Les Djs, ces nouveaux leaders de la musique congolaise moderne

Vendredi 23 octobre 2015 - 10:38

Ils sont de plus en plus nombreux à s’affirmer sur la scène musicale congolaise. DJs, ce nouveau métier artistique en République Démocratique du Congo, a révolutionné le secteur culturel devenant ainsi l’un des plus prolifiques en termes de production sonore. Ce qui fait qu’ils produisent, proposent et vendent leurs sons aux autres musiciens.

Si hier, vers les années 90, les célèbres noms tels que Richard Kabala, MC Tshecksa, Djo K ont passé toute leur vie entre les murs de boîtes de nuit en train d’animer et de commenter des chants pour certains, d’autres par contre s’étant transformés en régisseurs dans les radios kinoises, actuellement cette tendance s’est vu développer pour devenir des artistes complets ; créateurs des sons, danseurs, chanteurs voire leaders de groupes.

A part les animations, la sélection de tubes et les dédicaces aux plus offrants, Dj Amaroula, Dj Abdoul, Dj Fantôme, Dj Kent, DJ 112, Dj Herady, Dj Flex, DJ C’est le Moment, DJ Benji, … ont transcendé les quatre murs de leurs night clubs respectifs pour présenter des spectacles dans de grands show et festivals avec une visibilité sans pareil dans les médias traditionnels et sociaux, proposant ensuite des clips vidéos où sons et danses sont mis en exergue, tintés parfois des textes qui laissent à désirer.

Passant aussi leur temps à consulter les sites internet et à télécharger des sons, vidéos- clips pour être à la page de l’actualité musicale mondiale, les Djs sont devenus des références en matière de promo des sons. Les musiciens du pays et ceux de l’étranger voulant conquérir Kinshasa et ses nuits passent chez eux pour acquérir une audience. C’est pourquoi, certains Congolais ont mis sur leurs épaules l’influence imposée des variétés nigérianes qui inondent le marché kinois.

Le Dj est un et multiple

Leurs avantages sur  Werrason, JB Mpiana, Papa Wemba, Nioka Longo, Felix Wazekwa… non seulement qu’ils naviguent sur plusieurs univers à la fois, mais également ils sont présents dans plusieurs rythmiques telles que; Coupé décalé, RNB, Ndombolo, Afro beat, traditionnel tout en fournissant des produits consommables au public divers.

Devenu un métier intégral, être un Dj est autant rentable qu’un artiste sur le podium. D’ailleurs, en 2014, l’artiste musicien Fally Ipupa a fait du DJ Virus son Dj officiel l’amenant au MAMA Awards en Afrique du sud, pour un show sans son F-Victeam.

Frappé d’embargo en Europe par les « combattants », Koffi Olomide aussi, n’a pas raté l’occasion de saisir la balle au bond. Mopao Mokonzi, qui multiplie des stratégies pour ne pas perdre son aura, s’est récemment substitué en Dj. Question de faire peau neuve aux yeux de ses mélomanes en affichant sur les banderoles dans la ville pour ses prochains concerts « DJ Mopao », « DJ Quadra ».

En plus, le « Quadrakoraman » recoure de temps en temps aux hommes de la platine pour lui confectionner des sons pour ses « intros ». Des titres comme « Eyadema », « On est tous ensemble », et aussi l’annonce afro-beat de son récent  « 13ème apôtre », illustrent bien cette nouvelle vague.

Il faut le noter que, les DJs congolais actuels ont refait surface grâce à l’attraction de leurs collègues ivoiriens. L’histoire renseigne qu’en Côte d’Ivoire, vers les années 2000, les Djs de là passaient leurs temps à mixer les chansons congolaises et celles des musiciens du pays des éléphants en y ajoutant quelques paroles. Ceci a fait d’eux des artistes musiciens à part entière, impactant toute l’Afrique subsaharienne, particulièrement le Congo. C’est cette touche de plus à la musique africaine qui a permis au style coupé décalé d’étouffer pendant un moment le « ndombolo »,  donnant de ce fait une place de choix aux Djs musiciens.

Les têtes d’affiches dans la jungle

« Dans la jungle, le lion est considéré comme roi », mais dans le domaine de Djs au Congo, il n’y a pas jusque-là un tout puissant. Chacun se bat pour gagner son pain.

Au-delà de cette réalité profonde, la saga offerte par des clips de chansons telles que ; « la banane » de DJ Amaroula et « Ma doda » de Dj Abdoul, a fait de ces derniers les têtes d’affiche d’un secteur en pleine propension dans tous les coins et recoins dans la capitale congolaise.

Non seulement leur mainmise se confirme par le nombre des marchés qu’ils ont par semaine ou par mois, mais également les deux noms sont à la base de plusieurs polémiques dans des « Parlement débout ».

A l’instar de Tabu Ley et Franco Luambo, de Tshala Mwana et Mbilia Bel, de Papa Wemba et Koffi Olomide, de JB Mpiana et Werrason, de Fally Ipupa et Ferre Gola, les deux Djs le savent et se titillent mutuellement dans leur mixtap. Dans les Night-club et les médias audiovisuels où ils prestent, les fans de l’un ou l’autre s’arrangent pour ne pas le fréquenter ni le suivre.

Voulant prendre le devant de la scène et se taper une suprématie, DJ Abdoul est allé plus loin pour proposer, lors de ses passages à la télévision, un regroupement de tous les hommes de platine pour pouvoir créer une plateforme afin de promouvoir les artistes musiciens congolais. Puisque, regrette-t-il, « ils sont reprochés de beaucoup plus faire la promotion des musiques étrangères et être à la base de dépravation de mœurs ». Appel qui n’a pas encore trouvé un écho favorable de ses pairs puisque dans ce secteur, tout le monde boude « tout le monde », comme qui dirait un artiste ivoirien dans « un Gaou à Paris » : « Chacun est dans son chacun ».

La relève et le droit d’auteur en question

Ses fréquentations et passages au Klubb, au Fiesta Club et présentement au K12 club ont rendu Dj Virus un bon concourant se taillant un chemin dans ce combat de caïmans faisant de lui un célèbre challenger.

Et une figure qui peut assurer la relève de cette génération des Djs, c’est DJ Kent. Vingtaine révolu, ce jeune homme mérite considération puisque Youssoupha lui jeté des fleurs pour l’avoir accompagné lors de sa prestation à la finale de la télé réalité Vodacom best of the best. Le lyriciste bantou a déclaré à l’un de ces proches que DJ Kent est une grande star de la platine, pourvu qu’il garde son sens du travail.

Chaque jour qui passe, la ville de Kinshasa connait une naissance d’un nouvel inventé de Dj. L’ère est venue où la Société Congolaise de Droits d’Auteurs et droits voisins (Socoda) intègre aussi cette nouvelle catégorie des artistes sur son listing pour que ses nouveaux créateurs des œuvres d’esprits bénéficient de leurs droits.

(Onassis Mutombo)