De hauts responsables du Fonds international agricole (FIDA), du Programme alimentaire mondiale (PAM) et du Fonds pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO) ayant leur siège à Rome et intervenant dans le domaine de l’alimentation se sont réunis jeudi 6 mars afin de rappeler au monde que les agricultrices jouaient un rôle central dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle, indique un communiqué de FIDA.
Au cours de cette manifestation organisée à Rome, rapporte la même source, ces responsables de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), du Fonds international de développement agricole (FIDA) et du Programme alimentaire mondial (PAM) ont apporté des témoignages sur des interventions novatrices. En contribuant à autonomiser les femmes rurales, elles contribuaient aussi à renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Les participants ont souligné que l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes concouraient puissamment à la lutte contre la pauvreté rurale.
En outre, la manifestation de cette année marque le 20ème anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, une conférence historique tenue à Beijing en 1995.
FEMINISATION DE L’AGRICULTURE
Le Président du FIDA, Kanayo F. Nwanze, a notamment souligné que, dans les pays en développement, les hommes migraient vers les centres urbains ou bien se tournaient vers un travail mieux rémunéré si bien que l’on assistait à une "féminisation de l’agriculture" puisque, aujourd’hui, environ la moitié de la main-d’œuvre agricole mondiale était constituée de femmes.
Avant d’ajouter : "Les femmes sont la cheville ouvrière des sociétés rurales, elles produisent et transforment les aliments, et veillent à l’alimentation et la nutrition de leur famille. Trop souvent, les femmes rurales sont chargées des tâches les plus pénibles. Pour améliorer le statut social et économique des femmes, il faut que l’on reconnaisse le rôle essentiel qu’elles jouent dans l’économie rurale. Il faut qu’elles puissent participer, améliorer leurs compétences, accéder aux moyens de production et être associées à la production et à la commercialisation agricole. Unissons nos forces pour donner aux femmes le pouvoir d’assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Dans leur intérêt et dans celui de leurs familles et de leurs communautés."
De son côté, la Directrice générale du PAM Ertharin Cousin, a présenté l’initiative novatrice "Achats au service du progrès" (P4P), qui relie les petits exploitants aux marchés et qui, en l’espace de cinq ans, a permis de tripler la participation des femmes aux organisations paysannes soutenues par cette initiative dans 20 pays.
"Fort de son poids sur le marché, le PAM a directement amélioré les conditions de vie de 300 000 femmes, a expliqué Mme Cousin. En achetant des cultures traditionnellement produites par les femmes, notamment les haricots et le soja, le PAM a montré que les femmes rurales jouaient un rôle essentiel dans l’entreprise mondiale à laquelle nous nous sommes tous attelés : parvenir à la Faim zéro. Si fructueux que soit ce programme, nous devons transposer à plus grande échelle les enseignements qui en ont été tirés afin d’offrir davantage de perspectives à encore plus de femmes", a fait savoir la Directrice générale du PAM.
La Directrice du Bureau des partenariats, des activités de plaidoyer et du renforcement des capacités à la FAO Marcela Villarreal, a souligné que, globalement, la sécurité alimentaire progresserait considérablement si les femmes pouvaient bénéficier des mêmes possibilités que les hommes.
S’agissant en particulier des femmes rurales, elle a tiré la sonnette d’alarme. "Des progrès sensibles ont été accomplis depuis la conférence de Beijing du point de vue de l’amélioration des conditions de vie des femmes, mais nous sommes préoccupés par le fait que, selon tous les indicateurs de développement, les femmes rurales restent à la traîne - à la fois derrière les hommes ruraux et derrière les femmes résidant en milieu urbain", a déclaré Mme Villarreal. "Au cours des 20 ans écoulés depuis cette conférence, nous n’avons pas fait suffisamment pour ce groupe de femmes qui jouent un rôle important en tant que dispensatrices d’aliments, et il nous faut redoubler d’efforts afin qu’elles puissent libérer tout leur potentiel."
Selon elle, les femmes rurales ont généralement plus de difficultés que les hommes à accéder aux ressources et aux services productifs. Cet écart coûte cher aux sociétés en production agricole, sécurité alimentaire et croissance économique perdues.
Par ailleurs, les manifestations qui émailleront l’année pour marquer Beijing+20 donneront aux organisations des Nations Unies ayant leur siège à Rome, à la communauté internationale dans son ensemble et aux gouvernements nationaux l’occasion de se pencher sur les progrès accomplis, d’attirer l’attention sur les lacunes à combler et de renouveler leurs engagements en faveur de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes. En dépit de l’accord historique du Programme d’action de Beijing, qui a été signé par 189 gouvernements en 1995, aucun pays au monde n’est encore parvenu à instaurer l’égalité entre les sexes. L’écart de rémunération entre hommes et femmes n’est qu’un exemple d’inégalité qui touche les femmes dans le monde entier.A.L