Si 21 nouvelles provinces sont concernées par l'élection des gouverneurs fixée le 31 août, quatre scrutins attirent particulièrement l'attention : ceux qui concernent l'ex-Katanga, la région la plus riche de la RDC, dirigée jusqu'ici par Moïse Katumbi à qui l'on prête des ambitions présidentielles.
Au total, 21 nouvelles provinces sont nées de la « réorganisation territoriale » en cours en RDC. Un processus de découpage décrié par certains partis d’opposition et par des ONG de la société civile mais qui devient petit à petit une réalité. Le pays est passé de 11 à 26 provinces et la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a publié, le 23 juillet, un calendrier des élections concernant ces nouvelles entités.
Les candidats au mandat de gouverneur sont appelés à déposer leur dossier du 24 au 28 juillet 2015, avant le lancement de la campagne électorale prévu du 27 au 28 août auprès des assemblées provinciales. Le vote pour l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs interviendra le 31 août. La Ceni s’engage à publier les résultats provisoires le même jour.
Qui pour succéder à Moïse Katumbi ?
Pour ces scrutins à venir en RDC, tous les regards sont tournés vers le Katanga :Moïse Katumbi, le dernier gouverneur (2007-2015), ne souhaite pas se représenter dans l’une ou l’autre de quatre nouvelles entités (Tanganyika et Haut-Lomani dans le Nord, Lualaba et Haut-Katanga dans le Sud) qui seront issues de l’ex-province la plus riche du pays. À Lubumbashi fin mars, cet homme d’affaires très populaire à qui l’on prête des ambitions présidentielles, a même confié à Jeune Afrique qu’il « ne [comptait] pas imposer un dauphin » pour sa succession.
« Les 10 ministres provinciaux qui ont travaillé avec lui ainsi que les 10 autres membres de son cabinet ont été formés pour prendre le relais et poursuivre l’effort de reconstruction qu’il a enclenché durant son mandat », assure aujourd’hui l’un des conseillers de Moïse Katumbi. Mais avec le bras de fer qui oppose ce dernier et Joseph Kabila, pas sûr que le président laisse les rênes des quatre nouvelles « provincettes » issues de l’ex-Katanga aux « héritiers de Katumbi ».
Politiciens, élus que vous êtes, n’ayez peur de personne !
« Le président de la République cherche déjà à faire parachuter des hommes qui lui seront fidèles dans les quatre nouvelles provinces », dénonce un cadre de l’Union nationale des fédéralistes du Congo (Unafec, parti de la majorité au pouvoir, fer de lance des « frondeurs »). Abondant dans le même sens, Antoine Gabriel Kyungu wa Kumwanza, président de l’Assemblée nationale de l’ex-Katanga, a prévenu, le 22 juillet lors d’une « rencontre d’adieu » organisée par Moïse Katumbi, les députés provinciaux, électeurs de l’élection des gouverneurs : « Politiciens, élus que vous êtes, n’ayez peur de personne ! (…) On va tenter de vous intimider : [sachez que] vous ne dépendez de personne, vous dépendez du peuple ».
Kyungu wa Kumwanza a également fustigé les « primes » que des députés provinciaux sont allés percevoir dans le bureau de l’Agence nationale de renseignements (ANR). « Un député qu’on va payer dans un service de sécurité ! » s’est-il exclamé.
Bal des prétendants chez les Balubakat
Qu’à cela ne tienne, chez les Baluba du Katanga – les Balubakat, comme on les appelle habituellement, vivent dans la partie nord de l’ex-Katanga -, les prétendants aux postes de gouverneurs des futures provinces se bousculent déjà au portillon. Élu député national en 2011 pour la circonscription de Manono, son village d’origine, Zoé Kabila, le frère cadet du chef de l’État, se verrait bien gouverneur du Tanganyika. Tout comme Christian Mwando Nsimba, 50 ans, ministre provincial des Finances sous l’ère Katumbi.
Quelques Katangais membres du gouvernement central pourraient également être tentés de briguer un mandat à la tête d’un exécutif provincial, comme Aimé Ngoy Mukena, ministre de la Défense natif du Haut-Lomami, qui fut gouverneur du Katanga de 2001 à 2004, ou Félix Kabange Numbi, actuel ministre de la Santé après avoir été ministre provincial des Sports de 2010 à 2012.
Sans oublier l’ancien président de la Ceni, Daniel Ngoy Mulunda : lushois de naissance, ce pasteur méthodiste est proche des Kabila. Quant à l’influent Jean-Claude Masangu Mulungo, à défaut de se présenter lui-même (il serait intéressé plus par un mandat d’envergure nationale), il aura certainement un rôle de faiseur de rois dans le Nord-Katanga. Né à Likasi, cet économiste qui a dirigé la Banque centrale du Congo de 1997 à 2013 aura son mot à dire sur les candidats de la majorité.
Jeuneafrique.com/LP