Dans une note référencée n°002/VPM/MIN.BUDGET/2014 du 16 juin 2014, le ministre du Budget, Daniel Mukoko, a exigé- en fait il écrit « doit »- de son collègue de l’Environnement, Bavon N’sa Mputu d’«indiquer les recettes attendues en 2015 de l’Ouganda au titre de dommages causés par la guerre de 1998-2004». Il va donc sans dire que le régime de Yoweri Museveni honore déjà ses obligations d’autant plus qu’il a admis sa condamnation devant la Cour internationale de la Justice. Mais combien doit devoir payer l’Ouganda et suivant quelle échéance? Où va cet argent ?
USD 10 milliards ou USD 23 milliards ? Dans quel compte le gouvernement loge-t-il l’argent qu’il reçoit au titre des DI ? Le 19 décembre 2005, la CIJ, plus haute instance judiciaire des Nations Unies, avait condamné l'Ouganda pour violation de la souveraineté territoriale de la RDC et violation des droits de l'Homme…le gouvernement de Kampala était également reconnu responsable de l’invasion de l’Ituri entre août 1998 et juin 2003, d’usage illégal de la force, de pillages et d'exploitation des ressources naturelles de la RDC. L'Ouganda a, par conséquent, été condamné à verser des compensations dont le montant devait être déterminé ultérieurement. La RDC avait d’abord réclamé, entre USD 6 et 10 milliards –des DI que la CIJ avait estimés conséquent par rapport aux dommages subis. Puis la RDC s’est rétractée estimant plus du double, soit USD 23 milliards. L’alors ministre r-dcongolais de la Justice, Emmanuel-Janvier Luzolo Bambi, expliquait que c’était un cabinet d'audit d'experts international qui avait recommandé la RDC de revoir les DI à la hausse.
En 2012, alors que le M 23 est au plus fort de ses menées subversives, l’opinion s’élevait avec fougue contre un certain désintérêt du gouvernement face aux DI que l’Ouganda doit à la RDC. Une délégation du gouvernement, conduite par l’alors ministre des Affaires étrangères, Alexis Thambwe Mwamba, se rend à Kampala pour discuter de la modalité de la paie des DI dus à la RDC. En Province orientale qui a payé le plus lourd tribut à l’invasion des armées ougandaises et même rwandaises, plus de 10.000 morts et d’importants dégâts matériels, une commission est mise en place en vue d’identifier les victimes pour leur prochain dédommagement. Depuis plus rien. En fait, le gouvernement n’a plus jamais rendu compte de ce dossier, même au temps fort de négociations qui a abouti à l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.
La lettre du Vice-Premier ministre et ministre du Budget adressée notamment à son collègue de l’Environnement Bavon N’sa Mputu sur les «les recettes attendues en 2015 de l’Ouganda au titre de dommages causés par la guerre de 1998-2004» est une preuve irrécusable que Kinshasa perçoit quelque-chose de substantiel de l’Ouganda. L’autre réalité est que le gouvernement actuel, au-delà de machiner opiniâtrement à se parfaire une image d’orthodoxie et d’intégrité dans la gestion de la chose publique, avec des «Troïka stratégique», se complaît dans des comptes et sous-comptes occultes. Et si Mukoko, longtemps mis en paria, n’a fait qu’éventrer le boa…Voilà qui doit intéresser les deux Chambres du Parlement.
POLD LEVI