*Politiquement, Kinshasa, la capitale, a connu des perturbations aussi bien prévisibles qu’inénarrables. L’examen de la loi électorale, celle-là même que le gouvernement avait déposé dernièrement au Parlement, a provoqué une vague de protestations du côté des Opposants, remembrés pour la cause, autour des Députés Udps & Alliés de Samy Badibanga, UNC & Alliés de Vital Kamerhe et Mlc & Alliés, sans oublier d’autres groupes parlementaires dont le GPLS de José Makila. Difficile épreuve, comme l’avait si bien annoncé La Prospérité, dans une des ses récentes livraisons. La séance aura donc été laborieuse. Elle aura été également symbolique, pour l’apprentissage de la démocratie en RD. Congo. Sous le rythme saccadé, ponctué des bagarres, des coups de gueule et des tintamarres dus aux coups de sifflets, alors que l’Opposition a fini par se résoudre de claquer la porte, la Majorité, quant à elle, n’aurait pas eu d’autre choix que de foncer jusqu’au bout, en profitant naturellement de sa supériorité numérique au sein de l’hémicycle, pour juger cette loi électorale recevable, après des explications d’Evariste Boshab Mabudj Mabilenge, le Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur et Sécurité. Ainsi, du côté de la Majorité, le dicton : ‘’le chien aboie, la caravane passe’’ a-t-il trouvé des raisons de s’incruster dans la signature de la rupture d’avec les titillements sur la révision de la loi électorale. Car, pour elle, en effet, la page est donc tournée. Et, le Projet de loi électorale a été transmis à la Commission PAJ, pour examen approfondi. Les Députés ont jusqu’à mercredi 14 janvier à 10 heures, pour y verser des amendements. Selon le chronogramme que Minaku a dévoilé à la fin de la séance, les membres de la PAJ devront, à leur tour, tout faire pour finaliser leur rapport au plus tard, le 18 janvier prochain, pour son adoption à l’Assemblée Nationale, avant que le Sénat ne s’en saisisse, pour examen en mode d’urgence, peu avant la clôture de la session extraordinaire fixée, comme tout le monde le sait, au 26 janvier 2015. Toutes choses égales par ailleurs, il n’est pas exclu que l’Opposition revienne à la charge avec d’autres ‘’stratégies de blocage’’ tout au long de ces travaux auxquels Evariste Boshab, engageant l’ensemble du gouvernement de cohésion nationale, a, pourtant, promis de contribuer activement à leur bonne fin. Cette fois-là encore, nombreux sont ceux qui espèrent qu’après tout, l’idée du consensus préalable aurait été la thérapeutique de choc, pour ne pas brûler le tissu de confiance difficilement rabiboché, depuis 2003, à Sun City, en terre sud-africaine. Les élections 2006 et 2011 n’auraient pas été une réussite, si la Majorité et l’Opposition ne s’étaient pas engagées à respecter le pacte républicain enfoui dans l’Accord Global et Inclusif. Plus d’une année après les concertations nationales, était-il vraiment si tard, pour rééditer le même exploit ? A l’inverse, comment l’Opposition politique qui a boudé l’examen de cette loi électorale pourra-t-elle contribuer, le moment venu, à la réalisation des prochaines élections dans un climat apaisé ? Sur le vif, cette question de fond, apparemment noyautée dans la confusion qui a régné hier, au Palais du Peuple, remontera, tôt ou tard, à la surface. Il faudrait bien y réfléchir mille et une fois, avant de se frotter les mains.
Tout compte fait, Boshab a présenté l’économie de la loi électorale dans une salle de congrès du Palais du Peuple, sérieusement agitée. Députés de l’Opposition et de la Majorité en étaient à une expérience tout à fait nouvelle. Coups de sifflets, jets des bancs, tiraillements, vestes en berne, chapeaux bas, ceintures et poings serrés. Ambiance électrique ! Tous étaient prêts à tout. Il y aurait eu même des blessés et des arrestations, lors de toutes ces échauffourées ayant marqué la journée ensoleillée de ce lundi 12 janvier à Kinshasa. Mais, au finish, le débat général a été engagé. Puis, la loi jugée recevable, après que le VPM ait répondu, séance tenante, à toutes les préoccupations soulevées.
Globalement, il y a lieu de retenir qu’aux yeux du gouvernement, représenté, ici, par Evariste Boshab, il ne sera nullement question de profiter de cette révision de la loi électorale, pour y enfiler des dispositions susceptibles de déteinter sous une autre forme, le verrouillage consigné à l’article 220 de la Constitution. Minaku l’avait déjà dit. Et, hier, Boshab l’a répété. Le moins que ce dernier dit est qu’il sera, plutôt, question d’organiser le recensement dans les tout prochains jours, pour se conformer à l’une des dispositions de la loi organique créant la CENI ainsi qu’à l’une des résolutions des concertations nationales.
En son temps, la Majorité et l’Opposition, travaillant dans une embellie totale, avaient inclu dans la loi portant organisation et fonctionnement de la CENI, le recensement comme préalable à la réalisation des élections législatives nationales. Tout ceci, dit-il, était porté par le souci de déterminer le nombre de sièges en fonction du poids démographique de la population en lieu et place du nombre d’enrôlés. Répondant aux critiques, Boshab rappelle que le fait de baser le calcul sur le nombre de sièges n’était qu’une exception. A propos de critères d’éligibilité, il a parlé notamment, de faiblesses relevées dont il tiendra compte, certes, de remarques. Toutefois, le cumul de certaines conditions d’études et/ou d’âge est justifié par l’option du rejet de la démocratie élitiste mais aussi, en raison du respect de quelques engagements souscrits sur le plan international.
Au niveau de la présidentielle, Boshab a lu, à haute voix, l’article 72 de la Constitution en son point 1 qui stipule que tout candidat doit être de nationalité congolaise d’origine. Aussi, a-t-il demandé que l’on respecte la Constitution dans toute sa rigueur. Bien d’autres matières ont été abordées. C’est le cas de cautions exorbitantes. Et, là-dessus, Evariste Boshab a réaffirmé qu’en augmentant les montants des cautions, les candidats à différents postes devraient, à leur manière, participer aux frais liés à l’organisation des élections. Tout en déplorant une augmentation exponentielle des candidatures : plus de 9000 en 2006, plus de 19.000 en 2011, il dit qu’il fallait, dans cet exercice, décourager les candidatures fantaisistes. Quant aux nouvelles communes, la loi n’étant pas rétroactive, les élections locales n’en tiendront pas compte. Enfin, un enfant de 18 ans ayant le pouvoir de créer un parti politique, est aussi éligible et a le droit d’élire au terme de la loi sur les partis politiques, a-t-il insisté, en évoquant des exemples d’ailleurs, comme en Finlande et dans les autres pays scandinaves, où à 18 ans, un enfant devient majeur. Ce qui lui ouvre la voie à poser des actes politiques. Déjà, à 23 ans, un enfant est considéré comme majeur en France. ‘’Il y a même des surdoués de 13 à 14 ans qui attrapent des diplômes’’, a-t-il ironisé, pour pousser les Députés à ne pas se triturer les méninges sur cette affaire d’âge de 18 ans repris dans ce projet de loi électorale. Le gouvernement n’a amené qu’un projet de loi. Il appartient à l’assemblée nationale de doter le pays d’une loi électorale, a-t-il conclu.
LPM