme eux, s’habiller comme eux, ils ont au moins le droit, comme les enfants américains, de veiller la nuit de Noël comme à la Saint Sylvestre, d’aller louer leur Seigneur (je crois même que c’est le même qu’en Amérique) jusqu’aux petites heures de la matinée et rentrer aisément chez eux.
A défaut de la compréhension américaine ou européenne de la fête, les enfants kinois ont aussi le droit de courir la nuit en brandissant leurs feux d’artifice en format réduit. C’est peut-être pauvre comme fête, vu de là, mais pour ces pauvres enfants, c’est une fête totale. Alors, qu’on la leur laisse, cette fête, au lieu de l’empêcher, en prenant le parti des kuluna.
Les gangs avaient commencé vers la fin du règne du maréchal Mobutu. Ils ont donc eu le temps de mûrir et d’inoculer le venin aux jeunes de toutes les communes. On ne pouvait donc pas prétendre éradiquer ce mal en trois mois. En plus, beaucoup d’entre eux avaient fui et s’étaient refugiés dans les provinces voisines de Kinshasa et de l’autre côté du fleuve.
Ils sont tous rentrés, les derniers cités suite à l’expulsion de nos compatriotes de Brazzaville. L’accalmie observée leur donne du tonus. Le mal est donc encore là et a repris. Il n’a pas encore atteint l’intensité de l’autre fois mais cela ne saurait tarder si rien n’est fait. Voilà pourquoi les Kinois réclament à cor et à cri la reprise de cette opération, n’en déplaise aux organisations en mal de travail.
Le général Kanyama ne doit pas se laisser impressionner par ces chants de sirène. Il a le soutien de tous les Kinois. Ce sont les populations congolaises, et particulièrement les Kinois, qui vivent au quotidien les atrocités de ces inhumains. Quant aux organisations non gouvernementales, personne n’est contre elles, mais il leur faut plus de lucidité et de conséquence dans leurs enquêtes.
Mwisi Yalala