Les USA pour une transition démocratique dans les Grands Lacs

Mercredi 31 décembre 2014 - 10:50

L’Envoyé spécial du président américain dans la région de Grands-Lacs, Russ Feingold, a animé une téléconférence de presse, hier mardi 30 décembre 2014 depuis Washington, où il se trouve. Au cœur de cet entretien avec des journalistes tant africains qu’américains, la date-butoir mettant fin au délai de grâce de six mois accordé aux rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda( FDLR) par la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) et la Communauté des Etats de l’Afrique australe(SADC) pour leur démobilisation volontaire. « Non, non et non, on ne peut plus donner un délai supplémentaire, car nous avons donné suffisamment du temps. 6 mois, c’est assez long pour se rendre complètement. C’est évident qu’ils ne vont pas le faire. Les Etats-Unis vont soutenir l’initiative de la région pour mettre fin à leurs actions négatives… » a annoncé le diplomate américain, insistant sur le fait que le délai accordé pour la reddition volontaire et la démobilisation des FDLR expirera ce vendredi 2 janvier 2015.

Avant d’épiloguer sur son sujet principal lié à la fin de l’ultimatum lancé aux FDLR, Russ Feingold a tenu à faire noter, dans son propos préliminaires, que son pays croit qu’une démocratisation accrue est essentielle à la stabilité et la prospérité à long terme de tout pays. « Nous soutenons le principe de transition démocratique dans tous les pays de la région, par l’entremise d’élections libres, équitables et crédibles »a-t-il appuyé en prenant l’exemple spécifique du Burundi, qui organisera l’élection présidentielle l’été prochain. « Nous appelons le gouvernement de ce pays à faire en sorte que les élections présidentielles se déroulent en accord avec les Accords d’Arusha, notamment en conformité avec les dispositions traitant de la limitation des mandats. Les Accords d’Arusha ont été le fondement d’une décennie de paix et de stabilité relatives au Burundi. Bien qu’il existe une disposition constitutionnelle qui pourrait être interprétée comme autorisant le Président actuel à briguer un troisième mandat, cela irait à l’encontre du langage non-équivoque des Accords d’Arusha, qui stipulent que ‘‘nul ne peut remplir plus de deux mandats présidentiels’’ » a-t-il martelé.

L’épée de Damoclès sur les FDLR

Favorables à l’action militaire face à l’entêtement des FDLR, les Etats-Unis ont réaffirmé que la date du 2 janvier est bel et bien le dernier délai avant une démobilisation forcée. « La CIRGL et la SADC ont accordé suffisamment de temps pour leur reddition et ont clairement signifié que seule une reddition complète de ce groupe armé, y compris celle des leaders militaires, suffira à empêcher le lancement d’opérations militaires contre ses membres dès l’expiration des six mois. Nous nous comprenons le souhait des pays de la région d’accorder aux FDLR l’occasion de se rendre pacifiquement. L’idéal aurait été qu’ils saisissent cette opportunité pour se rendre complètement avant le 2 janvier, annulant en cela le besoin de mener des actions militaires. Malheureusement, les FDLR n’ont pas respecté leur promesse de s’investir dans une reddition pleine et sans conditions, ayant plutôt profité des six derniers mois pour continuer de commettre des violations des droits de l’homme, de procéder à des recrutements et de défendre leur agenda politique illégitime » a expliqué Russ Feingold à la presse.

Néanmoins, l’envoyé de Barack Obama a reconnu que la reddition récente de 150 combattants FDLR de second plan et la collecte de 67 armes a été une bonne étape—quoique insuffisante—dans le processus de démobilisation de ce groupe armé. Cependant, mais elle ne représente pas la démobilisation complète des FDLR telle qu’exigée par la CIRGL et la SADC.

Lassé de continuer d’attendre une reddition volontaire, Russ Feingold a souligné que la Communauté internationale envisage maintenant de mener une action militaire pour contraindre les FDLR à déposer leurs armes. « Tout retard observé dans les opérations militaires que l’armée congolaise et la MONUSCO mèneront après le 2 janvier profitera aux FDLR et les encouragera à continuer de commettre des violations des droits de l’homme et à s’en prendre aux populations civiles dans l’Est de la RDC » a-t-il martelé.

D’ores et déjà, il a garanti le soutien du gouvernement des Etats-Unis sur la décision prise par les Chefs d’Etat de la CIRGL et la SADC, en rapport avec l’initiative d’une action militaire en l’absence d’une reddition complète des FDLR. Par ailleurs, ils soutiennent aussi la perspective d’opérations militaires immédiates de l’armée congolaise et de la MONUSCO contre les membres des FDLR qui ne se seront pas rendus le 2 janvier. Ces opérations, exhortent-ils, devraient être en accord avec le mandat de la MONUSCO, et menées conformément aux dispositions applicables du droit international relatif aux droits de l’homme et du droit humanitaire international. « Nous soutenons une approche à deux volets en ce qui concerne les FDLR, qui comprend un processus de DDR/RR pour chacun des ex-membres des FDLR et tous les membres de ce groupe armé qui déposent leurs armes, assorti d’opérations militaires contre ceux qui refusent de se rendre » a éclairé Russ Feingold.

Tout en saluant les efforts du gouvernement de la RDC et de la MONUSCO qui ont permis de mettre un terme à la menace posée par le M23 en 2013, Russ Feingold a déclaré que son pays appuie leurs efforts actuels visant à vaincre les Forces Démocratiques Alliées (ADF). « La RDC et la MONUSCO ont maintenant l’obligation des respecter leur engagement de neutraliser les FDLR. Mettre un terme à cette menace ne relève pas seulement de la responsabilité de la RDC; c’est aussi une responsabilité régionale et internationale. Nous avons vraiment à cœur de faire en sorte que les auteurs de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et d’actes de génocide répondent de leurs actes » a-t-il relevé.

Pour lui, mettre un terme à la menace posée par les groupes armés est un élément crucial et nécessaire pour garantir la protection des civils dans l’Est de la RDC. Cela fait aussi partie intégrante des efforts élargis consentis par la région pour s’attaquer aux causes profondes du conflit et soutenir le développement régional. Ainsi, son gouvernement sera prêt à appuyer les efforts actuels de la région pour restaurer la paix et la prospérité en faveur des peuples des Grands Lacs.

TshiekeBukasa

 

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