#LeFigaro – Le 16 février, les opposants à Joseph Kabila ont organisé une opération «ville morte» à Kinshasa et Lubumbashi. Ils exigent que le président respecte son obligation constitutionnelle de quitter le pouvoir à l’issue de son second mandat.
Le rythme s'accélère dans le feuilleton politique qui se joue actuellement en République Démocratique du Congo.L'opposition politique et la société civile se mobilisent pour obliger le président Kabila à respecter ses obligations constitutionnelles.
Le 16 février 2016, à l'appel du leader de l'opposition Moïse Katumbi, ancien gouverneur de la province du Katanga, les mégapoles de Kinshasa et Lubumbashi ont été le théâtre d'une opération «ville morte», qui a littéralement vidé les rues. Cette méthode de protestation, qui équivaut à une grève générale où les gens ne sortent pas de chez eux, permet aux militants de l'Etat de droit d'échapper à une répression policière frontale.
Aux termes de la Constitution, que le peuple congolais a adoptée par referendum le 18 décembre 2005, et que Joseph Kabila a lui-même promulgué le 18 février 2006, le président, qui n'a droit qu'à deux mandats, devrait quitter le pouvoir en décembre 2016. Or il n'a toujours rien dit et rien ordonné pour la préparation du scrutin présidentiel qui, légalement, devrait se tenir le 27 novembre 2016.
Les acteurs politiques rappelés à l'ordre par la communauté internationale
Un communiqué officiel très ambigu a enflammé les esprits dans les «quartiers» de la capitale longeant le fleuve Zaïre, dans la nuit du jeudi au vendredi 19 février 2016. Corneille Nangaa, président de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) a déclaré qu'il était impossible d'organiser les élections avant d'avoir terminé la révision du fichier électoral. Selon lui, ce processus est impossible à finaliser avant le 30 septembre, délai constitutionnel pour la convocation de l'électorat. Il dit que la révision partielle du fichier électoral durerait 13 mois. Pourtant, l'OIF (Organisation internationale de la Francophonie), à la suite de sa mission en RDC, avait conclu en novembre 2015 qu'il était possible de «fiabiliser» le fichier dans un délai de trois mois. Le pouvoir utilise également l'argument du manque d'argent dans les caisses de l'Etat pour organiser un scrutin national au titre du budget de l'année 2016.
S'ajoutant aux doléances de la population, la communauté internationale a haussé le ton. Après des visites d'envoyés spéciaux peu fructueuses, différentes organisations internationales se sont résolues à réagir face à l'intensification de cette crise politique avec pour mot d'ordre: «Etat de droit, respect de la Constitution, élections tenues «aux bonnes dates»». À la suite de la journée «ville morte», l'Union Africaine, l'Union Européenne, les Nations-Unies et l'Organisation Internationale de la Francophonie ont rappelé leurs devoirs démocratiques aux différents acteurs politiques de la RDC. À Kinshasa les ambassadeurs des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la Belgique ont profité du dixième anniversaire de la Constitution pour rappeler la primauté de celle-ci sur toute autre considération politique.