Denis Sassou Nguesso, président du Congo-Brazza ville, tient à jouer un rôle chez son voisin, la RD Congo en menant à sa manière des consultations relatives au dialogue politique. Mercredi devant la presse, la Monusco, agissant au nom et pour le compte des Nations unies, s’est totalement désolidarisée de l’initiative de Sassou Nguesso. En clair, l’Onu dit non au pré-dialogue prévu à Oyo (Congo-Brazza ville) au motif que la démarche ne rentre pas dans le schéma du facilitateur de l’Union africaine.
Ce n’est pas encore un ca mouflet. Mais, on n’en est pas loin. Dans sa tentative de vouloir imprimer sa marque sur la tenue du dialogue politique national en République démocratique du Congo, le président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso, vient de recevoir une douche froide de la part de la représentation des Nations unies en RDC, à savoir la Monusco (Mission des Nations unies pour la stabilisation du. Congo).
Hie devant la presse, Charles Bambara, porte-parole de la Monusco, s’est chargé de révéler la position des Nations unies. A première vue, l’Onu n’est pas prête à embarquer dans n’importe quel navire pour garantir la tenue du dialogue politique, censé baliser la voie pour des élections apaisées, démocratiques, libres et transparentes en RDC. Selon le porte- parole de la mission onusienne en RDC, il serait mal venu de s’écarter de l’élan tracé par l’Union africaine dans la perspective de la tenue à Kinshasa d’un dialogue politique national. A Kinshasa, tout comme à New York, il ne pourrait être accepté qu’un autre schéma vienne court-circuiter celui coopté par la communauté internationale et clairement inscrit dans la résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations unies.
Dans les couloirs de la Monusco, on estime que des initiatives parallèles à la position des Nations unies concernant l’aboutissement harmonieux du processus électoral en cours risquent d’engager la RDC dans une voie incertaine. Charles Bambara ne cache pas son dépit à l’initiative parallèle du président Denis Sassou Nguesso. Sans le dire vraiment, la Monusco craint que l’initiative de Sassou soit juste une distraction pour détourner les acteurs concernés par le dialogue politique de la RDC du vrai problème, c’est-à-dire le sauvetage du processus électoral en ballottage. Dont acte. Son avis est défavorable.
Interrogé à cet effet, Charles Bambara a rejeté toute implication des Nations unies dans ce qui se déploie de l’autre côté du fleuve Congo. Il a d’ailleurs réitéré la position des Nations unies, clairement reprise par Maman Sidikou, représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en RDC, chef de la Monusco, dans le discours prononcé devant la presse le 14 juillet 2016. A cette occasion, le patron de la Monusco a fait savoir que, «pour les Nations unies, seul un dialogue inclusif et crédible entre les parties prenantes congolaises permettrait de désamorcer les tensions actuelles, surmonter l’impasse électorale et prévenir la violence». Ce qui suppose que les Nations unies ne souscrivent pas à un schéma qui cherche à s’écarter de la voie tracée par la résolution 2277.
Au moment où les Nations unies perçoivent une lueur d’espoir dans la tenue du dialogue politique en RDC, la Monusco voit très mal l’intrusion du président Denis. Sassou Nguesso. « De plus en plus, les lignes commencent à bouger et un large consensus se dessine progressivement sur l’impératif du dialogue pour surmonter l’impasse actuelle », s’était d’ailleurs félicité Maman Sidikou.
SASSOU N’EST PAS LE BIENVENU
Apparemment, le président Denis Sassou Nguesso doit revoir ses calculs. Dans les instances des Nations unies, son geste de bons offices en faveur de la RDC n’est pas le bienvenu. Les Nations unies redoutent que Denis Sassou Nguesso, supposé très proche du président Joseph Kabila, soit plutôt une fusible en sa faveur. Pour la Monusco, il y a bien des raisons de craindre cette intrusion de celui qui a réussi à s’octroyer contre la volonté de son peuple un nouveau mandat présidentiel au Congo-Brazzaville. D’une, certaine manière, la Monusco pense que Sassou est la négation de ce que la communauté internationale attend voir se réaliser en République démocratique du Congo. D’ores et déjà, l’on sait que les Nations unies ne se laisseront pas embarquer dans le pré-dialogue que se propose de convoquer le président Sassou dans son camp retranché d’Oyo. Si le président Sassou a la ferme volonté d’aider la RDC, la Monusco lui rappelle le cadre de collaboration, c’est-à-dire le groupe de soutien à la facilitation, dont la composition a clairement été circonscrite par l’Union africaine. Est-ce à dire que l’initiative du président Sassou est étouffée dans l’œuf? C’est fort probable.
L’on comprend aisément le peu d’intérêt que le président angolais, osé Eduardo dos Santos, a accordé à une tripartite qui devait se tenir au Congo-Brazzaville, entre lui, le président Sassou et Joseph Kabila, avec comme invité spécial le facilitateur Edem Kodjo. En dernière minute, le président angolais n’avait pas fait le déplacement de Brazzaville. Ceci pourrait expliquer cela.
Quoi qu’il en soit, le message de Charles Bambara est censé recadrer le président Sassou. Son initiative d’un pré-dialogue dans son fief d’Oyo n’a pas trouvé de preneur aux Nations unies.
Par LE POTENTIEL