La passion n’appelle que la passion. Entre l’Eglise catholique et la Majorité présidentielle, c’est la guerre. Une guerre presque totale et sans quartier qui menace de briser l’équilibre très fragile de la Nation.
Que des curés soient pris à partie en pleine célébration, fait craindre le pire. Qu’adviendrait-il demain si les partisans du pouvoir et ceux de l’Opposition décidaient d’en découdre à la faveur de différentes célébrations ?
Nous tendons vers une situation que nul ne saura gérer. Le risque de confrontation directe entre animateurs de l’Eglise catholique et les partisans de la Majorité devient réel.
La Nation est à la croisée des chemins. Les deux camps doivent très rapidement revenir sur leurs premiers pas. Ceux qui caractérisaient la position de chacun avant que le Rubicon ne soit franchi.
Dilemme
L’Eglise doit comprendre que sa prise de position sur la révision constitutionnelle pose problème à cause d’un point jugé capital. En effet, la Majorité au pouvoir à Kinshasa trouve l’attitude des princes de l’Eglise trop partisane et guidée par un souci de règlement de comptes.
Face au Congo-Brazzaville où la volonté de révision constitutionnelle est plus clairement affirmée qu’en Rdc, le Primat de l’Eglise qui a aussi la gestion du Congo voisin, reste muet comme une carpe. L’Eglise devra ainsi comprendre que cette politique de deux poids, deux mesures, vide sa démarche de toute son innocence et lui donne des allures très politisées et intéressées.
Il est, en outre, dans l’intérêt de l’Eglise de clarifier sa position face à ce dilemme. Ce serait la meilleure façon de se dédouaner de tout procès d’intention.
L’imprévisible
De l’autre côté, la Majorité, dont les membres se sentent blessés et frustrés, devra travailler énormément à décourager toutes les voies de fait dans ses rangs. Les incidents de Lodja, répondent à une certaine logique.
Il y a fatalement une grave erreur d’approche dans les deux camps. Tout en dénonçant ce qu’elle considère comme dérive de l’Eglise, la Majorité présidentielle doit prêcher la tolérance et la seule culture débat. En ce qui la concerne, l’Eglise doit éviter de se mettre en situation d’inspirer le doute sur ses intentions.
Comme l’a si bien et souvent rappelé votre quotidien, l’équilibre des forces au niveau national se trouve dangereusement menacé. Le face à face Eglise – Majorité prend toutes les allures d’un volcan qui menace d’éruption.
Ce qui s’est déroulé à Lodja ne constitue qu’un signe avant-coureur de l’imprévisible qui nous guette au détour d’un accès de passion mal géré. Il faudrait à tout prix éviter d’être obligé de courir après les événements.
LP