Arrivé à Kinshasa le mercredi dernier, l’ambassadeur itinérant des Etats-Unis pour la justice pénale internationale, Stephen Rapp, a animé une conférence de presse, hier jeudi 13 novembre 2014 au Centre culturel américain. Au menu, 3 principaux sujets brulants d’actualité congolaise dont les attaques récurrentes dans le territoire de Beni ; la sentence de la justice dans l’affaire Jérôme Kakwavu ; et enfin, le procès Mamadou Ndala. Cerise sur le gâteau, le diplomate américain s’est appesanti sur les chambres mixtes qui doivent être installées prochainement en RDC.
En effet, concernant la situation trouble qui bat son plein à Beni, avec une centaine de morts à la clef parmi lesquels les femmes et les enfants, Stephen Rapp a exprimé les inquiétudes des Etats-Unis face à ces crimes qui incluent des capitations, meurtres et viols commis prétendument par le groupe armé illégal ADF. « Cela constitue des crimes contre l’humanité qui ne devraient pas rester impunis. Nous invitons le gouvernement de la RDC d’initier une enquête minutieuse et de s’assurer que tout responsable rende des comptes » a-t-il insisté, avant de réitérer le soutien de son pays à la Monusco et aux Forces armées de la RDC dans leurs efforts pour éradiquer la présence de groupes comme l’ADF.
Au sujet de l’affaire général Jérôme Kakwavu, officier des FARDC récemment condamné par la Haute Cour Militaire à 10 ans de prison pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre, le diplomate a fait noter que c’est pour la première fois qu’un officier militaire de ce rang soit tenu responsable de tels crimes atroces depuis que le conflit dans l’Est de la RDC a débuté en 1996. D’où l’espoir des Etats-Unis de voir cette condamnation être un message fort à d’autres personnes occupant des positions de pouvoir, afin que ces types d’abus ne soient plus jamais tolérés.
Pour leur part, les Etats-Unis se sont engagés à continuer à aider les autorités congolaises dans le renforcement de l’État de droit en RDC, qui est essentiel pour la construction d’un pays stable et démocratique. D’ores et déjà, ils soutiennent fortement l’établissement de chambres mixtes ou spécialisées comme les meilleures moyens pour accomplir les dispositions de reddition des comptes des Déclarations de Nairobi et examiner et poursuivre les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et le génocide en RDC. « Nous recommandons vivement au Parlement de consulter toutes les parties prenantes appropriées alors qu’il examine la proposition de loi modifiée sur les chambres mixtes. Il est essentiel que ces chambres tiennent compte de la participation des juges internationaux, des procureurs et des enquêteurs » a-t-il appuyé.
Il convient de noter que ces chambres mixtes spécialisées seront composées des magistrats congolais et des pays voisins et pourront obtenir la coopération de la communauté internationale, dans l’objectif de renforcer leurs capacités pour lutter contre l’impunité, juger les « grands chefs » des groupes armés et procéder à l’arrestation des fugitifs. On pense que grâce à ces chambres spécialisées mixtes au sein du système judiciaire congolais, les Congolais vont travailler avec des étrangers qui traiteront de crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide commis en RDC depuis deux décennies. Cependant, pour y arriver, il faut que le gouvernement élabore et adopte au conseil des ministres un projet de loi pour que celui-ci soit transmis au Parlement pour approbation.
Enfin, suivant de près le déroulement du procès « Colonel Mamadou Ndala », les Etats-Unis ont indiqué attendre le verdict prochain, ainsi que les conclusions de l’enquête qui vont identifier les responsables de la mort de cet « héros de guerre ».
Tshieke Bukasa