A l’heure du bilan, un regard rétrospectif sur le plan de la criminalité, montre qu’elle a été une année de grands braquages, des cambriolages et des vols à main armée. Principales victimes : les cambistes, les agences de banques commerciales, les agences de transfert des fonds, des motos et des véhicules. Outre des changeurs de monnaies abattus, on a enregistré des attaques orientées vers des policiers avec quelques morts. C’est l’année où les marginaux, particulièrement les kuluna, ont été plus actifs, semant la mort et la désolation sans états d’âme. Et malgré que la police a procédé à quelques opérations de ratissage, leur dangerosité est demeurée intacte.
A part quelques policiers agressés, ce sont des journalistes qui ont été la cible de ces malfaiteurs. Des termitières de ces délinquants se sont reconstituées, au point qu’ils s’étaient attaqués impunément aux postes de police, menaçant même les commandants qui oseraient se frotter à eux et tenteraient de les empêcher à poursuivre leurs sales besognes.
Voici un condensé de quelques grands braquages de cambistes et attaques de convois de fonds des banques. Car, en donner tout le relevé exigerait qu’on sacrifie une édition entière de 16 pages.
Dans la nuit du 19 au 20 avril 2014, le supermarché Kin-Mart est attaqué par une bande de malfaiteurs. Le vol visait les recettes réalisées par cette grande surface et que l’on devait aller déposer dans une banque de la place. Butin réalisé : 250.000 dollars, 2.435 Euros et 25 millions de FC.
Le 24 mai 2014, un véhicule de convoi des fonds venait d’embarquer les recettes de la Bralima à sa direction financière de l’avenue de Flambeau. Juste au sortir de l’usine, une fusillade éclate. Le chauffeur pris de panique, s’éclipse en même temps que les autres agents de convoyage. Les fonds changent de véhicule. Au loin, un policier tente de tirer en l’air pour effrayer les malfaiteurs et les décourager. Intrépides, les bandits arrachent son arme et disparaissent avec leur butin dont on ne connaîtra jamais le montant total.
Le 28 juillet 2014, la nuit, l’atmosphère est lourde. Sur la place de change Kanda-Kanda, le cambiste Tex Mukanda est resté presque seul à servir les derniers clients. Soudain, une voiture s’arrête quelques mètres plus loin et l’interpelle. Il accourt, croyant les servir et regagner son domicile après une journée de dur labeur. Des brigands débarquent de leur engin et tentent de lui arracher le sac contenant ses fonds. Pour mettre un terme à la résistance, le bandit à la gâchette facile va lui tirer quelques coups de balle. Tex Mukanda succombe de suite de ses blessures, avant d’atteindre un centre médical proche.
Les braqueurs de la Bralima vont se rabattre au dépôt central de la Midema à Kingabwa, au moment où les comptables venaient de faire les comptes des recettes de la veille. Des bandits font irruption, tirent des coups de feu en l’air et emportent les fonds à bord de leur véhicule. Des semaines plus tard, c’est le dépôt de Pain Victoire de Kingabwa qui est attaqué. Un étudiant a entendu des coups de feu. Curieux, il vient s’enquérir de l’incident. Les malfaiteurs le prennent pour un agent d’une société de gardiennage et lui tirent une balle. Le jeune homme meurt sur le champ.
Pour 2015 : renforcer la couverture sécuritaire par un déploiement massif
des policiers
Après Tex Mukanda, les changeurs de monnaie se sont retrouvés dans le collimateur des bandits. Les attaques se multiplient. «Mère Double» est visitée à trois reprises en 2014. D’abord sur avenue colonel Lukusa, et puis à son bureau de l’avenue Huileries, avant qu’ils échouent dans son agence de la Gombe.
Si «Mère Double» a eu la vie sauve, par contre, ce sont ses collègues qui connaîtront un sort plus cruel. Marthe Nsudila, cambiste au centre commercial Kitambo-Magasins, a été tuée dans la nuit du 8 août 2014 par des braqueurs qui l’avaient pourchassée jusque dans une pharmacie encore ouverte. On a tiré sur elle, avant de lui arracher son sac à main contenant ses fonds en devises et en monnaie locale. Après elle, deux autres cambistes seront abattus à Bandalungwa à deux mois d’intervalle. Lors du dernier safari, les braqueurs se sont dirigés à pied à Kintambo où ils vont tirer sur un policier en tenue assurant la garde d’une résidence, alors qu’il regagnait son poste après quelques achats dans une boutique des environs.
Les bandits semblent jouir d’une certaine impunité. Car, ils vont égrener des attaques les unes après les autres. Comme pour dérouter les policiers, le Couvent des Sœurs servantes de pauvres, quartier Mbenseke, Mont Ngafula, les Pères Franciscains de la Paroisse Marie Mère Rédempteur sont profanés, sinon pillés. Lors d’un second vol à main armée, un accrochage avec des patrouilleurs de la police, fera deux morts dans les rangs des bandits, Lema dia Lema Ludovic et son comparse Mbienga Iris.
Ce n’est pas tout. A part le vol des motos et des véhicules dont le taux a grimpé en flèche, les braqueurs se sont également tournés vers les coffres-forts des sociétés commerciales. Chez Africa Food, ce sont deux coffres-forts emportés par des bandits. Ils contenaient 7.000 dollars et des chéquiers de leurs banquiers. A Trans sous le vent, les coffres-forts logeaient 172.000 dollars et 100.000 FC.
Le Groupement de recherche et d’investigations a pu appréhender les braqueurs de la plupart des agences de transfert des fonds, des fourgons de convoyage des fonds des banques commerciales, et des entreprises privées. Les tueurs des cambistes ont même été présentés à l’opinion par le commandant de la ville.
A la lumière de ce bilan sécuritaire alarmant, les Kinois s’interrogent comment leur sécurité sera assurée en 2015. Pour certains, si le commissaire provincial ne revoit pas ses prévisions et la copie de ses méthodes de travail, il est fort à parier que les bandits ne baisseront pas les bras.
J.R.T.