Sarah Sewall, Sous-Secrétaire d’Etat américaine à la Sécurité Civile, la Démocratie et les Droits de l’Homme, séjourne en RDC du 18 au 24 octobre courant. Son agenda de travail comprend des contacts avec des représentants du gouvernement, de l’Opposition, de la Société civile, de la jeunesse, des confessions religieuses, des fonctionnaires des Nations Unies … sur des questions liées au processus électorale, aux violences sexuelles, à l’Etat de droit, à la suspension des visas en faveur des enfants adoptés par des couples étrangers, etc.
Cette visite serait passée inaperçue n’eut été la forte tonalité du message qu’elle a délivré, le mardi 20 octobre 2015, au cours d’une conférence de presse tenue au CEPAS, dans la commune de Gombe, en direction du peuple congolais et de ses gouvernants.
A l’instar de l’inoubliable Russ Feingold et de Tom Perriello, ancien et nouvel Envoyé Spécial du président Obama dans les Grands Lacs, Sarah Sewall a rappelé à tous que les Etats-Unis d’Amérique attendent impatiemment le « premier transfert pacifique de pouvoir » au sommet de l’Etat de l’histoire de la République Démocratique du Congo. En termes clairs un nouveau Président de la République devrait être élu dans les délais constitutionnels (27 novembre 2016).
L’événement devrait avoir pour sou bassement des élections libres, démocratiques, transparentes et apaisées. Selon elle, le pays de l’Oncle Sam insiste particulièrement sur la tenue des élections présidentielle et législatives nationales en novembre 2016, en raison d folles spéculations en circulation au sujet des intentions des dirigeants en place de provoquer, à tout prix, le glissement de leurs mandats: A ce sujet, elle a recommandé la tenue d’un forum inclusif, au cours duquel le gouvernement, l’Opposition et la Société civile devraient dégager des solutions consensuelles autour du financement des élections, du réaménagement du calendrier électoral, de l’enrôlement de tous les citoyens éligibles au vote, etc.
Dans un pays où les deux premiers Chefs d’Etat avaient été chassés du pouvoir à la suite des coups de force (le général Joseph Désiré Mobutu contre Joseph Kasa-Vubu le 24 novembre 1965 ; Laurent Désiré Kabila contre Mobutu le 17 mai 1997) et un troisième, Laurent Désiré Kabila, assassiné le 16 janvier 2001, l’alternance démocratique au pouvoir est fiévreusement attendue à l’horizon 2016.
Sarah Sewall a épinglé, à dessein, le triste feuilleton de Biaise Compaoré au Burkina Faso, chassé du pouvoir après 27 ans de règne sans partage, pour n’avoir pas voulu respecter la volonté du peuple et tenté de tripatouiller la Constitution, afin de se maintenir éternellement au pouvoir. Elle a fait également état de la situation chaotique que connaît le Burundi, suite à l’entêtement de Pierre Nkurunziza d’exercer un troisième mandat anti-constitutionnel par défi.
Elle a pris aussi en grippe les présidents Paul Kagame du Rwanda et Denis Sassou Nguesso du Congo/Brazzaville, engagés présentement dans la course à un troisième mandat, en s’appuyant sur des mascarades de référendums constitutionnels.
Afin de convaincre l’opinion congolaise qu’elle parlait sous le contrôle de Barack Obama en personne, elle a rafraîchi la mémoire des uns et des autres avec cette pensée que ce dernier avait partagé avec ses pairs de la planète à la tribun de la dernière Assemblée générale des Nations Unies : « Les dirigeants qui modifient leurs constitutions pour rester au pouvoir, ne font que reconnaître qu’ils ont ‘échoué à bâtir un pays prospère pour leurs concitoyens ».
Il n’est point besoin de souligner qu’aux yeux du président américain, l’Afrique devrait tourner la page d’hommes forts pour passer à celle d’institutions fortes. Il faut comprendre par là son souci de voir ses frères Africains intérioriser la culture démocratique, qui devrait obliger ceux qui aspirent à accéder au pouvoir d’Etat de gagner loyalement leurs tickets dans les urnes et de rendre élégamment le tablier une fois le nombre et la durée de leurs mandats épuisés.
Pour clarifier davantage la position américaine face aux processus électoraux en Afrique, Sarah Sewall a souligné que « les vrais, leaders ne définissent pas leur, héritage en raison de la durée de leur pouvoir, mais plutôt par rapport à ce qu’ils réalisent durant leurs mandats, afin de poser un fondement sûr pour des progrès durables ».
Les analystes politiques notent que les messages de Washington sur la passation civilisée du pouvoir entre les présidents congolais sortant et entrant ne cessent de s’accumuler, au point de paraître comme une série d’avertissements aux hommes au pouvoir, afin qu’ils tirent les conséquences d’un «glissement» en gestation contre la volonté du peuple congolais. Le décor de fin de règne du maréchal Mobutu était marqué aussi par un défilé d’envoyés spéciaux de Bill Clinton à Kinshasa.
Pour n’avoir pas su lire les signes du temps, il avait fini de la manière que l’on sait.
Par KIMP